Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
mercredi 15 mai 2024
Antananarivo | 14h29
 

Editorial

Championnat d’Afrique, si possible du 100 mètres

mercredi 19 août 2009 |  1519 visites  | Patrick A.

Un éditorial précédent avait mis en avant que la réussite de Maputo nécessitait que le mouvement amorcé continue. Pour l’instant force est de constater que le mouvement, s’il existe, reste fort lent.

Retard

Pour finaliser la mise en place des institutions de la Transition et désigner les hommes, une nouvelle réunion, déjà baptisée par tous Maputo 2, devait avoir lieu dans les 10 jours suivant la signature des premiers accords. Le cap des 10 jours est dépassé, et l’on a appris que le départ des négociateurs pour la capitale mozambicaine est reporté à la semaine prochaine.

Cela a commencé par des déclarations fort peu enthousiastes d’un mouvement appelé « Forces du Changement », qui en fait de changement, semblent plutôt prôner le statu quo. Dans le cadre du marchandage sur les postes des uns et des autres, l’on pouvait naturellement s’attendre à ce genre de déclarations qui allaient dans la continuité de la convention du Panorama, et il n’y avait pas de quoi s’en inquiéter outre mesure.

Mais après Maputo 1, l’on pouvait également espérer des libérations rapides de prisonniers qui auraient été suivies de déclarations enthousiastes de ceux-ci qui auraient contribué à renforcer la confiance commune dans le processus. À la place, on a eu droit à des libérations laborieuses, et qui le sont devenues parce que l’on a cherché à inverser l’ordre naturel des choses : les déclarations lyriques et spontanées que l’on attendait à la sortie sont devenus de bêtes formulaires administratifs signés sans grande conviction à l’ombre des maisons d’arrêt. Pour gâcher l’ambiance, on ne fait pas mieux.

Pour autant, on a du mal à comprendre la position d’un Manandafy Rakotonirina qui refuse de signer une déclaration en faveur des accords de Maputo. Le leader du MFM avance qu’à partir du moment où le chef de sa mouvance s’est prononcé en faveur de ces accords, il n’est nul besoin qu’il fasse une telle déclaration en préalable à sa libération. Certes, mais comme une mouvance n’a rien d’une structure officielle et homogène (la mouvance Andry Rajoelina le démontre régulièrement), on aurait pu espérer que Manandafy Rakotonirina ne mégotte pas pour affirmer son soutien au processus de Maputo. Et bien non... À croire que l’homme reste toujours aussi réticent à toute démarche inconstitutionnelle, car on ne peut ignorer que Maputo est inconstitutionnel et qu’en 1991, en 2002 ou en 2009, Manandafy s’est toujours accroché au respect des textes fondamentaux, quelles que soient les difficultés. La démarche précautionneuse de la ministre de la Justice, Christine Razanamahasoa en serait presque justifiée.

Parole ou écrit ?

Le pire qui pourrait arriver aux accords, et l’exemple ivoirien est encore là pour nous le rappeler, serait que chacun persiste à faire du juridisme à géométrie variable. Alors que nous avons besoin de nous identifier à Usain Bolt [1], à la rigueur à Asafa Powell ou Tyson Gay, on nous offre le spectacle du 20 kilomètres marche aux Jeux Olympiques des Gastropoda [2].

Chacun s’accorde à reconnaître que les textes signés à Maputo sont ambigus (sans doute volontairement) et pas toujours très bien écrits. Mais il serait dommage que pour une fois, chacun n’accepte pas de mettre ses réserves en sourdine et faire avec les moyens du bord : la confiance est un ingrédient vital à une solution durable de la crise.

Nous ne sommes pas des petites souris qui étaient discrètement présentes au centre Joaquim Chissano de Maputo (dont je ne remets nullement en cause l’hygiène), et nous ne savons donc pas exactement ce qui s’est dit et qui apparait bien plus important que les textes. Dans notre civilisation, l’oralité est importante : il est donc fort heureux que ce soient des hommes qui accordent autant d’importance que nous autres malgaches à l’oralité, qui aient à rappeler les engagements des uns et des autres qu’ils ont, eux, directement entendus. Ablassé Ouedraogo, représentant de l’Union Africaine au sein du Groupe Internationale de Contact, et Edem Kodjo, représentant de l’Organisation Internationale de la Francophonie sont attendus ce jour à Antananarivo pour aplanir les difficultés de l’heure et préparer le terrain.

Faisons donc confiance aux émissaires africains pour rappeler à chacun la parole donnée, et même si certains propos d’Edem Kodjo ont pu choquer, sachons leur gré de nous rappeler qu’un témoin n’a pas vocation à être une bûche qui reste purement passive pendant que les uns et les autres divaguent. Au cours de cette crise, les protagonistes ont tapé sur tous les médiateurs possibles. Ainsi, à tour de rôle, et selon ses humeurs, chaque camp a critiqué la Communauté Internationale, la targuant de colonialisme, de néo-colonialisme, d’être manipulée par les intérêts miniers ou pétroliers ou d’être partisane. Et beaucoup n’ont pas hésité à taxer le Groupe de Contact International de groupe de « Gena » [3].

La réalité concrète est que les « Gena » ont réussi là où tout le monde avait échoué, qu’ils ont obtenu que Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana s’assoient à la même table et se mettent d’accord sur un certain nombre de points. Rien que pour ça, et sans se prendre pour Aimé Césaire, je réaffirme que je suis « Gena » et fier de l’être.

Et cela même si le couvert est encore sur la table, que l’on est bien conscient que Maputo 1 et Maputo 2 forment un ensemble indissociable qui est loin d’être achevé, et que même après signature finale, il faudra un certain temps avant que les robinets de l’aide internationale ne se débloquent. Qu’importe : on ne va pas à Maputo pour quémander, mais d’abord pour construire un pays. Et aussi un continent.

Notes

[1quelqu’un ignore encore le nom du jamaïcain recordman du monde du 100 mètres plat ?

[2tout bêtement, la famille des escargots et des limaces.

[3nègres.

9 commentaires

Vos commentaires

  • 19 août 2009 à 08:07 | Noue (#2427)

    - « Le cap des 10 jours est dépassé, et l’on a appris que le départ des négociateurs pour la capitale mozambicaine est reporté à la semaine prochaine. »

    Forcément , quand on voit les membres de la HAT se battre pour leurs fauteuils , il n’est pas étonnant que ce rendez-vous Maputo 2 est raté et reporté !

    A croire qu’on ne cesse d’entendre « pour l’intérêt supérieur de la nation » on assiste comme résultat les membres de la HAT se battant pour leurs fauteuils . C’est sûr que les 100m sont loin d’être gagné .

  • 19 août 2009 à 09:47 | ragasy (#416)

    Pour autant, on a du mal à comprendre la position d’un Manandafy Rakotonirina qui refuse de signer une déclaration en faveur des accords de Maputo.

    Je ne suis pas d’accord avec vous. C’est quoi ces conditions imposées par la fat ? Pourquoi doit-on encore signer ces papiers ?

    Vous n’êtes pas sans savoir que ce n’est pas la seule condition qu’ils veulent faire signer. Et la non signature d’une seule est un cause de non validation de lmise en liberté de la personne.

    Vous devriez plutôt mettre en exergue la mauvaise foi de ces gens. Et on n’a pas besoin d’être un homme expérimenté comme Manandafy pour ne pas déceler le piège grand comme une montagne.

    • 19 août 2009 à 11:32 | mpitily (#1212) répond à ragasy

      « ... À croire que l’homme reste toujours aussi réticent à toute démarche inconstitutionnelle, car on ne peut ignorer que Maputo est inconstitutionnel ... »

      Manandafy serait-il le dernier des soi-disant légalistes ?

  • 19 août 2009 à 10:13 | ragasy (#416)

    Et beaucoup n’ont pas hésité à taxer le Groupe de Contact International de groupe de « Gena ».

    Que valons-nous donc pour qualifier ces gens de « Gena » comme vous dites ? Et si ce terme avilissant voudrait dire « rien » alors les malgaches sont des « moins que rien » !

    Ayons au moins l’humilité et la dignité de reconnaître que nous sommes incapables de régler nos propres problèmes.

    • 19 août 2009 à 11:44 | mpitily (#1212) répond à ragasy

      Ragasy,

      ne soyez pas aussi négativiste. Ces gens là agissent au nom de la CI et il n’y a pas de mal à faire appel à un arbitre neutre comme la CI (ONU, ...) pour régler un conflit interne.

    • 19 août 2009 à 14:54 | ragasy (#416) répond à mpitily

      Et alors, pourquoi les traiter de Gena ?

      Madagascar était, au moment de l’indépendance, le pays qui avait la plus grande potentialité pour se développer entre tous les pays d’Afrique, donc des Gena. Mais maintenant, où sommes-nous par rapport à eux ?

      Rien que dans le domaine du sport, nous n’avons même pas le niveau des derniers d’entre eux.

      Commencez par avoir l’humilité de respecter et reconnaître la valeur des Gena.

      Aza matikambo amin’ny « n’a pas » !

    • 19 août 2009 à 16:13 | mpitily (#1212) répond à ragasy

      Personnellement je ne les ai jamais traités de gena, pour moi ce sont des représentants de la CI quelle que soit la couleur de leur peau.

      Je voulais réagir ci-dessus, à votre déclaration :« Ayons au moins l’humilité et la dignité de reconnaître que nous sommes incapables de régler nos propres problèmes »

  • 19 août 2009 à 10:51 | rota rakotomalala (#2628)

    Madagascar va fêter le cinquantième anniversaire de son indépendance en 2010 et où en sommes nous actuellement ?

    Il y avait une bonne volonté de développement durable au pays.

    …Seulement, en 2008, la récession fait rage dans le monde.

    Seulement, les pays émergents de l’Asie dérangent la structure du monde pensée par quelques pays riches.

    Seulement, les intérêts politico-économiques de quelques politicards malgaches risquent de fondre à néant.

    Seulement, la France n’a plus le monopole du marché à Madagascar.

    Seulement, on découvre une importante réserve pétrolière à Madagascar...

    Après plusieurs mois de situation conflictuelle depuis le début de l’année 2009, les accords de Maputo ont été signés, il n’y a pas à interpréter, il faut exécuter ce qui a été signé.

    Il va y avoir Maputo II, rien n’a été réglé au préalable, tout a été fait pour perturber à nouveau les esprits partisans extrémistes, des deux côtés.

    Maintenant, il est temps d’agir !

    Monsieur Andry Rajoelina, moi je vous appelle SANS HESITER Monsieur le Président mais de grâce, prenez vos responsabilités !

    Faites revenir la paix et la pérenniser au pays !

    Ne faites pas le jeu d’une guerre entre Malgaches !

    Faites cesser tout ceci ! Comment ? De par votre position et votre engagement à exécuter ce que vous avez signé lors des accords de Maputo.

    Je crois intimement et fermement que Madagascar mérite de sortir de cette crise !

    Avec tous mes respects, Monsieur le Président.

    Rota RAKOTOMALALA, une simple citoyenne qui rêve d’un Madagascar où il ferait bon vivre !

  • 19 août 2009 à 12:04 | da fily (#2745)

    Qui a prétendu que c’était acquis, facile, gagné ?

    On ne s’étonnera pas de la crispation que provoque la tenue prochaine du « Maputo 2 », on sait que les uns vont pleurnicher une quelconque réserve, et que les autres vont traîner les pieds, au risque de se les prendre dans le tapis de la transition.

    Mais si Patrick A. tire la sonnette pour remuer un peu tout les neurones de nos politiques, c’est en connaissance de cause. Dans un ensemble cohésif et étonnamment solidaire, l’ensemble des intervenants politiques de tous bords renâcle à transformer l’essai qui a mobilisé tant d’énergie, tant d’espoir.
    On dirait que l’issue du « Maputo 2 » leur semblerait fatale, surtout pour leur(postérieur)poste.

    Alors rabacher que la solution malgacho-malagasy n’a même pas eu droit de cité, a bon dos. C’est toujours un prétexte bon à prendre pour tous ces « siégeurs » en mal de pouvoir. Noyer le poisson, tout en tirant les marrons du feu, est la condition requise pour nager de concert avec les vieux requins dans les eaux troubles de notre marigot politique. le deuxième round de Maputo devrait filtrer toute cette opacité, et poser les grandes lignes pour arriver aux élections-butoirs. Et il serait temps et souhaitable que nos « athlètes » se préparent à se caler dans les starting-blocks, car ils ont plutôt l’air de se préparer à une course de lenteur. Les partenaires africains en perdent leur palabre. Le pays et son économie ne pourront souffrir trop longtemps de ces incessants attermoiements et claudications de nos (ir)responsables qui se discréditent de jours en jours, et finiront par mettre en péril notre société déja fragilisée par les évènements du début de cette année.

    La voie doit être renouvelée, les mentalités doivent évoluer, il n’est pas anti-patriotique de prendre exemple sur des modèles que l’on pourrait trouver ailleurs pour reluire notre situation, surtout si tous nos « concepts propres » nous ont tous conduit à la faillite. Je voudrai dire un mot sur nos voisins africains que nous décrions souvent, ils ont fait leur traversée du désert eux aussi pour nombre d’entre eux. Il y en a qui ont réussi à se relever, se remettre sur les rails, mais sans un changement radical, ils n’y seraient pas arrivé.

    Attendrons-nous encore longtemps notre tour ?
    Messieurs, mesdames, il y a tout un peuple qui attend après votre bon vouloir, vous n’êtes pas des preneurs d’otages, alors allez-y avancez, remettez-vous au charbon, montrez-nous que vous êtes des patriotes qui veulent redonner leur fierté aux Malagasys.

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS