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Editorial

Échec de Maputo ou l’incroyable hara kiri politique de l’Ex-

mercredi 22 août 2012 | Anthony Ramarolahihaingonirainy

La politique est un jeu chronique d’influence et de rapport de force. Dans un éditorial précédent, j’interpellais le camp de l’Ex- sur la logique selon laquelle celui qui n’est pas en position de force dans une négociation ne devrait pas être trop exigeant au risque d’affronter seulement un refus et perdre la face. Cette perte ferait encore plus mal que toute autre chose à l’Ex-, connaissant son égo surdimensionné. L’intransigeance ne mène à rien dans son cas car il n’a pas les moyens d’un plan B, c’est-à-dire, un passage… en force (armée ?), celle qui manque justement à sa mouvance contrairement au camp d’en face qui bénéficie encore du moins pour l’instant de l’appui des bidasses (Dieu seul sait pour combien de temps ?).

100%, 50-50 ou…tout perdre.

L’Ex- pouvait théoriquement envisager deux possibilités lors de la rencontre de Maputo. Négocier l’application intégrale de l’article 20 (sans l’article 45) pour pouvoir rentrer, bénéficier d’une amnistie et participer à la prochaine présidentielle (100%). L’observateur averti saurait qu’un tel schéma serait improbable pour ne pas dire impossible dans le contexte actuel. Le rapport de force actuel défend à l’Ex- de fantasmer sur une telle issue idyllique. À défaut d’élection, le camp qui dispose de l’armée est celui qui est normalement considéré comme étant en position de force. La seconde possibilité était l’acceptation du « ni…ni… ». Sans oublier néanmoins de négocier l’arrêt de toute poursuite, la prise de mesures d’apaisement et de pardon (amnisties, élargissement des détenus politiques et … de beaucoup de militaires. Tiens ! Tiens !) et surtout une participation élargie de la mouvance dans l’actuelle transition afin de préserver toute chance de pouvoir se présenter et éventuellement revenir aux commandes dans 5 ans. Une solution moitié échec, mais surtout moitié réussite, c’est selon (50-50). Avoir les mains libres, le casier vierge et pouvoir se présenter à la présidentielle 2018 ne sont-ils pas des avancées inespérées dans son cas, quitte à sacrifier l’échéance de 2013 ? Aleo mihinan-kely toa zay mandry fotsy.

L’Ex- a choisi la première. On le sait. Mais au lieu des 100% il risque bien de tout perdre. Il a raté une nouvelle fois l’occasion de prendre le train (TGV ?) en marche. Ce dernier ne l’attendra certainement pas. Il a joué en tout cas le jeu de la ligne pure et dure du camp d’en face, de ceux qui ne jurent depuis le début que sur le partage « unilatéral » du gâteau. Ceux-là même qui font tout pour éviter toute négociation avec l’Ex- ou du moins prient pour l’échec de celles qui sont programmées et qui tremblent à l’évocation du « ni…ni… ». Car la non-candidature du Futur Ex- mènerait en effet à une guerre des chefs inévitable faute de dauphin accepté par tous. Certains perdraient certainement leurs gamelles si tel était le cas. L’Ex- a dores et déjà perdu la présidentielle de 2013 et celle de 2018 aussi si tant est qu’aucune crise ne survienne entre temps, si rien ne sera fait dans les prochains jours faute de casier judiciaire vierge et… de supporteurs.

« Ni…ni… » salutaire.

Pour garder ses supporteurs et une moindre chance lors de la présidentielle de 2018, l’Ex- n’a d’autre choix que d’accepter le « Ni…ni… » assorti des mesures d’accompagnement relatées plus haut (50-50). La large participation de sa mouvance dans les organes de la transition lui sera salutaire. Il faut se rendre à l’évidence. 99,99% des politiciens malgaches pour ne pas dire 100% font de la politique pour avoir (malheureusement) un siège (seza) quelque part. Une telle participation permettrait à l’Ex- de retenir sous son giron une bonne partie de ses supporteurs. Il a besoin de ces derniers pour les prochains combats autant que ces derniers ont besoin de lui. Sans l’étiquette « mouvance Ravalomanana » en effet, certains d’entre eux n’ont ou ne sont rien.

Les pratiques politiciennes malgaches (ne parlons même pas de pratiques politiques) où l’opportunisme est érigé en dogme nous enseignent que rester trop longtemps à l’écart du pouvoir n’est pas très conseillé à Madagascar. Le Mafana (MFM) en sait quelque chose. Avec la ferveur de 1972, le parti aurait pu accéder facilement au pouvoir plus tard mais c’était sans compter sur la trop longue traversée du désert durant le long « règne » de Ratsiraka et le faux pas de 1991 lorsque les ténors du parti claquaient la porte du Herivelona Rasalama pour constituer le Herivelon’i Madagasikara, confirmant définitivement leur réputation d’éternels opposants. Le premier recueillait en effet le plus gros morceau au terme du mouvement et le Mafana, pourtant grand initiateur du mouvement, ne jouissait que des miettes. Résultat ? Après plusieurs décennies d’errance dans l’opposition, la base, lassée de bouillir toutes les soupes depuis 1972 pour ne pas en goûter finalement retournait petit à petit la veste. En trois décennies de « lutte », le MFM se vidait de ses supporteurs ; sinon comment expliquer les débâcles électorales de la seconde législature de la 3ème république durant laquelle le Président fondateur ne réussissait même pas à rempiler dans son « petit » fief de Manandriana ou encore le score dramatique du MFM lors de la présidentielle de 2002 ? Pourtant, fidèles, zélés et fortement endoctrinés, les militants étaient quasiment de toutes les affaires bouillantes d’où leur surnom de Mafana. Comble de l’ironie, le Président fondateur en question n’est autre que … Manandafy, l’un des plus proches conseillers actuels de l’Ex-. Ragasy ne tire pas des leçons des erreurs du passé dites-vous ? À vous d’en juger !

Le camp du Futur Ex- ne devrait pas pour autant se réjouir d’avance

Dans le camp du pouvoir, ne pas se réjouir du tout serait le plus décent, vu la paupérisation ambiante. C’est vrai que le rapport de force actuel est en leur faveur. Oui, dans l’immédiat voire dans un futur proche, l’Ex- n’arrivera peut-être pas à inverser la situation. Oui, pour l’instant, le cavalier seul semble marcher si on fait fi de la grogne qui envahit plusieurs milieux. Mais jusqu’à quand ? Ayons un minimum d’honnêteté intellectuelle pour reconnaitre que l’ombre de l’Ex- planera toujours au dessus de la transition tant que des solutions adéquates ne seront prises. N’oublions pas que le rapport de force peut changer en un clin d’œil. Il suffit qu’une frange de l’armée ne soit pas satisfaite de quelque chose et bonjour mutinerie ! Le Capsat a donné un joli précédent. Rien n’est acquis. (voir à ce sujet « Autour de la rencontre prochaine entre l’Ex- et le Futur Ex- »). N’oublions pas que plusieurs officiers ayant tenu de hautes responsabilités ou promus par l’Ex- malgré leur mutisme actuel n’ont pas dit leurs derniers mots non plus. N’oublions pas que le danger peut venir du camp de l’Ex- mais aussi et surtout des Malgaches désabusés que le chômage, l’insécurité, voir la faim n’épargnent plus ces temps-ci. Je rappelle toujours qu’il ne faut pas voir de simples manipulations politiques dans les revendications des milieux syndicaux divers. Ce serait insulter l’intelligence de nos élites que de les considérer comme de vulgaires marionnettes manipulables.

Le « ni…ni… » rejeté par l’Ex- est dores et déjà retiré de la table de négociation selon le Futur Ex- lors de sa récente conférence de presse. Félicitons-le d’abord de sa déclaration assumée publiquement qu’il était d’accord. C’est déjà un pas en avant pour la réussite des négociations futures. Espérons qu’il reconsidérera sa position dans les prochains jours et que l’Ex- ait de son côté la sagesse d’adhérer à cette prémisse de solution.

Masina ny Tanindrazana !

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