Concertation nationale : la cérémonie d’ouverture boycottée

Les personnes ou groupes qui ont refusé de participer à la cérémonie de lancement officiel de la concertation nationale ont visiblement volé la vedette à cet événement tenu mercredi au Centre de conférences international (CCI) Ivato. Déclarations répétées sur les réseaux sociaux, communiqués, manifestation devant le lieu de la rencontre… Leurs indignations face à la tenue de cette cérémonie n’ont pas échappé aux médias nationaux et internationaux.

Des organisations de la société civile ainsi que des jeunes issus du mouvement Gen Z se sont bel et bien présentés sur place, munis de leurs cartons d’invitation. Mais, à la surprise générale, ils ont annoncé qu’ils ne participeront pas à la cérémonie. La raison de ce refus : l’invitation par le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) – coorganisateur de la concertation avec le régime transitoire – de l’ancien président Andry Rajoelina. La société civile réclame de leur côté, la mise en place d’une charte de la transition avant toute concertation.

La veille déjà, le politicien Alain Andriamiseza avait déclaré qu’il ne prendrait pas part à cette cérémonie. Selon lui, inviter à cette concertation des personnalités ayant ruiné le pays, alors même qu’il ne s’agit pas d’une véritable réconciliation nationale, serait contraire à la philosophie de la lutte qui a entraîné la chute d’Andry Rajoelina et de son régime. Elia Rabevahiny, du parti Otrikafo, a également affirmé que la concertation nationale ne peut être une plateforme destinée à laver les crimes de ceux qui ont mis le pays à mal.

Le conseiller technique du Premier ministre, Patrick Raharimanana, a lui aussi quitté la salle après l’hymne national. « Personnellement, je ne m’assoirai pas autour d’une table avec des meurtriers, des voleurs, et ceux qui abusent du pouvoir », a-t-il expliqué, tout en lançant : « Dégage Rajoelina, Ravatomanga et leurs sbires ».

L’ancien président Andry Rajoelina a bel et bien reçu une invitation à cette cérémonie, a confirmé Philobert Milavonjy, député d’Ambovombe Androy. Entouré de quelques députés – anciens ministres – élus sous la bannière de l’IRD, comme Augustin Andriamananoro et Marie Michelle Sahondraharimalala, il a déclaré qu’en tant que vice-président de l’opposition à l’Assemblée nationale, il n’avait, lui, pas été invité à l’événement, mais qu’il s’y rendait en tant que mandataire de l’ancien chef de l’État.

Les deux autres anciens présidents de la République, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, ont eux aussi brillé par leur absence. Il en est de même pour l’actuel président de la Refondation de la République, le colonel Michaël Randrianirina, qui serait actuellement en déplacement en France. Le Premier ministre, Herintsalama Andriamasy Rajaonarivelo, n’était pas non plus présent au rendez-vous.