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Opinions

Crash d’avion : serions-nous prêts ?

mardi 2 juin 2009 | Ndimby A.

L’organisation mise en place depuis hier par les autorités concernées pour gérer la situation du crash de l’Airbus d’Air France entre Rio de Janeiro et Paris est admirable. Une occasion de se poser la question quant à la capacité de Madagascar à gérer une telle catastrophe, dans le cas éventuel où elle survenait dans le pays ou dans ses eaux territoriales, ou encore si par malheur, Air Madagascar était concernée. Notons toutefois que la question se poserait avec autant d’acuité pour n’importe quelle Compagnie survolant ou desservant Madagascar.

Le premier point remarquable est le volet information. Quand on connaît la difficulté que notre compagnie nationale a pour informer correctement et prendre en charge les passagers sur un vol annulé ou retardé, on peut se demander comment elle ferait dans un cas autrement plus grave tel un crash. C’est pourtant dans ces moments que la compagnie concernée doit montrer qu’elle réagit avec professionnalisme et sérénité, malgré le coté tragique du contexte.

Le second point est l’organisation de la prise en charge des familles. Elles sont reçues à l’aéroport, assistées par des médecins et des psychologues, et leur hébergement est effectué dans les hôtels à proximité de l’aéroport. Déjà on se demande si logistiquement cela serait possible, au vu du nombre de chambres disponibles du côté d’Ivato. Si la crise politique a ramené les taux d’occupation des hôtels à des niveaux entre 0 et 20%, en temps normal, trouver des centaines de chambres ne serait pas possible. Et Madagascar possède-t-elle des psychologues spécialistes de l’assistance dans ces conditions, ou bien ce sont les médecins généralistes et les infirmiers qui vont pratiquer sur le tas ?

Le troisième point est l’organisation des recherches et des secours en mer. Nos forces aéronavales ne sont pas équipées pour, et devraient compter sur l’aide d’autres pays. Heureusement que nous avons des capacités pour le faire dans le voisinage (départements français de la Réunion et Mayotte, Afrique du Sud). Air Madagascar a déjà eu dans le passé des expériences douloureuses d’accidents d’avion, mais toutes se sont déroulées sur la terre ferme.

Mais derrière les ressources humaines, matérielles et logistiques, il y a la question des procédures. Il semblerait qu’Air Madagascar ait des procédures prêtes pour faire face à la gestion d’un crash. Selon un cadre de la Compagnie malgache, ces procédures ont été préparées pour passer l’audit IOSA de l’IATA, dont elle est titulaire depuis 2007. Même si on souhaite tous que ces procédures n’aient jamais besoin d’être appliquées, on se demande si la Compagnie serait réellement prête si le cas se présentait. Laisser la place à l’improvisation et à la panique serait la pire des choses.

Air Madagascar est-elle une Compagnie soucieuse de sa clientèle ? On se souvient de la polémique née la semaine dernière du vol dévié vers Dakar pour des raisons politiques, comme au bon vieux temps de la Seconde République, et qui ont créé beaucoup d’irritation de la part des passagers. Il semblerait également que les stewards et hôtesses (PNC) ont des velléités de se mettre en grève, selon des annonces de la Compagnie dans la presse. La situation économique peu reluisante dans laquelle Air Madagascar se trouve actuellement est certainement un effet pervers de la crise politique 2009. Mais le personnel de la Compagnie a aussi sa part de responsabilité.

De source interne, les actions des pilotes pendant la haute saison des vacances de Noel 2008 ont porté un rude coup à la trésorerie de la Compagnie, en l’obligeant à annuler de nombreux vols, et donc à héberger et à rerouter les passagers. Il est donc étonnant que cette grève des PNC soit dans l’air a un moment aussi critique pour Air Madagascar, qui tente de remonter la pente. Sans doute aussi faut-il y voir une action de déstabilisation de certains frustrés qui n’ont pas pu se placer au poste tellement convoité de Directeur général : comment en effet imaginer une grève pour revendications afin de faire pression sur Fidy Rakotonirina, nommé il y a tout juste un mois ? Le personnel d’Air Madagascar mettait tous ses malheurs sur le compte des Allemands qui géraient la Compagnie. Maintenant qu’ils sont partis, sur quel bouc émissaire va-t-il se tourner maintenant ?

Dans un tel contexte instable, on se demande bien si Air Madagascar a la capacité de se souder en bloc pour faire face collectivement au défi du redressement, ou éventuellement à la gestion d’une catastrophe aérienne. Qui peut le plus, peut le moins, dit-on. Mais qui ne peut pas le moins, peut-il le plus ? That is the question.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 2 juin 2009 à 09:56 | nyvo (#1800)

    tsy mahagaga raha migrevy etsy migrevy eroa, tany tsy misy fanjakana izao ka samy manao izay mahafalifaly ny fony. Noboriana kosa ny prime ndry zareo ko nahoana ry zareo no tsy higrevy ? nefa ry fat manao izay danin’ny kibony amin’izay tiany hanaovany ny avion. Tokony hi fampi comprendre hono fa crise izao de tsy tokony handray prime,fa ny olona angaha nangataka taminy hoe manaova coup d’etat ???

  • 2 juin 2009 à 10:50 | tsisy bleme io mandeha tsara (#1898)

    Mieux vaut prevenir que guerir, Air France est une compagnie qui ont beaucoup des accidents « poor safety records » par rapports aux autres pays developes comme British Airways et Lufthansa qui n`ont presque jamais du crash, pendant le crash de concorde en 2000, British Airways continue ses vols de concorde, tandis que AF a cloue au sol tous ses appareils, car le concorde de BA est bein maintenu selon les enquetes, si le concorde de AF est mieux maintenu, le crash n`aurait pas lieu ! concernat le crash de A330, la famille ont tres peu d`informations sur le crash du A330, un conseil ne prenez pas AF c`est une compagnie qui a une longue histoire de crash, celui de guadelope, le concorde, A330,Ottawa etc...prenez les avions plus sur comme Lufthansa ou British Airways. je ne vois pas la difference entre AF et MD et les services sur AF sont nuls !

  • 2 juin 2009 à 11:03 | sobika_the_one (#2351)

    Nous ne serons pas prêts face à une telle catastrophe !

    La gestion très politisée de la compagnie, ses finances aux abois ne sont pas de nature à rassurer le client que je pourrais être.

  • 2 juin 2009 à 11:32 | vahiny (#2240)

    Vous écrivez :

    « « on se demande bien si Air Madagascar a la capacité de se souder en bloc pour faire face collectivement au défi du redressement, ou éventuellement à la gestion d’une catastrophe aérienne. » »

    votre compagnie nationale, qui traverse une passe délicate , n’a pas besoin qu’on lui impute des tâches qui ne sont pas les siennes !!

    schématiquement , le travail d’une compagnie, c’est de faire voler les avions....en chouchoutant ses passagers , et en appliquant un ensemble de règles définies par le constructeur et par l’OACI (organisation de l’aviation civile internationale) en terme de maintenance, de procédures , de qualification des équipages etc , afin d’éviter qu’ils ne tombent ….

    dans l’hypothèse d’un accident , c’est à l’ état , (qui est membre de l’oaci) qu’incombe l’essentiel du travail , d’abord préventif : organisation de la navigation aérienne, équipement de secours des aérodromes etc , et , enfin , sauvetage , notamment si l’accident à lieu sur le territoire national

    les « petits » états , dont les moyens sont limités , sont souvent regroupés , notamment en Afrique dans le cadre de l’Asecna (Agence pour la sécurité aérienne en Afrique et à Madagascar » , laquelle , c’est vrai n’est pas unanimement appréciée .....

  • 2 juin 2009 à 12:33 | Citoyenne Malgache (#599)

    Juste par curiosité... (je peux survivre si je n’ai pas la réponse), peut-on savoir les données sur les accidents d’avion à Mada ? C’est pour savoir si statistiquement parlant, les vols d’Air Mad sont des vols à risque ou non, comparés aux autres compagnies de même taille.

    Je doute beaucoup de notre capacité à gérer une catastrophe aérienne, vu notre capacité à éteindre les incendies.
    Et d’ailleurs en parlant de pompiers, à part la brigade de Tsaralalana, il n’y a que celle de Tanjombato pour toutes les communes périphériques de Tana...ADEMA est parfois appelé à la rescousse, mais cela ne suffit pas. Parenthèse fermée.

    Cela dit, Ndimby soulève aussi la question du manque (ou de l’absence ?) de psychologues d’urgence à Mada. En particulier, les évènements apparus durant cette crise ont été traumatisants pour beaucoup, et laisseront sûrement des séquelles au sein de notre société. Malheureusement avoir recours à un psy n’est pas pas encore dans la mentalité mahari-pery des malgaches.
    Je me demande d’ailleurs, si les élèves du CEG Antanimena qui ont été agressés un certain jour durant cette crise ont pu bénéficier d’un soutien psychologique correct, à part un ahoana ? tsy naninona ? compatissant. Si oui, tant mieux...

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