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jeudi 28 mars 2024
Antananarivo | 14h01
 

Editorial

Crise politique

Un profond changement

vendredi 6 février 2009 | Patrick A., Valis

A quelque chose, malheur est bon dit-on. Cet adage est en train d’être vérifié par le cours des événements politiques et sociaux dans le pays depuis mi-décembre 2008.

Qui aurait pu imaginer que ce peuple si attaché aux traditions et si paternaliste, porte un jour un jeune à la tête d’un mouvement populaire ? Un « boay kely » ou un jeunot en quelque sorte, qui tient tête aux « raiamandreny » de toutes les catégories. Les parents dans la grande famille de l’Est d’Antananarivo n’ont pu « corriger » ce « boay kely ».

Les religieux, catholiques ou protestants ou issus des « sectes » n’y ont vu que du feu dans leurs tentatives respectives pour « remettre le jeunot dans le droit chemin » ; plus qu’un entêté dit-on. Qu’ils soient des religieux ou qu’ils soient de la société civile ou qu’ils soient de la communauté internationale, tous sont rentrés bredouille. L’autorité morale des « raiamandreny » s’est plantée devant la fougue et l’idéalisme de la jeunesse personnalisée par le « boay kely ».

L’éducation : aux parents !

Y a-t-il risque de dégradation plus grave encore de la société malgache s’inquiète-t-on alors dans les chaumières ? Déjà que l’esprit de solidarité dans la grande famille est imperceptible sauf lors des grandes occasions. Et que la famille est aujourd’hui réduite à la famille nucléaire, au foyer. L’autorité parentale ne court-elle pas le risque d’être démantelée ? Le risque existe sinon l’église catholique ne se serait pas penchée ces temps-ci sur la force de l’éducation dans la famille. Cette éducation relève en premier et surtout des parents qui ne doivent pas se contenter de l’école et se fier aux seuls maîtres et maîtresses, professeurs ou autres pour élever leurs enfants.

Le risque à courir

Toujours est-il que dans cette « révolte » et cette fronde du « boay kely », les parents et surtout les « raiamandreny » dirigeants étatiques et la communauté internationale ne sont pas exempts de reproches. Ils n’ont pas su lire la réalité vécue par le peuple. Ils n’ont pas su ou pas voulu décrypter les comportements ni identifier les problèmes et aspirations profondes véhiculées par les médias.

Se croyant tout permis parce qu’ils sont des « raiamandreny », ils décident à la place des « enfants » sans avoir au préalable discuté avec ceux-ci. Car finalement cette autorité des « raiamandreny » a-t-elle le moindre sens sans le consentement de leurs enfants ?

Bref, le cours des événements démontre qu’il faut écouter, se plier à l’écoute, discuter et trouver des solutions avec cette jeunesse et cette population ou cette frange de population représentée par le « boay kely ». Car il faut reconnaître qu’avec le tapage médiatique et le marketing qui entoure ce « boay kely », une tendance à l’idolâtrie et au culte de cette désormais personnalité est en cours.

Heureusement, dans cette crise d’adolescence, les perspectives de dialogue ne sont pas complètement coupées. En déposant deux recours auprès du Conseil d’État, comme nous le pressentions hier, Andry Rajoelina reconnaît que la légalité a encore du sens. Et l’arrivée annoncée d’émissaires de l’ONU et de la SADC laisse penser que la journée d’aujourd’hui offre une opportunité de dialogue serein, avant les risques de surenchère des foules du Samedi. Avec ou sans Rossy à l’animation.

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