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lundi 4 août 2025
Antananarivo | 19h02
 

Politique

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L’impunité des « influenceurs » en question

lundi 4 août | Ikala Paingotra |  1341 visites  | 15 commentaires 

Dans la zone de turbulences générée par l’affaire des Boeing 777 dont on n’a pas encore fini de parler, certains créateurs de contenus sur Facebook ont pris le risque de lancer la rumeur de l’implication des enfants Rajoelina dans ce scandale. Leur mère a immédiatement répliqué par une publication sur Facebook en qualifiant cet acte de « Diffamation. Atteinte à l’honneur. Mensonges », et a nommément pointé du doigt deux influenceurs, qui se sont empressés d’effacer leurs publications.

Il y a plusieurs façons de voir cette réaction. Du point de vue humain, on comprend la mère qui cherche à défendre ses enfants, surtout si elle estime qu’ils sont victimes d’injustice. De point de vue juridique, il est normal que ceux qui se sentent victimes de calomnie ou de diffamation cherchent à faire usage des mécanismes existant dans tous les pays démocratiques, que ce soit en France ou en Suisse (pour ne citer que ces cas). Si d’habitude les victimes de diffamation ne portent pas plainte, c’est surtout par crainte d’envenimer la situation, mais ce n’est pas parce que cela ne se fait pas comme le voudraient les calomniateurs et diffamateurs qui prétendent au droit à l’impunité au nom d’une prétendue liberté d’expression. Leçon pour les prétendus influenceurs et les internautes de manière générale : il est dangereux de jouer à ce qui est vulgairement qualifié dans le langage des réseaux sociaux de putaclic en utilisant des méthodes sensationalistes dans le but de créer le buzz et rechercher la viralité et non la vérité.

Toutefois, du point de vue du citoyen, il y a également une évidence que Mialy Rajoelina serait bien avisée de considérer : si une partie de l’opinion publique est prête à considérer que ses enfants pourraient être impliqués dans l’affaire des B777, c’est qu’ils sont depuis longtemps mis en avant de façon exagérée par leur père dans des événements officiels à Madagascar et à l’étranger, sans qu’ils n’aient de fonctions dans les rouages de la République. Andry Rajoelina s’est même prévalu de l’efficacité de son fils dans les négociations avec Emirates, déclaration qui est, soit dit en passant, une injure au ministre des Transports et à celui du Tourisme. Rappelons que notre rédaction avait été la première à poser des questions sur cette propension d’Andry Rajoelina à imposer sa progéniture dans les dîners et voyages officiels, et sur le budget qui prend ces déplacement en charge : est-ce l’État ou « le paternel qui a envie qu’ils fréquentent les grands de ce monde » ? Le député Siteny Randrianasoloniaiko a également écrit à ce sujet au chef de l’État sur les mêmes thématiques un mois plus tard. Leçon pour la famille Rajoelina : quand on aime se mettre sous les projecteurs, il ne faut pas s’étonner de l’effet boomerang, avec ses avantages et ses inconvénients.

On espère donc, pour ceux qui ont lancé le buzz de l’implication des enfants Rajoelina dans le scandale des B777, qu’ils ont les preuves de ce qu’ils avancent. Dans l’affirmative, l’opinion publique serait fortement intéressée par ce nouveau rebondissement. Mais dans la négative, ils risquent de faire face à la Justice dans leur pays de résidence. Le principe en Droit pénal du « lieu de l’infraction » permet à une victime de porter plainte devant un tribunal du territoire à partir duquel l’infraction a été commise : l’État malgache ne peut pas porter plainte à Anosy contre un internaute résidant en France, au Canada ou en Suisse, mais il peut tout à fait le faire devant les tribunaux de ces pays. Il y a donc un avantage à émettre des opinions contre le régime malgache à partir de pays démocratiques occidentaux : les gens y bénéficient de la liberté d’opinion qui y règne. Toutefois, il y a un revers à cette médaille : ils y sont soumis aux lois et à leur application, y compris en matière de diffamation. En France, la peine maximale est une amende de 12.000 euros.

La protestation de Mialy Rajoelina a au moins le mérite d’amener une réflexion sur la question des réseaux sociaux, et en particulier sur ces créateurs de contenu digital qui se considèrent influenceurs, s’improvisent journalistes d’investigation, et se donnent souvent le droit de procéder à des affirmations gratuites ainsi qu’à une parade permanente d’ultracrepidarianisme, « Tendance à exprimer des opinions sur des sujets hors de sa sphère de connaissance ». En effet, comme beaucoup d’internautes malgaches, ces « influenceurs » s’improvisent en fonction de l’actualité malgache experts en Droit, en transport aérien, en économie, en santé publique, en toxicologie ou en science politique (entre autres domaines), et s’expriment en conséquence. À un moment ou à un autre de la recherche du buzz et du scoop, quite à dire n’importe quoi, les problèmes arrivent. Dans ce cas, un simple retrait de publication et des excuses publiques pourraient ne pas suffire si la partie s’estimant victime décide d’ester en justice.

« Influenceurs » : au nom du buzz, du scoop, et du mauvais esprit

La publication Facebook de Madame Rajoelina permet de souligner chez les Malgaches une certaine distorsion dans la compréhension de ce qu’est la liberté d’expression dans une démocratie : certains oublient que c’est une liberté qui n’est pas absolue, mais une liberté encadrée par la loi. La différence avec un pays autocratique comme Madagascar, c’est que le justiciable est protégé de l’arbitraire dans l’application de la loi. Ce n’est pas en France qu’on verra des arrestations pour avoir agité un pouce renversé au passage du cortège présidentiel, ou qu’on écopera d’une peine de prison pour avoir écrit « Jirama-ndoza » sur Facebook. Mais cela ne signifie pas que l’impunité existe, et on ne peut venir se plaindre si les victimes de diffamation portent l’affaire devant les tribunaux en arguant d’une violation de la liberté d’expression. Exemple récent : le couple Macron vient de porter plainte contre l’influenceuse américaine qui est à l’origine de la rumeur que la Première dame serait transgenre. Voilà un contre-argument solide pour ceux qui véhiculent que dans un pays démocratique, porter plainte pour diffamation est une atteinte à la démocratie. C’est juste un argument de sous-instruit, et on ne peut cautionner un tel point de vue juste sous prétexte que tout est permis pour nuire à l’image de Rajoelina, y compris la diffamation de sa famille, sous prétexte que sa gouvernance est minable et qu’il est le pire dirigeant de Madagascar depuis l’époque des vazimba.

L’explosion de Facebook à Madagascar a favorisé la fonction qu’on qualifie de médias sociaux : chacun peut fournir du contenu à une audience existante, comme le ferait un journaliste, mais sans en avoir ni la formation ni les normes pratiques. Chacun peut donc s’improviser homme ou femme de médias, et créer blogs, vlogs, émissions régulières sur YouTube ou Facebook etc. Cela est d’autant plus une solution à Madagascar où la démocratie subit des contraintes, car la liberté d’expression qui est muselée dans les urnes ou les dans rues, peut alors trouver en Facebook un exutoire. Si les services de lutte contre la cybercriminalité agissent à la solde de l’État pour sévir contre les auteurs d’opinions négatives contre le régime, il est normal que le flambeau de la parole libre et critique soit repris par les membres de la diaspora.

Cela représente toutefois un danger si l’éthique n’est pas au rendez-vous, car dans la recherche effrénée du buzz, le choix des mots et des sujets peut très rapidement conduire à des dérapages incontrôlés. Certains vont faire le perroquet et répéter sans discernement infos et intox qu’on leur transmet. Certains vont confondre faits et tora-po. Dans ces cas les procès ne peuvent que fleurir, sans jeu de mots. Certains “influenceurs” sont obligés de reconnaître leurs erreurs et présenter leurs excuses, comme Syntia R. qui avait accusé la chanteuse Bodo d’avoir été corrompue lors de l’élection municipale à Antananarivo. Un exemple parmi tant d’autres des dérives de ce phénomène d’influenceurs, en-dehors de balises éthiques. Il y a donc également une réflexion à engager au niveau de ces influenceurs de la diaspora, pour qu’ils puissent gagner en légitimité et en crédibilité, car malgré leurs dérives et dérapages, ils jouent un rôle essentiel dans la démocratie malgache : les citoyens résidant à Madagascar choisissent de plus en plus le silence. Par impuissance, par peur, par corruption ou par lassitude. Mialy Rajoelina se lèvera-t-elle également pour défendre les enfants malgaches victimes de la gouvernance de son mari, ou bien la seule chose qui l’intéresse est de pouvoir continuer à porter des vêtements et des sacs de grande marque ?

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15 commentaires

Vos commentaires

  • 4 août à 09:02 | Dr Kika (#11815)

    Une diffamation, un vazavaza ou une insulte n’a jamais été un argument, sauf chez les mpiady an-tsena à la solde de Rajoelina (et le zandrin’i Zoky Jean-Jacques)

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  • 4 août à 09:29 | Sabrina (#4247)

    Moi j’aime bien Luc Hervé.
    Il dit la vérité, rien que la vérité. Et il a vraiment un style, un look inimitable, il a du style quoi... avec ses lunettes noires et sa casquette de révolution à la Ché, vraiment la classe !
    Je préfère de très loin des gars comme ça avec un franc-parler sans détour que des journaleux pisse-froid qui osent rien dire

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    • 4 août à 10:57 | Jipo (#4988) répond à Sabrina

      « S’ il dit la vérité » : pourquoi a-t-il retiré ses dires ?
      Le look sans les cojones ...

    • 4 août à 11:13 | Demokraty (#9635) répond à Sabrina

      Luc Hervé n’a rien à voir dans cette histoire. Il n’est pas parmi les deux incriminés (Koto et Joachim Chatelar)

  • 4 août à 10:54 | Jipo (#4988)

    C’est très simple soit l’ auteur de ces informations a des preuves, soit c’est de la pure affabulation (pour ne pas dire autre chose) ?
    Comme le dit l’ adage : « il n’ y a pas de fumée sans feu » à vérifier ?
    Avec l’ exemple paternel comment voudriez-vous que la progéniture ne profite pas des opportunités apportées sur un plateau ? ( et Dieu sait qu’ elles sont nombreuses ...)
    En tout état de cause ce serait « cocasse » que le clap de fin vienne du sein même de cette mauvaise farce ? (le poisson pourrit par la tete) .

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  • 4 août à 12:34 | Inglewood (#6780)

    Vous êtes parents d’enfants, vous avez des enfants aussi majeurs que leurs parents.
    Vous mettez vos enfants, sur orbite des arcanes de la politique et de plus dans la diplomatie politique. A mon humble avis : Vous savez ce que vous faîtes !
    Des enfants sans qualifications universitaires, sans expérience d’un métier (?) .
    Ne sont-ils pas eux mêmes enfermés dans leur bulle de l’ultracrépidarianisme.
    De quoi se plaint on au juste . Le dérapage verbal c’est un autre sujet.

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  • 4 août à 13:49 | vorona (#8254)

    Bjr « Tout influenceur vit aux dépend de celui qui l’écoute, cette leçon vaut bien ..... » Les influenceurs existent et vivent grassement parce que le monde est de plus en plus peuplé de naïfs, de crédules, de pigeons et une quantité incommensurable de gogos !

    Répondre

  • 4 août à 14:18 | CQFD (#11823)

    4 août à 09:22 | MALIBUC (#9345) répond à CQFD ^

    Mais, dis moi tu ne parles plus de ta ferme, de tes terres, de tes esclaves et de tes 100 balles à un gosses ?
    Serait-ce des mensonges ? Gros troudebal de mes deux. Hihihihihihihih

    MAIS DIS MOI : tu ne parles plus de ma pédophilie, de mon bâtard, de ma grosse gasy ? serait ce des mensonges ?

    POUR CE QUI EST DES ESCLAVES je te laisse trouver un passage ou un jour j’ai décrit mes métayers comme esclaves. VICTIMISATION ENCORE ET TOUJOURS.

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  • 4 août à 14:43 | CQFD (#11823)

    IKALA PAINGOTRA

    ENFIN...est ce le début d’une prise de position équilibrée et ferme de la part de MT à l’encontre de tous ceux qui disent tout et n’importe quoi sans jamais en apporter les preuves ou sans jamais avoir vérifié ses sources.

    MERCI Ikala Paingotra pour cet article flamboyant (je n’ai pas peur des mots).

    Que ceux ou celles qui ont relayé ici les « fakes » concernant Brigitte Macron y réfléchisse à deux fois la prochaine fois.
    N’est ce pas Jipo ?
    Que tous ceux qui accusent à torts et à travers des coups tordus que font certains gouvernants se le tienne pour dit (même si cela est indéniable dans certains cas). La liberté d’expression n’est pas la liberté de diffamer.
    Que tous ceux qui accusent l’ex colonisateur de tirer les ficelles du pouvoir à Mada en apporte les preuves et ne se laisse pas entraîner dans des dérives juste par haine anti française (même si ils ont des raisons de haïr la France et les français) surtout si ils ou elles vivent en France.

    Ikala Paingotra que vos écrits fassent réfléchir tout un chacun et les discussions sur ce forum s’apaiseront et seront plus constructives. MERCI ENCORE.

    Répondre

    • 4 août à 16:39 | RATOVO (#10503) répond à CQFD

      « Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes ».et c’est tout aussi valable pour Madame Rajoeilna ! L’ autodérision, la caricature et la parodie font la noblesse de la liberté d’expression. Lever l’anonymat est le seul rempari des dérives !

  • 4 août à 15:25 | MALIBUC (#9345)

    MT Modérateur,

    Cet individu CQFD #11823 revient de nouveau nous insulter et dénigrer les Malagasy en général.
    Il est temps de le censurer de nouveau car il est le seul à perturber nos échanges.

    Répondre

    • 4 août à 15:50 | CQFD (#11823) répond à MALIBUC

      Quand on ne sait que répondre on joue la pleureuse ?

    • 4 août à 18:03 | MALIBUC (#9345) répond à MALIBUC

      Va t’occuper de ton bâtard et ta grosse faignasse ( que j’avais oublié bien involontairement) et surtout ne nous sort plus tes mensonges de merde concernant tes propriétés fantômes.
      A mon avis t’as jamais mis les pieds à Dago car t’es un gros mytho de pédophile.

    • 4 août à 18:51 | CQFD (#11823) répond à MALIBUC

      QUAND MT va enfin te censurer. Elle a toutes les raisons pour le faire.

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