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Editorial

Ravalomanana a-t-il intérêt à adhérer au « Ni...ni » ?

lundi 17 septembre 2012 | Anthony Ramarolahihaingonirainy

Les articles publiés dans ces colonnes ces derniers jours répondent en fait à cette question. Quelle est l’utilité de répondre à une telle question diraient certains ? La réponse est simple. Parce que l’adhésion de l’Ex- à cette proposition permettrait de faire une avancée significative dans le processus de négociation engagé actuellement en vue de la sortie de crise (envisager une Convention du 31 octobre bis). En rappel, sortie de la concertation menée par la CI avec les parties prenantes dans l’actuelle crise, ladite proposition a été mise sur la table de négociation lors des énièmes rencontres de la dernière chance tenues récemment entre les deux principaux protagonistes aux Seychelles et au Mozambique. À son retour de Maputo, le Futur Ex- affirmait qu’il était prêt à donner son accord contrairement à l’Ex- qui n’y souscrivait pas. Des négociations pour une redéfinition d’une transition plus inclusive et consensuelle, un appui technique et financier pour les élections, en d’autres termes, des prémices à des solutions concrètes de sortie de crise et un début de reconnaissance internationale étaient pourtant à portée de main. Il suffisait juste de l’accord des deux parties sur la proposition.

On ne reviendra plus sur tout ce qui a été déjà dit. En résumé, disons juste que dans « Échec de Maputo ou l’incroyable hara kiri politique de l’Ex- », , dans « Présidentielle contestée, vengeance à redouter…Y a-t-il une place pour les vrais intérêts du petit peuple ? » et dans « Sortie de crise : L’hypothèse d’un « Ni Ravalomanana, ni Rajoelina »... unilatéral ! » , votre humble serviteur a essayé d’analyser la situation socio-politique actuelle de l’Île, les positions des deux principaux protagonistes et ce que chacun peut espérer du processus actuel de recherche de sortie de crise, en apportant notamment les hypothèses et les schémas possibles à l’orée des théories de science politique et de sciences juridiques suivant les données tirées des crises précédentes et de certains traits culturels et socio-historiques du pays. Et notre constat est clair : le camp de l’Ex- et les Malgaches dans leur ensemble risqueraient d’être les grands perdants à court, moyen et long terme de l’insistance de l’Ex- à refuser le « Ni…ni ». Ce ne sont surtout pas ceux qui sont au pouvoir actuellement qui sont à plaindre dans ce refus qui signifie pour eux prolongement de la Transition (du festin pour certains), carte blanche pour tout décider de manière unilatérale et subsidiairement une possibilité de longévité politique inespérée.

L’éditorial d’aujourd’hui fera office de léger récapitulatif.

Quelqu’un se soucie-t-il du peuple ?

Les probabilités avoisinent 100% que la prochaine présidentielle se soldera par d’inévitables contestations post-électorales sinon ouvrira une terrible période de vengeance en cas de participation des deux principaux antagonistes. L’affirmatif est de mise car c’est tellement prévisible. Les raisons ont été avancées dans « Présidentielle contestée, vengeance à redouter… Y a-t-il une place pour les vrais intérêts du petit peuple ? ». Est-ce que ce sont ce que les Malgaches attendent de la présidentielle de 2013 ? Est-ce que ce sont ce qu’ils méritent ? La réponse à ces deux questions est invariablement NON !

Le camp de l’Ex- risquerait de tout perdre.

La raison demeure simple. L’autre camp dispose d’un plan B voir même un plan C contrairement au camp de l’Ex- et surtout il peut les mettre en pratique car il en a les moyens : le pouvoir de décision et la terreur des bidasses.

À défaut de pouvoir imposer quoi que ce soit, en refusant de négocier ou du moins en insistant sur des intérêts diamétralement opposés à ceux des gens qui ont le pouvoir de décider, la mouvance glisse lentement mais sûrement en dehors du processus, si ce n’est vers une figuration symbolique qui n’a d’utilité que de cautionner tous les agissements du régime. D’une part, les multiples défections des supporters des premiers jours au fur et à mesure que la transition avance confirment nos mises en garde dans « Échec de Maputo ou l’incroyable hara kiri politique de l’Ex- » selon quoi rester trop longtemps à l’écart du pouvoir n’est pas très conseillé chez nous. Mêmes les plus fidèles des fidèles finiraient par flirter de près ou de loin avec le pouvoir pour ramasser les miettes. Pour le moment, faire de la politique demeure synonyme de siège et de belle vie pour la plupart des politiciens Gasy. D’autre part, en cas de choix pour le refus du « Ni…ni », le camp de l’Ex- peut faire le deuil de la présidentielle de 2013, de celle de 2018 et même au-delà si jamais le camp d’en face décide de passer au « Ni…ni » unilatéral tel qu’exposé dans un éditorial précédent, mais également des autres élections (législatives, communales) car avec les textes électoraux taillés sur mesures, les fraudes, les intimidations etc. les chances d’un parti en dehors du pouvoir restent minimes. La fidélité des supporteurs serait mise à rude épreuve.

À ne jamais oublier qu’il y a l’idéal : l’exécution intégrale des dispositions de la Feuille de Route. Mais personne ne peut nier une réalité qui est que l’exécution en question dépend du bon vouloir de ceux qui sont au pouvoir. Le nier serait de la pure inconscience car c’est un fait. Nous sommes tous témoins. Ne serait-il pas alors plus avisé de négocier avec ?

Prolongement du festin

Certains du camp du Futur Ex- ne peuvent qu’être ravis de l’obstination du camp d’en face. Le festin se prolonge. Quelques membres des groupuscules ou certaines personnalités le constituant n’ont ou ne sont rien sans leur inféodation au Futur Ex- et la prolongation à l’infini de la transition. L’Ex- dans son refus fait malgré lui le jeu de tout ce beau monde. Que la situation reste dans la configuration actuelle ou que l’Ex- continue de refuser d’adhérer au « Ni…ni », ils jubileront toujours car ils trouvent déjà leur compte dans le statu quo. Par ailleurs, le pouvoir dispose d’un plan B, le « Ni…ni » unilatéral et même un plan C, c’est-à-dire, le retour intégral à une transition unilatérale dans la lignée de celle pratiquée avant la signature de la Feuille de Route. On ne va plus discuter des désastres qu’un tel retour en arrière pourrait amener à la Grande Ile mais toujours est-il que cela reste une hypothèse à ne pas écarter. La ligne pure et dure du camp du Futur Ex- y aspire en tout cas.

Une mise en garde a été émise également quant à la réserve à prendre, relativement à l’interprétation de la réélection de l’Ex- en tant que vice-président du FJKM pour qu’une telle réélection ne galvanise à tort les plus fervents supporteurs de l’Ex- dont certains trouvent là une preuve infaillible de la popularité de leur leader et d’une chance certaine lors de la prochaine présidentielle pour le pousser à refuser tout compromis.

La non-participation des deux principaux protagonistes et des deux autres anciens présidents sollicitée

Ceci dit, nous invitons l’Ex-, le Futur Ex-, toutes les parties prenantes à ne pas sous-estimer les analyses, explications, hypothèses, propositions rapportées dans la série d’articles citée au début de ce papier. Quelques passages de leurs contenus si minimes soient-ils pourraient leur être utiles tout au long des discussions jusqu’à l’arrivée de la date butoir fixée par la SADC (dommage d’ailleurs que faute d’avoir su nous arranger entre nous nous sommes obligés à faire appel à nos voisins Africains !). À retenir qu’après une discussion objective, franche, dépassionnée et sans parti pris nous sommes parvenus à la conclusion que la non-participation des deux principaux protagonistes et des deux autres anciens présidents à la prochaine présidentielle serait la solution la moins risquée pour une situation post-électorale sans heurt ouvrant la voie à une refondation de la république et à un renouvellement de la classe politique si toutes les parties concernées aspirent réellement à un avenir sans crises cycliques. La conclusion n’est pas nouvelle. Plusieurs analystes l’ont déjà proposée avant nous. Les chemins empruntés, les explications, les illustrations fournies sont toutefois différents. Nous faisons appel pour ce faire au bon sens et au patriotisme de chacun des quatre.

Les brefs exposés présentés ici ont suscité de vifs débats. Nous assumons entièrement toutefois nos analyses, hypothèses et propositions. Einstein ne disait-il pas que ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir ? Nous sommes convaincus que l’immobilisme est pire que tous les propos musclés tenus par certains pour rabaisser nos écrits à de simples louanges partisannes en faveur ou au détriment d’Untel. Loin de se considérer comme le plus illuminé de tous, n’ayant nullement la prétention d’avoir le monopole des savoirs, nous avons proposé en toute humilité ces quelques lignes pour que nos politiciens puissent s’en inspirer dans leurs prochaines prises de décisions. Le tout dans la pure tradition malgache consacrée par quelques adages anciens dont « Trafon-kena ome-mahery, am-bava homana am-po mieritreritra », « Voankazo an’ala io, ny mamy atelemo ny mangidy aloavy », ary « atsipy ny tady eny an-trandroky ny omby, atsipy ny teny eny am-pon’ny mahalala »... Raiso tompoko izay hitanareo fa mety fa avereno aminay kosa izay tsy mety anareo.

Ny adidy tsy an’olon-dratsy.

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