Le changement est devenu le mot à la mode à Madagascar depuis que la refondation est devenue le thème posé par les militaires du Capsat actuellement à la tête du pays. La page Facebook de la Présidence de la Refondation de la République de Madagascar indique que celle-ci « a pour mission principale de conduire, coordonner et superviser les réformes politiques, institutionnelles et structurelles destinées à refonder l’État malgache ».
Il est donc important de fixer par écrit les concepts pour éviter que chacun ne voie midi à sa porte. Par exemple, est-ce que le Colonel Randrianirina et l’armée ont la même définition du mot refondation que la Gen Z, les députés, le FFKM, la société civile ou le secteur privé ? Rappelons donc la définition du Petit Robert, selon qui une refondation est « une réforme en profondeur ». Or, toute réforme en profondeur nécessite des changements drastiques, et non des actes cosmétiques ou ala-safay. [1]
Il s’agit de procéder à des changements dans tous les domaines de la vie nationale : changements de personnes, changements de méthodes, et changements des résultats obtenus.
Changer les méthodes
Les derniers soubresauts des partisans de Rajoelina semblent illustrer qu’ils n’ont toujours pas compris ce que le peuple malgache leur reprochait. Il est donc salutaire de rappeler les raisons de la colère, ce qui permet également d’attirer l’attention des nouveaux dirigeants sur les sujets qui fâchent. Il semble que pour le moment, le colonel Michaël Randrianirina soit le seul chef d’institution en place qui bénéficie encore d’une forte sympathie de la part de la population, reconnaissante de son action qui a permis de sauver les jeunes manifestants des répressions brutales. En revanche, au vu du contenu des réseaux sociaux, cet élan de sympathie ne s’est étendu ni au Président de l’Assemblée nationale ni au Premier ministre, dont les nominations ont été accueillies très fraîchement.
Si le changement à la tête de ces trois institutions est acté, les frustrations sur le processus de nomination du Premier ministre sont très rapidement remontées à la surface : la nouvelle opposition à travers ce qui reste des lambeaux du Mapar, la Gen-Z et même certains députés se sont plaints de ne pas avoir été consultés. Il y a donc là une leçon sur les premiers ratés de la marche vers la refondation : une consultation réellement inclusive aurait permis de limiter des tensions et des frustrations dont on se serait bien passé. Le forcing décidé par un petit groupe de personnes (officiellement, le groupe parlementaire Firaisankina) et les manipulations esthétiques pour faire croire que c’est un choix largement partagé au sein de la population, sont des méthodes qui puent le Mapar, et dont on a vu les résultats.
Pour initier la refondation, il est donc nécessaire d’aller au-delà du changement des personnes pour démontrer avoir également changé de méthode. Le Président de la Refondation de la République de Madagascar doit comprendre qu’en quittant le milieu militaire pour le milieu politique, il ne doit plus s’attendre à avoir des ordres écoutés respectueusement au garde-à-vous. Cela est encore plus vrai en 2025 qu’avant, les moyens de communication modernes permettant une communication horizontale rendant désuète et plus fragile le rayamandrenisme [2] traditionnel.
S’il est reconnu que le thème officiel qui a mobilisé la Gen Z était les délestages d’eau et d’électricité, le Président Randrianirina ne doit pas oublier que le second catalyseur était la série d’atteinte aux libertés fondamentales dont celles d’opinion, d’expression et de manifestation.
Démocratie et inclusivité : des thèmes mis de côté ?
La démocratie est donc un sujet sur lequel le colonel Mickael Randrianirina doit s’engager avec fermeté, alors qu’on ne l’entend pas beaucoup sur le sujet. Les jeunes et moins jeunes qui se sont fait arrêter et brutaliser par les gendarmes à la solde de Rajoelina ne lui pardonneront pas de laisser les mêmes violations se répéter sous son mandat. Exemple qui laisse perplexe : les déclarations du député Fidèle Razara-Pierre sur la Place du 13 mai samedi dernier, qui a laissé sous-entendre que le droit à la liberté d’expression serait refusé à Rinah Rakotomanga et Lalatiana Rakotondrazafy, en représailles de ce que l’ancien régime a fait subir aux Malgaches. Est-ce le sens du changement et de la refondation pour lequel des jeunes ont été blessés, estropiés, et même tués ? Quatre points apparaissent clés si l’on veut éviter de reproduire les erreurs du passé et sortir Madagascar du caractère cyclique des crises politiques :
- Une acceptation et prise en compte réelle de la diversité des opinions, lorsque celles-ci s’expriment par des voies pacifiques ;
- L’indispensable distinction entre redevabilité et hazalambo, entre justice et vengeance ;
- Une véritable écoute des régions périphériques [3] ;
- La prise en compte d’une demande présente dans l’ensemble du pays de démocratie locale.
Enfin, il est utile de rappeler que les Malgaches ont l’expérience des engagements, promesses et velirano, et en connaissent la valeur. On attend donc des nouveaux dirigeants de joindre la parole aux actes afin de ne pas juste être une réplication du style du pouvoir Rajoelina. Nous répétons donc ici quelques sujets qui ont creusé le fossé entre les citoyens et le pouvoir déchu, pour rappeler au Colonel Randrianirina les lignes rouges :
- Atteintes à la démocratie : pratique des fraudes électorales, répression des voix discordantes…
- Atteintes à l’État de Droit : impunité des copains et des coquins (affaires Imbiky, Romy, écrans plats, SMMC, fonds Covid etc.), montage de dossier, juridisme à géométrie variable…
- Arrogance face aux opinions contraires : propos méprisants (« 6% d’imbéciles »), refus de dialogue, passage en force sans consultation en-dehors du clan…
- Non-performance : manque de performance dans les services de base (Jirama, entretien des routes, sécurité etc.), gaspillage des deniers publics dans des infrastructures ne correspondant pas aux besoins prioritaires de la population (Colisée, téléphérique, stade Barea etc.)...
- Propensions au mensonge et au superficiel : promesses rarement tenues mais répétées de manière récurrente, annonce de deadlines non respectés, werawera, utilisation de la religion comme un alibi de respectabilité, goût pour les titres frivoles de « champion » sans lucidité sur les réalités du pays et de la popularité du pouvoir.
Cette citation du philosophe Socrate serait sans doute la meilleure conclusion :« Le secret du changement, c’est de concentrer toute son énergie, non pas à lutter contre le passé mais à construire l’avenir. »
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Vos commentaires
Une refondation devrait partir sur la bonne base, mais, si on fait de perquisition sur perquisition avec CAPSAT, qui n’est pas destiné à faire cette tâche et non police judiciaire, et ne suivent pas les procédures légales,...juste pour calmer les extrémistes qui ne réclament que la vengeance,...
Lutte contre l’impunité, OK, mais, dans cette période d’émotion, on a tendance à autre chose, mais, non pas pour trouver la vérité.
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Salama djiaby.
Merci pour cette piqure de rappel au demeurant inutile et pourtant nécessaire à des extrémistes (bouchés comme isandra !)
Ce militaire s’ est donné 2 ans pour essayer de rétablir un semblant de normalité ( je ne dis pas inclusive & consensuelle) mais juste internationalement audible serait DEJA un bon point .
De préciser que ce militaire n’ a pas vocation initialement à diriger un Pays ( vous me direz que l’ arriviste 6e dan non plus), et suivi une formation qui n’ est pas particulièrement des plus démocratique, (oui chef, bien chef, oui chef : repos !) et adapter une version plus adaptée à un Pays n’ est pas du même ressort qu’ à celui d’ un régiment ...
Il a donc droit à erreur ce qui doit lui être accordé à condition qu’ il ait la sagesse d’ en tenir compte et le courage ou humilité de rectifier .
Il est également utile et nécessaire de préciser qu’ on ne peut jamais contenter tout le monde , et qu’ il y aura toujours des insatisfaits , le tout : qu’ ils soient minoritaires et tampis pour les quantités négligeables.
isandra vous avez eu plus que largement le temps pour montrer votre incompétence, votre obstination à défendre l’ indéfendable est non seulement méprisable, mais provocatrice voir ostentatoire (à l’ image des accoutrements entre autres : de celui que vous admirez) !
Vous avez plus que merdé, vous avez fauté et vous devez payer point barre !
Cessez d’ essayer d’ y échapper, de vous faufiler , de tergiverser & vous dandiner à trouver des circonstances atténuantes, elles sont irrecevables à plusieurs raisons !
1 votre mauvaise foi génétique, voir endémique vous rend inaudible
2 votre « autisme » dans le mauvais sens du terme à savoir rester sourd à la misère et appel à l’ aide de ceux que vous prétendiez diriger .
3 votre obstination à persévérer dans vos futilités, vous croire supérieurs à vos compatriotes et votre comportement hautain pour ne pas dire méprisant et ostentatoire, incompatible avec une « bonne gouvernance » et un respect qui se gagne et non s’ impose .
Pour ces (quelques) raisons, vous n’ avez absolument aucune circonstance atténuante, en plus d’ avoir épuisé plus que la patience et le temps qui vous a été accordé, vous en avez fait du « gâchis » pour rester poli et cela doit aussi se payer !
Vous méritez à votre tour de nous prouver que vous êtes heureux de vivre avec 2€ / jour sur les déchèteries Publiques, à attendre des heures pour avoir un jerrican d’ eau & un peu de lumière en plus de montrer votre fierté au monde entier à commencer par la SADC ...
On ne peut « moralement » voir décemment, laisser des individus avec votre mentalité évoluer en toute liberté dans une refonte « démocratique » sans s’ exposer à des sabordages, nuisances, risques de faire capoter l’ objectif, et vous voir venir la ramener : on vous avait prévenu et on a donc raison , particulièrement quand on a pu voir le coté prédateur/nuisible que vous nous avez montré coups bas et autres coups fourrés & tordus ...
Avant de soigner un cancer, il faut éradiquer les métastases, (voir les mettre hors d’ état de nuire) et vous en faites partie : ne vous en déplaise !
No mercy !
ASA FATSY KABARY
La Liberté aux ennemis de la LIBERTÉ ( ex pouvoir orange ) ?
La réponse est évidemment NON
La REFONDATION : Toutes les forces vives de la Nation opprimées jusqu’ici par la mafia de RAJOELINA, ainsi que tous les nouveaux acteurs soifs de liberté doivent y contribuer
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UNE REFONDATION SUR MAUVAISE BASE ?
Ici, confirme mon raisonnement, le vote des députés n’a aucun impact sur la décision de la HCC,
"La Haute cour constitutionnelle (HCC) a déclaré hier qu’il n’y a plus lieu de statuer sur la motion d’empêchement déposée le 15 octobre 2025 à l’encontre du président Andry Nirina Rajoelina, président de la République de Madagascar. Cette motion, datée du 14 octobre 2025, avait été signée par quelques députés dont Siteny Thierry Randrianasoloniaiko, maître Hanitra Razafimanantsoa, Gascar Fenosoa, accompagnée d’un procès-verbal de la session extraordinaire du 14 octobre 2025. La HCC a rappelé que selon l’article 52 de la Constitution, alinéa premier, « Par suite de démission, d’abandon du pouvoir sous quelque forme que ce soit, de décès, d’empêchement définitif ou de déchéance prononcée, la vacance de la Présidence de la République est constatée par la HCC ». Or, dans sa décision n°10-HCC/D3 du 14 octobre 2025, relative à une requête visant la résolution d’une crise politique, la HCC avait déjà déclaré la vacance de la présidence de la République.
Par conséquent, la Haute Cour considère qu’il n’y a plus lieu de statuer sur cette nouvelle motion d’empêchement définitif à l’encontre du président. Cette décision sera notifiée aux requérants ainsi qu’au président du Conseil présidentiel de la Refondation de la République de Madagascar, au premier ministre, au président de l’Assemblée nationale et au président du Sénat par intérim, avant d’être publiée au Journal officiel de la République."
Sur quelle base juridique a t elle PERMISE la HCC de transférer le pouvoir au Colonel ?
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« SUR QUELLE BASE JURIDIQUE » A-T-ELLE VALIDÉ LA NOMINATION D’ 1 FRANÇAIS À LA PRESIDENCE D’1 PAYS (soit disant souverain) ???
Toujours aussi minable & odieuse, persiste & signe : 2 PNEUS pour vous l’ enfoncer dans ... !
« La démocratie est donc un sujet sur lequel le colonel Mickael Randrianirina doit s’engager avec fermeté, alors qu’on ne l’entend pas beaucoup sur le sujet. »
C’est trop demander, la junte ne rime pas avec la démocratie, qui vient de bafouer le principe démocratique, le choix du peuple. Comment pouvez vous espérer de leur part la mise en place de vraie démocratie ?
La refondation part sur la mauvaise base,...
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C VOTRE MENTALITÉ QUI EST UNE MAUVAISE & PAS QUE BASE !
Oui, qu’ils se taisent !
Aujourd’hui, Ndimby A. et Patrick A ont de nouveau bien raison : il faudra bien plus que des ’’kabary’’. Qu’ils me pardonnent donc, d’en tenir un tout petit que nul n’est évidemment tenu de lire !...
La démocratie, au sens étymologique du terme (le pouvoir au peuple), n’a jamais existé, ni à Madagascar, ni ailleurs. La démocratie représentative, elle, fait ce qu’elle peut, là où elle existe. Et, comme ne l’a pas vraiment dit ce bon vieux Winston Churchill, ’’La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres’’. Non, non, il ne l’a pas dit ainsi mais il le pensait sans doute.
Toujours est-il qu’à Madagascar, la démocratie n’est qu’un gros mot, au mieux un artifice ou un miroir aux alouettes. La Grande Île rouge n’a jamais connu que de vagues monarchies déjà corrompues, puis une longue soumission aux colons et, ’’Indépendance’’ oblige, une infernale succession d’autocraties et de micro-dictatures.
En clair, aucun Malgache (exceptés ceux qui vivent ’’andafy’’) n’a vécu sous un régime respectant ’’réellement’’ le pluralisme politique, les libertés fondamentales, la tenue d’élections libres, régulières et transparentes, ni bien sûr la séparation des pouvoirs. La corruption, l’esprit clanique (appelez cela comme bon vous semble), l’appât du gain (pour soi et sa famille), l’ignorance de l’intérêt général et le mépris du ’’petit peuple’’ ont fait office du savoir gouverner et du respect de l’Etat de droit que devrait posséder le moindre élu. Certes, cela n’est pas propre à Madagascar. Et alors ? Pourquoi se contenter du pire qui se passe ailleurs ?
Il est donc plaisant, ainsi que ne cesse de le dire votre ’’Dadabe’’ préféré, de lire ce mot de ’’démocratie’’ au fil des posts imbéciles du consortium ’’Isandra’’ qui pense avoir des ’’raisonnements’’ (!). Donc, répétons-nous une fois encore : ’’Isandra’’ tu as perdu tout droit à user de ce terme ! Dieu te regarde et te lis peut-être (le pauvre...) et tu sera puni(e). Cul nul, la fessée ! Et pour l’éternité, of course.
Et puis, soyons fous ! Voici pour terminer une petite citation à l’intention de ceux qui, voici fort peu de temps, applaudissaient les gendarmes-tueurs du charismatique roitelet malgache : ’’Le sang d’un seul homme est d’un plus grand prix que la liberté de tout le genre humain’’. Cela date de 1766 et est dû à la plume de Jean-Jacques Rousseau, philosophe des Lumières ayant ouvert la voie à la Révolution Française de 1789 ( in ’’Lettre à la comtesse de Wartensleben, le 27 septembre 1766’’).
Au fait, ces tueurs-là, toujours gendarmes et fiers de l’être ? Toujours armés ? Toujours prêts à recommencer ?
PS - Une véritable démocratie à Madagascar sera possible, un jour, mais pas avec ceux qui l’ignorent depuis plus de soixante ans d’indépendance. Honte à eux. Qu’ils se taisent, enfin ! Bon, je crains de vous fatiguer... Bye et bisous à tous (ou presque).
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