Les journées de Dimanche et Lundi auront sans doute été parmi les plus sombres des ondes malgaches : à l’issue de ces deux jours, Radio Antsiva et Radio Don Bosco étaient les deux seules stations existant à Antananarivo à pouvoir diffuser des informations.
La radio catholique et celle appartenant au Groupe Prey se retrouvaient alors devant une obligation morale extrêmement délicate : afin d’éviter de se retrouver devant un néant dont on pouvait pressentir qu’il ne serait que la source d’un chaos encore plus grand, il leur fallait continuer de parler de la situation politique et laisser les opinions s’exprimer.
Mais en même temps, il leur fallait gérer l’excitation, voire la haine, qui avaient été à la source de la disparition de leurs confrères Viva, RNM, TVM, MBS.
Radio Don Bosco choisissait d’éviter de trop ressasser les informations, et donnait libre parole à des courants divers appelant au calme et à la modération, essentiellement issus des sociétés civiles et religieuses.
S’engageant davantage, Radio Antsiva donnait une plus large place aux événements et acceptait de diffuser des opinions plus « politiques » de tous les bords, ce qui permettait tant à Andry Rajoelina qu’au président Marc Ravalomanana de parler en direct à plusieurs reprises sur cette station.
Dans les régions, beaucoup de stations préféraient rester sur leur réserve, notamment après les avertissements des autorités locales à l’encontre de radio Feon’i Mania (Ambositra) et Ravinala (Manakara).
Un semblant de normalisation est depuis intervenu, avec la réapparition successive de Radio Viva, RNM, Radio Mada, TVM et Viva TV.
Mais si les émetteurs diffusent, certes avec une qualité technique encore perfectible, les contenus eux restent très hésitants.
Handicapées par la lourdeur des moyens techniques nécessaires, les chaînes télé, y compris celles n’ayant pas subi de dégradation, diffusent surtout des films et des clips musicaux. Les radios renaissantes, quant à elles, semblent encore rechercher leur nouvelle place.
On attend beaucoup à ce titre des deux « vieilles dames », la Radio Nationale et la Télévision Malagasy qui seules ont les moyens d’une diffusion nationale et qui peuvent contribuer à réunir toutes les régions autour d’un tronc commun d’informations.
Ces attentes restent pour l’instant déçues, car malgré les espoirs émis par les salariés de la TVM pour un traitement plus équilibré de l’information, les informations diffusées par cette chaîne proviennent encore quasi exclusivement du clan présidentiel.
