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Editorial

Petites différences entre Sarko et « O »

mercredi 15 juillet 2009 |  2829 visites  | Patrick A.

On pourrait imaginer que Nicolas Sarkozy ne s’est pas intéressé aux échos de l’allocution de Barack Obama de Samedi dernier, tout occupé qu’il était en ce week-end à s’occuper de préparer les festivités du 14 juillet. Mais on ne croit pas à un tel scénario plus de quelques secondes, tellement le Président français semble hyperactif et préoccupé de son image comparée à celle des autres grands de ce monde.

Et l’ego de « Sarko » a dû souffrir. Car qu’a dit Obama ? Que l’Afrique devait cesser de chercher des boucs émissaires, qu’elle ne pouvait se contenter d’attribuer ses problèmes à la colonisation, car elle y avait une importante part de responsabilité, notamment sur les sujets de la corruption, du népotisme et du tribalisme. Que le sort de l’Afrique était essentiellement entre ses mains, et notamment celles de sa jeunesse. Et que les USA la soutiendront, si et seulement si cela conforte son engagement sur la bonne voie.

Message « direct et franc » comme on dit en langage diplomatique pour faire comprendre que les interlocuteurs ont exhibé leurs biceps. Et pourtant, message très largement acclamé sur le continent, alors qu’il y a deux ans, un message pourtant similaire délivré par Nicolas Sarkozy avait engendré une levée de boucliers.

Il faut dire que ce discours a été d’abord remarqué à cause d’une énormité qu’il contenait : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.  »

« Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.  »

« Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance.  »

Autrement dit, en caricaturant à peine, « votre nature profonde est celle de doux rêveurs qui ne voulez rien changer ». Et comme ce morceau de bravoure intervenait après tout un passage sur la colonisation, certains n’ont pu s’empêcher de lire dans la pensée de Sarkozy et de son conseiller Henri Guaino : « heureusement qu’on est venu pour vous sortir de votre immobilité ».

Passé colonial mal assumé

Indubitablement, la France souffre encore en Afrique d’être une ancienne puissance coloniale. Obama a pu parler essentiellement d’avenir. Sarkozy, tout en se défendant de parler du passé, a quand même été obligé d’y consacrer une bonne partie de son discours.

Mais surtout, la France souffre de ne pas arriver, même au XXIe siècle, à complètement assumer son passé colonial. Si les USA ont la chance de n’avoir jamais prétendu avoir une mission salvatrice et civilisatrice en Afrique, ils n’ont pas non plus été tentés d’écrire, il y a à peine quelques années, une loi introduisant dans les programmes scolaires une sensibilisation aux cotés positifs de la colonisation. L’Amérique paraît aux yeux des Africains bien plus décomplexée que les puissances européennes : pendant que Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse d’adjurer la France de sortir d’une attitude de repentance dans laquelle l’avait engagée Jacques Chirac, le Sénat des États-Unis a présenté le mois dernier, « au nom du peuple américain », des excuses pour l’esclavage et la ségrégation raciale envers les Noirs américains.

Le fait que Barack Obama ne soit pas perçu comme un insupportable donneur de leçon ne s’explique donc pas uniquement par le fait qu’il a les apparences d’un fils de l’Afrique et que les membres du Peace Corps sont prompts à apprendre la langue malgache, plutôt que de se contenter d’imaginer que tous leurs interlocuteurs baragouineront suffisamment l’anglais. Il tient surtout à toute une masse de non-dits entre l’Europe et l’Afrique qui restent à évacuer.

Et le Malgache de se dire, alors que le futur ambassadeur de France vante les vertus de la vérité et de la réconciliation, que sur certains chapitres de l’Histoire récente, celles-ci doivent encore passer.

Immigration subie

La France et l’Europe paient également au prix fort de ne plus être perçues comme des pays ouverts. Alors que les USA sont fiers de leur tradition de melting-pot et voient toujours en l’immigration une richesse [1], l’Europe devient une forteresse. Certes, les États-Unis régulent l’immigration sud-américaine, mais les guichets de l’immigration, perçue comme moyen d’introduire dans la société diversité et innovation, y restent largement ouverts.

Alors que Nicolas Sarkozy est l’instigateur d’un Ministère de l’immigration et de l’identité nationale et semble avoir choisi d’être le Président des centres de rétention et des charters vers le Mali [2], Barack Obama arrive, aux yeux d’une Afrique qui a le sentiment d’être le cousin pauvre qu’on hésite à inviter aux mariages, à être bien plus crédible pour dire : « je ne considère pas les pays et les peuples d’Afrique comme un monde à part ; je considère l’Afrique comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un partenaire des États-Unis en faveur de l’avenir que nous souhaitons pour tous nos enfants. »

Notes

[1Ce sont principalement les noirs américains qui ont relevé que Barack Obama était un fils d’émigré, et non pas un Africain Américain « de souche ». À noter qu’avec la Constitution malgache actuelle, une personne dans sa situation n’aurait même pas pu imaginer se présenter à nos élections présidentielles... Quant à obtenir des voix...

[2Nicolas Sarkozy qui est resté dans l’âme ministre de l’intérieur, mais doit aussi rendre compte de la balance commerciale française, sait-il combien il est plus simple et plus agréable pour un malgache ou un malien de demander un visa pour New Delhi, Beijing, Bangkok que pour Paris ?

19 commentaires

Vos commentaires

  • 15 juillet 2009 à 06:38 | Lili (#1062)

    Tribune Libre a disparu de la page d’accueil alors je mets le lien ici pour qu’elle reste visible http://www.madagascar-tribune.com/Madagate-NewsPress-TV5,12289.html

    • 15 juillet 2009 à 16:20 | Noue (#2427) répond à Lili

      Deux personnes très différentes.

      Sarko=françafrique à fric

    • 15 juillet 2009 à 19:18 | rabri (#2507) répond à Noue

      Obama : tout beau, tout neuf, sa femme est comme-ci, son chien est comme çà .... mais WAIT AND SEE !!!!!

      Comme je disais souvent, nous en 1975, on avait un certain Didier R., très éloquent, « très brillant ». Pompidou disait même de lui quand il était encore ministre des affaires étrangères du gouvernement Ramanantsoa que s’il était français, il lui aurait fait son Premier Ministre. Regardez ce qu’on en a récolté !!!!!!!!!!!

      Quant à Mr O., le sondage montre que la côte de popularité s’effrite déjà : 61% actuellement contre 71% au tout début. Wait and see !!!!!!!!!

  • 15 juillet 2009 à 07:38 | hafatra (#1895)

    Moramora kokoa ho an’Ingahy O. ny manome ny heviny malalaka sy mivantana ary tsy misorona mikasika ny zava-misy aty afrika.Tsy mahagaga fa « zanaka an-trano ».
    Saika mba te-hanova ny zotran’ny tantara koa Rasarko saingy sarotra ho azy ny manao izany no ireto antony ireto :
    Ny lasa izay mbola hita taratra ombieny ombieny.
    Ny fifandraisana hafahafa antsoina hoe « france-afrika ».
    Ny fanambonian-tena diso tafaohatra tia mizara lesona isaky ny kihon-dalana izay aretina tsy afaka amin’ny frantsay rehetra.

    Mitodika any amin’i Obama daholo ny fijerin’izao tontolo izao noho ny raharaha isan-karazany : teo-karena, fifandraisana iraisam-pirenena, Iraq, Afganistan....eny fa na hatramin’ny raharaha afrikana(toerana voatokana ho an’ny frantsay) aza dia lasany daholo .
    Ny faniriana dia enga hitondra fanavaozana tena izy aty afrika tokoa ny lesona nomen’i Profesora Obama( efa nampianatra lalána koa izy taloha).

  • 15 juillet 2009 à 08:46 | jane d (#2353)

    France and the US : two superpowers, two worlds apart seeking the cherry on the cake.

    The first has a hard time to let go of its past, the second never looks back ;
    the first looks down on the second, the second can’t stand the first ;
    the first prefers style, the second prefers comfort ;
    the first prefers it subdued, the second prefers it glittery ;
    the first prefers ‘smelly’ cheese, the second prefers ... American cheese.

    But the first and the second are both loud tourists ;
    the first and the second are competing for the cherry on the cake, and for that matter ;
    the first and the second will naturally fight for the cherry on the cake.

    In the meanwhile, China is sneaking in through the back door, resolutely and inconspicuously.

    That being said, I am grateful for what the French and the American have given me as an individual.

    • 15 juillet 2009 à 11:16 | rota rakotomalala (#2628) répond à jane d

    • 15 juillet 2009 à 11:35 | meloky (#637) répond à jane d

      I am sorry to understand on your affirmative sentences about your admiration to those two countries ; for what they did for you (what a selfish statement). Look critically what deliberately doing when your country has faced serious situations before appreciate on what you personally obtained. Think through and do not fast proclaim otherwise you be classified in whatever grp !!!
      The thing is what they have done to offer way out from the crisis. If they look at Malagasy at only the face of top political leaders who in most of the time did not think through the majority of the population, then they are both slack of good name. But if their decisions seek for the benefit of us Malagasy and balance their view, not to put their greedy hands on us, then they deserve thanks. Nevertheless, as you can see if not as crystal clear the tendencies of the French policy in Africa remains questionable to their past. Therefore, they have to learn the new wave view of the New American president : Please, review his first visit to Ghana. Because, parroting and boasting could not help Africa while lagged behind in most of development criteria and left at the bottom of the rank as usual.
      We African and Malagasy in particular have to put up good governance, get rid of power-grab-attitudes and all sorts of self-initiatives to change before anythings, if we really want to have good start in every arena of life ! Taking best uses of this current situation, Yes we can.

    • 15 juillet 2009 à 14:09 | maminah (#2788) répond à rota rakotomalala

      Dans la même veine, je vous enverrais une photo de Schwarzie Le Gouvernator en train de reluquer songeusement le popotin d’une honnête mère de famille en bikini sur la plage. Mais ça date, à l’époque où il venait d’être élu gouverneur de Californie. Que voulez-vous ? ce ne sont pas encore des dieux...

    • 15 juillet 2009 à 22:39 | jane d (#2353) répond à meloky

      Meloky,

      I am not sure I understand what you are trying to get at, sorry...

      But what I was trying to say with my last sentence is this : open your mind to the world, and the world will give back to you. No distortion.

  • 15 juillet 2009 à 08:52 | doris24 (#2499)

    la françe ! lesclavage ! cette françe qui produisait 3 fois plus de ! de zébut, etc.... que maintenant , mais la françe na pas comme les ricains massacrer 90% des gens de madagascar obama obama vous en avez plein la bouche mais attendez de VOIR ? avant d en parler que croyez vous ? qu il va vous donner plus que la françe ? la grande amérique donne beaucoup moin que la france est leurope que vous trenez dans la boue a longueur d article , allor que le peuple créve debout sans méme un cachet ( les pauvres bien sur ) les autres vont se faire soignées a la réunion avec leurs famille , parlez de madagascar ! de notre peuple , au lieux de cachez notre incapacité , a faire comme ceux qui nous aident vous croyez que ce sont l encien ou le nouveau président qui vous aide ? est tout les obéses qui ce gavent est regarde le peuple crever , vous en parler pas la bas un chomeur touche + qu un pilote de ligne chez nous ! parlez en ! foutez la paix a la françe vous ne l aimez pas soite mais ne poussez pas les francais a nous virer comme vous vous vous gossé de le faire avvec eux car la ont meurt moi avec ma journée de travail je nourie ma famille , est a mada je nourie plus de 60 personnes y compris médicaments etc.... etc....etc...parlez en des vérités est foutez la paix aux autres vos pretentions nous mette dans la M.... vos insultes en tendant la main grande ouverte etc...etc....

    • 15 juillet 2009 à 10:08 | maminah (#2788) répond à doris24

      Outre les gros mots auxquels je n’adhère pas tout à fait, vous rejoignez les propos D’Obama qui nous invitent à ne pas stigmatiser et mettre indéfiniment sur le dos de l’ancienne puissance coloniale nos malheurs. Il nous faut maintenant dépasser ce complexe d’Oedipe et accéder à l’âge adulte. Reporter sur autrui nos malheurs peut être salvateur dans un début, comme une crise d’adolescence. Mais persévérer est stérile : c’est à nous d’apporter nos preuves et d’avancer !

      Ceci dit, chacun est libre d’aimer ou pas Sarkozy, sans se prendre une pluie d’injures.

    • 15 juillet 2009 à 11:45 | racynt (#1557) répond à doris24

      - Il est quand même étonnant de voir des malgaches qui s’expriment encore mieux que les français eux même dans leur langue sur ce site.

      - Malgré le beau discours d’Obama, j’aimerai quand même que quelqu’un m’explique comment se fait-il que certains des anciennes colonies Britanniques sont devenus des pays émergeants et très développés pendant que les anciennes colonies françaises crèvent la dalle comme vous le dites si bien doris24 ? Connaissez vous au moins une ancienne colonie française qui est à l’instar de Singapour ou de Hong-Kong ?

      - Comment se fait-ils que les malgaches galère plus pour avoir un visa touristique en France alors qu’à Singapour on avait même pas besoin de faire des démarches et des demandes et on obtenait le visa directement une fois arrivé sur place pour une visite touristique ?

      - Notre concitoyen(ne) a raison de vous rappeler qu’on a le droit de supporter ou de ne pas supporter la politique de votre cher sarko pour de nombreuses raisons que je ne pourrais pas tous citer, notamment en ce qui concerne l’immigration, il se permet de donner de leçon des droits de l’homme alors qu’il fait croupir dans des centres de détention des personnes qui ne sont même pas des malfaiteurs ou des assassins, des personnes qui n’ont rien fait de mal à qui que ce soit mais qui sont de simples gens comme vous et moi qui veulent juste travailler et nourrir leur famille.

      - Sans parler de l’hypocrisie de l’Etat française sous sarko qui est bien content d’encaisser les impôts que payent ces braves gens qu’il laisse dans des situations irrégulières.

      - Un de vos concitoyens qui avait comme pseudo « tribun » a même sous entendu l’autre fois que ce sont les immigrés en France qui en est la cause des trous dans la sécu, qui profite du rmi ect... Bizarrement ici je ne connais aucun immigré rmistes. Sans parler des autres français qui osent dire ouvertement que c’est à cause des immigrés africains qu’ils n’arrivent pas à trouver du travail... l’excuse bidon ! Les africains et immigrés étrangers ont plus de mal à trouver du travail en France. Il y a même une clause à l’anpe qui oblige les employeurs à privilégier les personnes de nationalité française alors laissez moi rire...

    • 15 juillet 2009 à 14:45 | poiuyt (#584) répond à racynt

      Racynt disait : «  ; . . comment se fait-il que certains des anciennes colonies Britanniques sont devenus des pays émergeants et très développés pendant que les anciennes colonies françaises crèvent la dalle . . . » ; beaucoup de vérités sont dites là.

      L’arbre a beau être beau, on le juge aussi par ses fruits. Et là la france est perdante, mais choisit-on ses parents ? Je persiste à penser que c’est ce pays qui tire Madagascar vers le bas périodiquement. Ra8 a eu le courage de le dire, ainsi que Manandafy, et certains de nos vieux. Et encore récemment, ceux qui ont la jugeote le savent.

      Je ne sais si vous le savez, j’ai appris hier qu’il n’y a plus de précarré. La France est à Abu-Dhabi, et en Inde, qui sont traditionnellement anglo-saxons. C’est une bonne nouvelle. On peut espérer changer de parents si ceux-là comptent trop sur le vali-babena indéfiniment. Non mais !

    • 15 juillet 2009 à 14:49 | maminah (#2788) répond à racynt

      Cette différence de destinées entre les anciennes colonies britanniques, dont certaines sont devenues des pays émergents en Asie ou ailleurs, et celles françaises, mérite sans doute d’être étudiée pour nous aider à rectifier le tir. Je suis convaincue que maints ouvrages se sont déjà penchés sur ce problème. Je me rappelle d’avoir lu un ouvrage de Lê Than Khoi sur L’éducation en Afrique, qui avait survolé cet aspect. Il doit y en avoir bcp d’autres, plus centrés sur l’aspect économique cette fois. Ca nous permettrait de faire le procès non d’une personne, mais d’un système, d’une structure.

    • 15 juillet 2009 à 17:38 | rota rakotomalala (#2628) répond à maminah

      Un livre qui vient de paraître dont vous pouvez lire la présentation ainsi que l’appréciation d’un lecteur, en allant sur le blog suivant :

      http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/_____enjeux_du_passe_colonial_et_usages_publics_de_l_histoire/index.html

      Je n’en dis pas plus...

  • 15 juillet 2009 à 09:47 | maminah (#2788)

    Si le message de « O » a pu si bien passer et soulever les enthousiasmes, c’est sans doute parce que, d’abord, on lui reconnaît une légitimité naturelle à s’adresser en « grand frère » à ce continent, terre après tout de ses ancêtres. Un « grand frère » dont il est particulièrement fier et reconnaissant de porter aussi haut son flambeau en quelque sorte.

    Mais le ton de Barack Obama est en outre dénué de la condescendance qui sous-tend, quoiqu’il s’en défende, toujours le discours du l’ex-colon à l’ex-colonisé, ce qui lui donne plus de crédit.

    Cette manière de parler subtile mais ferme, toute en élégance, doit nous servir de modèle de pensée. Nous aussi, nous devons nous élever à plus de hauteur, à plus d’ambition.

    Qualité qui ne viendrait pas à l’esprit du président de la HAT, qui s’emmêle plus que jamais dans ses iznogouderies de bas étage. Après avoir essayé de faire passer auprès de la communauté internationale les soi-disant « écueils de l’amnistie », comme si ses mains étaient immaculées, il nous fait le coup de la révision de la Constitution.

    La Constitution est l’emblème du pays. Il n’hésite pas à en faire l’instrument de ses visées, je ne dirais pas inavouées car le procédé est à ce point grossier qu’elles se voient comme le nez au milieu du visage.

    Pour invalider définitivement ses concurrents, qui risquent de démontrer avec éclat qu’il n’est pas cet émissaire du peuple qu’il se targue d’être, il n’hésite pas à retoucher la Constitution. L’âge limite d’éligibilité est alors définie de façon à ce qu’il y entre et que les autres en sortent. Ravalomanana aurait eu 55 ans le 12 décembre , qu’il aurait fixé la limite d’âge à 55 ans bien sûr. Aucune hauteur ! Aucun sens de l’honneur !
    Ce n’est qu’un vulgaire DJ ( na dia « nampirevy antsika » aza, selon ses inconditionnels, quel argument !) qui veut devenir président de la République. Il faudrait pour cela qu’il soit un peu plus à l’écoute de ceux dont il rêve d’être le pair, pour en calquer un peu les pensées et les manières... Quant à penser qu’il puisse, pour asseoir définitivement son crédit, ne pas se présenter aux prochaines présidentielles ( après tout, il est jeune et il peut se permettre de voir venir s’il se sent réellement légitime !). On peut rêver... Il a l’os, et il s’y accrochera de toutes ses forces quoiqu’il arrive.

    Et c’est là que le discours d’Obama nous interpelle, quand il décrit l’homme d’Afrique comme « immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble écrit d’avance ». Ce qui se traduit chez nous par cette indécrottable consensualité, source de tous nos maux sous couvert de Fihavanana. Notre pusillanimité, notre peur de faire des vagues, notre attachement pathétique aux apparences de respectabilité, notre peur de nous dresser et de nous engager est coupable.

    Il faut dénoncer, encore et toujours, les subterfuges des imposteurs qui méprisent à ce point l’électorat pour lui faire avaler toutes les couleuvres. Cette tribune est ambitieuse et dynamique. Elle contribuera, j’en suis persuadée, à ce que nous ne soyons plusles jouets des circonstances.

  • 15 juillet 2009 à 10:37 | da fily (#2745)

    Merci Patrick A., mais j’y vois des différences plus grandes et je voudrais vous dire ceci : le « yes we can » de mr Obama, voulait surtout dire « yes, you (all people) can (if you really want it) »
    Sans me faire l’apôtre du first man américain, d’ailleurs c’est mal vu, je dois admettre qu’il a ce courage politique qui est la marque des « grands »

    Les USA ne sont la vieille Europe, ils ont encore gardé cette capacité d’entreprendre avec l’esprit pionnier. B.Obama l’illustre encore aujourd’hui en Afrique, et le fait qu’il soit le plus « différent » de tous ses prédécesseurs, accentue cet écart avec la vision mondiale européenne.

    Si dans ses déclarations il transpire une volonté de rupture (chère à Sarko)avec les anciennes méthodes, Obama se doit de ne pas trop s’éloigner de la « ligne » américaine. Ses facultés d’orateur lui facilite cette tâche, il a démontré plusieurs fois sa capacité à attirer la lumière. Il nous semble, de par sa faconde, proche de nous. Ses valeurs sont les mêmes que nous « autres africains » épris avant tout de justice et d’équité trop longtemps oubliées,foulées.

    Sarko est son pendant dans la direction opposée. Il aime rappeler qu’il etait, est et sera chef,et cela n’est pas négociable, en cela il rallie à lui tous les assoifés de pouvoir comme lui, car il est leur miroir.Il leur démontre « qu’ensemble, tout est possible ». Il serait volontiers autocrate sous d’autres latitudes et époque différente. Comme quoi, la pérennisation d’institutions démocratiques induit du changement, y compris chez les plus avides de pouvoir.
    Si certains y voit là une vision par trop extrémiste de ma part, je les renvoie aux nombreux avis et articles parus concernant la manière sarkosienne de diriger.

    La France de Sarko n’a pas les mêmes prérogatives que les USA en Afrique.

    Sa présence depuis la colonisation et son exploitation continue du continent lui donnent mauvaise conscience. l’exercice de haute voltige qui consiste à tendre la main tout en prenant d’une autre, commence à montrer ses limites. Les peuples africains ne voient plus cette main tendue.Elle s’est transformée en main de fer, et sans gant de velours lors des reconductions médiatisées et passées en boucle par les médias.

    Le beau rôle « africain » est alors dévolu à mr Obama et ses discours ensorceleurs,qui assène ce que les auditeurs aiment entendre. Des esprits plus critiques et chagrins, à raison d’ailleurs, ne manqueront pas de rappeler les contrats et perspectives menés par les States en Afrique,terrain en friche à exploiter. Mais les peuples africains sont
    sous le charme de ce président américain qui leur rend visite régulièrement, on n’y peut rien, et ils n’ont pas tort d’affirmer :
    « un frère à la tête de la nation la plus puissante est forcément un signe, écoutons-le et suivons son chemin ! »

    C’est tout simplement le « yeswecan ! » élargie à l’ Afrique.

    • 15 juillet 2009 à 11:28 | rota rakotomalala (#2628) répond à da fily

      It’s up to us...

  • 15 juillet 2009 à 11:40 | meloky (#637)

    The opportunity is at hand and we must use it at its best, Yes we can.

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