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Dossier

Michael Jackson ou le parcours d’une comète (1è partie)

lundi 13 juillet 2009

Aujourd’hui, 13 juillet 2009, aurait dû normalement avoir lieu le concert le plus attendu de l’année : « This Is It ». Un spectacle qui annonçait le grand retour du King Michael et qui promettait comme à son habitude d’être grandiose, à l’instar de la « History World Tour » dont j’ai eu la chance d’assister le 27 juin 1997 au spectacle parisien. Les fans attendaient avec impatience ce come-back et, en 1h30 seulement, tous les billets des 50 spectacles prévus ont été arrachés, dont certains montaient jusqu’à 1 500 euros. Un véritable exploit à la mesure de ce que fut toute sa carrière.

Star planétaire

A l’annonce de la mort de Michael Jackson, le 25 Juin 2009, Mick Jagger saluait un génie, un artiste surdoué aux multiples talents : «  Le monde a perdu la plus grande des stars ». Mais au-delà de son art, le tour de force de Michael Jackson fut de toucher la terre entière. « Il était un bruit mondial, déclarait le philosophe JP Enthoven, gracieusement planétaire, identifiable à Bombay, à Famagouste, à Nairobi, à Tokyo, un rythme perpétuellement téléporté, un fond sonore universel. J’écoute maintenant le vacarme de son décès universel. » Le chanteur aux 750 millions d’albums vendus (chiffre revu désormais à la hausse depuis 2 semaines, où il pulvérise les records de ventes et de téléchargements) a su ainsi briser toutes les frontières en fédérant les Noirs comme les Blancs, les pauvres comme les puissants, en vérité, trois générations de fans. Toutefois, le qualifier de « bon chanteur » ou de « bon danseur » ou encore de « bombe scénique » serait réducteur, même s’il était tout cela.

Une grande figure de Droits civiques aux Etats-Unis, le Révérend Al Sharpton, à qui la famille avait confié la charge de « protéger le corps et l’âme du défunt », en clair, la charge des obsèques, affirmait avec conviction que par son rayonnement planétaire, Michael Jackson avait définitivement cassé les barrières et ouvert la voie aux Afro-américains pour atteindre le Panthéon non seulement du show-business, mais aussi du sport, de la télévision, et même de la politique. « Michael Jackson a été un des maillons qui a permis à un homme de couleur d’accéder à la charge suprême des Etats-Unis ». Il a fait beaucoup d’émules et suscité des vocations. Les artistes comme Usher, Jay-Z, Snoop Dogg, Ne-Yo, Queen Latifah, Akon, Chris Brown, Kanye West..., tout le mouvement Hip hop en fait, se réclament de lui. Et même les non-Afro-américains, comme son clone Justin Timberlake, Madonna ou Britney Spears...

C’est à tous ces titres et pour avoir contribué au rayonnement de l’image de l’Amérique, que le Congrès américain étudie actuellement une loi visant à élever le « King of pop » au rang de « Légende de l’Amérique » au même titre qu’un Abraham Lincoln ou un Roosvelt…

Sa grandeur : la perfection

Le billet de la tournée « This Is It », dessiné par Michael lui-même, devenu collector.

Ultra créatif, nourri très jeune des meilleures influences, il avait une grande force de travail et était porté par une ambition hors du commun. Devant les caméras, il semble timide, mais au lever du rideau, il se transforme en showman inégalé. Quincy Jones dit de lui : « C’était un beau jeune homme très timide, qui cachait une intelligence remarquable derrière ses gloussements et sourires. Mais sous cette façade, ne vous y trompez pas, il y avait un artiste ultra perfectionniste, dévoré par l’ambition de devenir le plus grand homme de spectacle au monde. Il voulait être le meilleur en tout, tout assimiler. Dans chaque domaine, il s’était inspiré de ce qu’il y avait de mieux pour se créer un style et un personnage sans égal ». Mais aucun travail n’aurait abouti à une telle réussite lumineuse sans vocation profonde : « C’est sur scène que je me laisse vraiment aller. Je me dis : « Nous y sommes. Je suis ici chez moi, c’est ici que je dois vivre, ici que Dieu a voulu que je sois ». Je me sens libre ». Un perfectionnisme qu’il a appliqué dans tous les aspects de sa vie, physique notamment. Mais on aura beau gloser sur ses multiples chirurgies esthétiques, c’est ce Michael Jackson mutant post-Motown qui fera son image et canalisera tous les désirs. Michel Houellebecq disait de lui : « Michael Jackson m’apparaissait comme la première vraie star de l’histoire du monde parce qu’il avait essayé de muter ; d’être quelque chose qui dépasse les catégories humaines ». Tandis que Jeff Koons notait qu’ « il y avait chez lui une certaine radicalité qui le poussait à ne pas laisser le temps au temps, à ne pas suivre le cours normal des choses, une volonté de transformation, de transcendance ». Un désir de transcendance qui faisait sa force, et sa faiblesse aussi hélas puisque ses détracteurs s’en sont largement servis pour le briser.

« Human Nature »

Le genre humain a cette fâcheuse manie de brûler ce qu’il adore. Mais l’appât du gain n’est pas non plus le moindre de ses travers, et peut exercer des effets tout aussi ravageurs, comme briser la vie d’un homme qui avait encore beaucoup à donner, ne serait-ce qu’à ses jeunes enfants. Et le désespoir d’une petite Paris aux obsèques de son père n’y changeront rien, puisqu’on continue de se gausser des supposés agissements pédophiles du chanteur. Et ce, en dépit du repentir de Jordan Chandler, celui par qui, en 1993, cette macabre légende arriva pour inspirer tous les candidats à l’extorsion de fonds. De fait, les 16 dernières années du chanteur furent une longue descente aux enfers.

Car hormis son honneur perdu, on lui a brisé son instrument de travail : ses mains et son dos. Or il semble bien que Michael n’a pas l’habitude de se produire sur scène assis sur un tabouret, même si on a pu le voir par ailleurs se déplacer en fauteuil roulant. Dans une interview, il racontait son arrestation : « Ils étaient supposés faire les choses habituelles : prises d’empreintes, me passer les menottes, etc. Mais ils ont été très brutaux. Ils m’ont déboîté l’épaule. J’ai constamment des douleurs et je ne peux pas bouger les bras. Si vous pouviez voir ce qu’ils ont fait de mes bras… ». Une photo prise après sa libération montre en effet un avant-bras tuméfié et complètement déformé. « Ce sont les traces des menottes, la façon dont ils ont attaché mes mains derrière mon dos. Ils ont placé mes mains de façon à me faire mal. Ca m’empêche de dormir la nuit. » Il y eut évidemment d’autres brimades, distillées habilement pour rester dans les limites de la légalité. Entre autres, l’épisode des toilettes dont les détails scabreux n’ont pas leur place dans ces colonnes.

Voici la déclaration tardive de Jordan Chandler : « Je n’ai jamais voulu mentir ou détruire la vie de Michael Jackson ; mais mon père m’a demandé de ne dire que des mensonges. Maintenant, je ne peux plus dire à Michael combien je suis désolé et savoir s’il me pardonne. (…) Maintenant pour la première fois, je ne peux plus mentir : Michael ne m’a rien fait ! Mon père m’a demandé de mentir pour être riche. » . L’autre judas, le journaliste Martin Bashir qui a déclenché le lynchage de la star au moyen d’images tronquées et de propos détournés de leur contexte, a fait lui aussi, mais trop tard, acte de contrition. Dans un mini-clip et le visage grave, il avoue n’avoir rien vu de suspect durant les 8 mois qu’a duré le tournage de « Living with Michael Jackson ». La vie d’un homme vaut-elle une simple excuse ?

Des ouvrages existent, qui démontent une machination contre la star. Parmi lesquels « Le Complot contre Michael Jackson » de la journaliste et écrivain Aphrodite Jones. Elle a assisté au procès et a pu avoir accès à tous les dossiers. Cet ouvrage détaille la vérité sur ce qui s’est passé à l’intérieur- et à l’extérieur- de la salle d’audience pendant le procès pénal très largement « sensationnalisé » de Michael Jackson en 2005. Un reportage de Larry Niemmer, « The Untold Story of Neverland », devrait sortir bientôt, qui mettra en lumière les failles d’un système qui peut mener de manière incontrôlable à la destruction d’une icône.

Le chanteur, quant à lui, a écrit une chanson autobiographique, « Childwood », qui explique son rattachement indéfectible à l’enfance, dont il n’a jamais guéri d’en avoir été dépossédé. L’enfance, qui représente pour lui la pureté, l’insouciance, le visage de Dieu. D’autre part, les multiples œuvres de charité dédiées aux enfants, dont la Fondation Heal the World, et dans lesquelles il s’est impliqué de façon têtue, témoignent clairement de cet engagement quasi politique. Il faut être assez pervers pour y voir autre chose…

« Private Home Movies »

Et pour faire taire définitivement les rumeurs, il nous ouvre sa porte dans « Private Home movies » pour montrer son vrai visage, ce qu’il est exactement dans son quotidien. Il nous fait ainsi découvrir ses archives vidéo personnelles, dans lesquelles on peut retrouver une série de documents inédits montrant son univers et ses centres d’intérêt sous un angle différent. On y voit une belle personne, totalement différente de ce qu’il est sur scène, et qui n’a rien à voir non plus avec celle que les journalistes présentent abondamment dans la presse comme un personnage louche. A Neverland, Michael n’est plus le Roi, mais le « Petit Prince », disait Brooke Shields. Jamais Diva ni arrogant, on y découvre un être d’une grande simplicité, accessible, attentionné, humble et généreux, désintéressé, qui aime l’existence, faire des farces et rire à gorge déployée.

« Beaucoup de gens ont des a priori à mon sujet alors qu’ils ne m’ont jamais rencontré. Ils ne me connaissent pas. Je me suis dit qu’il était temps de m’ouvrir à eux, de montrer qui je suis vraiment. Je suis juste Michael Jackson. »

Neverland

« Neverland est un endroit où j’ai l’impression qu’on peut retomber en enfance. C’est un endroit agréable. Il y a tant de choses à faire. J’ai toujours voulu posséder un endroit où on puisse être occupé toute la journée, avec un espace illimité… Je l’adore et je l’aimerai toujours. Je ne vendrai jamais Neverland. Vous savez, Neverland, c’est moi . Ca représente l’intégralité de ce que je suis. »

Il y a des habitués : Macaulay Culkin, Janet sa sœur, ses petits cousins… Mais aussi et surtout des enfants des quatre coins de la planète, défavorisés et/ou souvent très malades, qui arrivent par cars entiers, et qui l’appellent « Applehead ». Comme le petit Farkas, qu’il a vu lors de la visite d’un hôpital à Budapest et qu’il a sauvé grâce aux actions de son association pour lui trouver un rein.

« Quand j’ai un jour de repos, en général, je visite autant d’hôpitaux et d’orphelinats que je fais de concerts. Mais parce que c’est positif, la presse n’en parle jamais. Ils veulent des informations négatives. Mais je le fais de mon cœur.(…) on emmène des sacs de jouets, des posters, des albums et si vous voyiez à quel point ça transforme ces enfants ! »

Deux années plus tard pourtant, la police perquisitionne son ranch. 80 policiers entrent dans sa chambre, ouvrent son matelas à coups de couteau, cassent tout sur leur passage. Les lieux ont été salis, profanés. Il refusera alors d’y retourner. Il finira même par le vendre.

Carole Rajerison


A lire également : Michael Jackson ou le parcours d’une comète (2è partie)

2 commentaires

Vos commentaires

  • 13 juillet 2009 à 09:29 | racynt (#1557)

    Je suis pas une fanatique avérée de Mickael bien que j’aimais bien ses chansons et que je faisais partie de ceux qui un jour au moins dans leur vie a essayé d’imiter le moonwalk. Un jour dans un forum sur MT , un forumiste avait évoqué une phrase raciste qui m’a vraiment choqué « à vouloir blanchir un nègre, on perd sa lessive » au moins MJ a montré à la face du monde entier qu’un noir peut se blanchir sana perdre la moindre lessive et par la même occasion il a montré qu’étant noir de peau il n’est pas raciste envers les blancs. Merci à Mickael Jackson pour ça au moins.

  • 15 juillet 2009 à 01:36 | little_susie (#2872)

    Bonjour à tous,

    Tout d’abord, je tiens à remercier Carole et maman pour cet article rendant un très grand hommage à la légende « Michael Jackson ».
    Tout ce qui a été mentionné révèlent d’une grande justesse, au sujet de sa vie personnelle. Pour une fois que la presse a raison...

    J’étais un grand fan de Michael Jackson, comme vous pouvez l’imaginer, mais ça depuis mon plus jeune âge.
    En apprenant sa disparition, une partie de moi s’est envolé avec Michael Jackson.
    Je pense réellement, que « nous avons tous, en chacun de nous, un Michael Jackson ».

    Je préfère rester neutre au sujet de son décès, refouler mes sentiments, oui c’est ça... Car j’ai déjà tant pleurer pour lui, j’ai même pensé à le « rejoindre », ça me faisait tellement mal ; à partir de maintenant je dois admettre le fait qu’il soit parti, mais que la vie doit continuer...

    Voilà, j’espère qu’arrivera un autre jour, où quelqu’un pourra « suivre ses traces », comme l’ont fait 90% des chanteurs actuels.

    On en fini pas de le dire, mais encore merci pour votre soutien pour Michael Jackson.

    PS : Petite anecdote/
    J’avais 5 ans lorsque je commençais à écouter les premières chansons de Michael Jackson.
    Ce n’était même pas Carole qui m’a poussé à l’écouter au début, à vrai dire, C’ÉTAIT Naina, à l’époque de la sortie de « Bad » et « dangerous » (1993). Je me souviens encore du poster de Michael dans la chambre de Naina, en tenue de Bycker, ainsi que des disques 33 tours qui à l’époque faisaient déjà trembler les murs, lorsqu’on écoutait « Dirty Diana » « Man on the mirror » ensemble.

    Eh oui, malgré ce jour de deuil, il faut toujours garder de bons souvenirs, c’est ce qui vous font accrocher à quelque chose, sinon on s’effondre par terre.

    Voila...

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