Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 29 mars 2024
Antananarivo | 07h41
 

Société

AMPATSAKANA

Un croissant fébrile

vendredi 19 septembre 2008 | Franck Raj

Avec plus de 1000 toits et 3082 habitants dont 1640 femmes et 1440 hommes, le quartier d’Ampatsakana a la forme d’un croissant, voire une banane. Le nom d’Ampatsakana vient du nom « là où l’on puise de l’eau » et qui lui fut donné par la bourgeoisie Merina au XIXe siècle. Ce thème fut repris par l’administration coloniale. Dans le temps, le terrain où se déroulent en ce moment les principales activités de réparation de véhicules était une immense écurie de chevaux. On y voit encore bon nombre de maisons à l’architecture traditionnelle merina. Mais la plupart sont dans un état de délabrement avancé, faute d’entretien. De nos jours, le quartier s’enorgueillit de ses bâtiments administratifs modernes à étages, pour ne citer que de celui de la CNAPS ou de l’immeuble gris de la cité des assureurs. Le quartier concentre le plus grand nombre d’instituts de formation et d’écoles pour une petite superficie, entre autres, la prestigieuse CECOM douanière, la Farandole, Maharitra, le Petit Poucet, etc. Traversée de part en part par l’ancienne route en courbe d’Arivonimamo (l’artère couramment utilisée par les taxi-brousses des lignes d’Atsimondrano), cet axe délimite ce quartier coincé entre les buttes d’Isoraka à l’Est et la vaste plaine d’Ampefiloha à l’Ouest. On dit qu’Ampatsakana est un quartier semi-résidentiel prenant parfois l’air d’une petite campagne perdue à l’intérieur d’une grande capitale, mais qui souffre d’un manque cruel de plan d’urbanisme.

Construction illicite

Les escaliers du quartier ont subi des rénovations.

Dans la période post-coloniale, les constructions sauvages et illicites se sont multipliées à un rythme fou. D’après Charles Rakotonavalona, le président du fokontany, toutes ces cases en bois appartiennent à la Seimad. Résultat, bon nombre de lieux d’habitation s’enchevêtre dans un amalgame pervers où la porte d’un W.C d’un tiers fait face sans aucune honte à la salle à manger d’autrui. « Nous voulons que la ségrégation des lieux règne dans notre quartier afin d’éliminer cette juxtaposition contre-nature de village à l’intérieur d’une ville comme Antananarivo. Ampatsakana est une localité urbaine. Ceux qui choisissent donc d’élever des cochons ou des canards peuvent retourner à la campagne », avance encore Y.A, un autre habitant du quartier depuis 25 ans et dépité par le chaos urbanistique. Une habitante dont les ancêtres y ont habité durant pas moins de trois générations se plaint de l’ingérence des autorités communales dans les affaires du fokontany concernant l’utilisation des canaux d’évacuation. Actuellement, nombre de cohabitants voient mal le fait que les nouveaux entrants au sein du fokontany déversent leurs eaux sales, par le truchement de canaux creusés à la hâte, sous les fondations des immeubles, voire dans la cour des anciens résidents.

Insécurité

Les terminus de taxi-be, sources de problèmes d’hygiène et de moralité.

Par ailleurs, le terminus des taxis-brousses d’Atsimondrano pose d’énormes problèmes d’hygiène et de moralité. Le président du fokontany lance donc un appel à la commune pour qu’on le déplace ailleurs. « Non seulement, ces transporteurs accaparent une grande superficie, mais leur personnel est souvent prompt à utiliser des mots orduriers qui sont préjudiciables à nos écoliers », assure Charles Rakotonavalona. La nuit, ce sont les sans-abri ou 4’mis qui perturbent la tranquillité des habitants. Ces derniers se parlent aussi dans des langages les plus sales. Les autres communes ont refusé de les accueillir et le problème demeure pour Ampatsakana.

Pour se rendre dans les centres d’affaire et administratif qui le surplombent, Ampatsakana bénéficie de trois escaliers publics qui ont récemment fait l’objet d’une rénovation par la Cua. Or, l’existence de ce type d’équipement équivaut toujours à une notion d’insécurité dans notre capitale. Le chef de quartier raconte alors qu’un gang composé de dix hommes armés de kalachnikov arpentent parfois ces escaliers, la nuit venue. Cette absence de sécurité reste donc un problème irrésolu et qui ne fait pas dormir Ampatsakana sur ses deux oreilles.

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS