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Editorial

Un nom, un patronyme

mercredi 18 juin 2008 | R. C.

En cette période de fête de l’Indépendance, le temps est venu pour ce pays de songer à changer de nom. MADAGASCAR ou MADAGASIKARA en malgache, voilà un patronyme bien encombrant et lourd à porter. Un héritage venu de nulle part et qui semble difficile à fructifier. Une rente qui ne profite pas, mais pas du tout, aux habitants. Les enfants de moins de dix ans ont du mal à prononcer ce nom. Les ado, eux, veulent tous le quitter carrément. Beaucoup d’entre eux caressent l’idée de partir ailleurs dès qu’une occasion se présente. Les grands ou les adultes font semblant de s’y sentir à l’aise mais leur cœur bat ailleurs. Un administrateur civil en activité mais qui a requis l’anonymat, a demandé au Bon Dieu « pourquoi, Seigneur (Dieu), tu m’as créé Malgache alors qu’il existe sur cette terre plus de six milliards d’êtres humains ? » Récemment, une vingtaine de journalistes de vingt nationalités différentes (camerounais, sud africain, namibien, ougandais, libérienne, malawite, nigérien, haïtien, américain, français, uruguayen, vénézuélien, hondurien, fidjien, samoan, philippine, kazakh, pakistanais, ouzbek, indonésien) se sont exercés à prononcer le nom de Madagascar. Aucun d’entre eux n’y est arrivé correctement qu’à la troisième tentative. Et encore. Une bonne moitié ne sait pas le localiser sur une carte du globe. L’autre moitié croit que le pays n’était pas une île. Pire, six d’entre eux ont découvert ce jour-là son existence. Et c’est la première fois que ces vingt journalistes ont vu un natif de l’île, en chair et en os.

Référendum

Certes, toutes ces raisons ne suffisent pas à elles seules pour changer le nom de l’île. Mais à la réflexion, il faut peut-être y penser le plus sérieusement du monde. L’actuelle appellation ne porte ni bonheur, ni bonne chance aux habitants. D’ailleurs, les Malgaches semblent être les seuls citoyens d’un pays qui ne donne pas son nom à ses habitants. La Réunion donne Réunionnais. Mauricien dérive de Maurice. Seychellois vient des Seychelles. Comoriens, des Comores. Sud Africain, d’Afrique du Sud, etc. Madagascar n’engendre ni Madagascarois ni Madagascarien mais …Malgache ! Bizarre. Re-certes, ce n’est ni une urgence, ni une priorité. Pour d’autres, il s’agit même d’un débat de salon. Un concours national en vue de donner un nouveau nom à l’île mobilisera par contre les énergies, les talents et l’imagination de tous. Donner un nom, c’est comme donner une vie. Donner un nom, c’est aussi créer et se rendre maître de sa « créature. » L’Homme n’est pas l’égal d’un zébu à qui il a donné ce nom. Il a pouvoir sur la faune et la flore et sur ses autres « créations » telles les voitures, les maisons, les écoles, les rues… précisément parce qu’il leur a donné un nom. Les habitants de ce pays doivent reprendre le pouvoir afin d’attribuer un nouveau patronyme à l’île sur laquelle ils vivent. Ils sont appelés à réinventer un avenir qui appartient au futur. Et à tourner la page.

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