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Economie

Alcool et tabac

Vaches à lait de l’Etat

jeudi 21 août 2008 | Rianalazo

100 milliards ariary. Tel est le montant de la taxe que l’Etat a perçu en 2007 sur la consommation d’alcool dans tout le pays. Les amateurs d’alcool figurent ainsi parmi les vaches à lait de l’administration fiscale.

« 3 cageots de rhum, toutes marques confondues, sont vendus en un seul jour, mais c’est beaucoup plus le vendredi, le samedi et les jours de fêtes. Quant aux cigarettes, j’arrive à écouler une cartouche de Good look et au moins 20 paquets pour les autres marques. Et malgré l’augmentation de 15% du prix de certains rhums, la vente n’a pas souffert : une bouteille de 70cl est passée d’Ar. 1000 à Ar. 1400 », affirme une épicière. La consommation d’alcool et de tabac touche toutes les catégories sociales. De plus, une « consommation » de rhum ne coûte qu’Ar 100 et une tige de cigarette Ar. 50. D’après la même source, plus de 40% de sa recette quotidienne vient de la vente du tabac et du rhum, et sa clientèle est composée de toutes les couches sociales : bureaucrates, chauffeurs, des journaliers, voire des blanchisseuses.

« Toute la journée, les clients défilent, les blanchisseuses par exemple nous fréquentent le matin avant d’aller travailler, les journaliers arrivent vers 17h et les chauffeurs viennent après leur boulot. Il y a ceux qui consomment sur place et dès qu’ils finissent leur verre, ils partent, certains viennent en groupe et restent plus longtemps, tandis que d’autres achètent et boivent chez eux », raconte la tenancière. Pour toutes les classes sociales, hommes et femmes, jeunes et adultes, la consommation de l’alcool et du tabac est presque classique (banale). Quelques personnes ont été interrogées sur le nombre de cigarettes fumées et la fréquence de leur consommation d’alcool. « 10 tiges maximum, mais c’est plus quand je sors le soir, et je ne fume pas à la maison. Je bois quand il y a des évènements à fêter ou avec des amis le week-end et je ne bois que du whisky (malagasy ou importé) pour son goût : plus raffiné », répond Louis. Une blanchisseuse dit qu’elle doit boire avant de travailler, et qu’importe la qualité ou les marques, du moment qu’elle consomme, il lui arrive même de boire du « toaka gasy ». « Après mon boulot, je suis très fatigué mais c’est une habitude chez moi d’acheter quelques choses pour ma famille et j’en profite pour boire 1 ou 2 verres avant de rentrer », renchérit–elle, les lèvres rougies par tant de beuveries.

120 cartons par jour

Environ 120 cartons de whiskies vendus en un jour. Rien que pour les whiskies malagasy, un distributeur (Royal Spirites & Cie), écoule en moyenne 120 cartons par jour . Le prix d’une bouteille varie entre Ar 7740 et Ar 22728. D’après le responsable « 10 à 20 grossistes viennent se ravitailler chez lui en une journée. Cependant, les clients achètent plus de whisky malagasy que les importés et c’est lors d’une promotion des produits que les ventes explosent ». Pour ce distributeur de whiskies et de vins, les taxes dépendent de la provenance des produits : 282% pour les whiskies importés si pour la production locale, elles sont de 170% de la valeur Caf alcool (coûts, assurances et frais), car l’alcool à 95° est importé et il doit payer après Ar. 1390 par litre de volume effectif à 40°.

Tabac : Ar 100 milliards pour l’Etat

Avec 3 milliards de cigarettes produites en une année, un producteur de cigarettes de nombreuses marques locales (Impérial Tobacco) contribue à lui seul une valeur conséquente de taxes. En effet, environ Ar 100 milliards ont été versés à l’Etat pour l’année 2007. Propriétaire de nombreuses agences et de représentations dans toute l’île, ce distributeur représente ainsi la majorité du marché de tabac à Madagascar. Si les fabricants et consommateurs y trouvent leurs intérêts, l’Etat non plus n’est pas en reste. En effet, il perçoit pour le tabac et l’alcool un régime fiscal dont le droit d’accises, 325% pour les importés et 140% pour les locaux, la TVA 20%, les Impôts sur le Revenu (ISR) 20-25% et enfin le prélèvement, notamment les taxes spéciales aux profits du FNPDJSL ou Fonds National pour la Promotion et le Développement de la jeunesse et des Sports.

Toaka gasy

Les fabricants craignent toutefois la concurrence occulte mais réelle du « toaka gasy ». D’après eux, le marché de ce breuvage prend une telle ampleur qu’il serait difficile de le stopper. De plus, toutes les régions de l’île produisent ses propres « toaka gasy ». « De même pour les producteurs de tabac, les ventes de cigarettes contrefaites d’Asie pourraient nuirent à leur marché si cela continue », se lamentent-ils. Sans le savoir, ce sont en réalité les fumeurs et les amateurs d’alcool qui paient finalement ces taxes à chaque goutte d’alcool qu’ils boivent et chaque tige de cigarette qu’ils fument.

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