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Editorial

Service public veut dire au service du public

mercredi 11 novembre 2009 |  3243 visites  | Patrick A.

De l’avis des journalistes des chaînes de radio et de télévision publiques RNM et TVM, 2009 fut la pire année de leur histoire. La RNM et la TVM furent les premières victimes du fameux « Lundi Noir », celui du 26 janvier 2009. Quelques heures après le démantèlement de l’émetteur de Radio Viva, les studios de la RNM et de la TVM étaient pillés et brûlés par une foule qui était censée se rendre au Tribunal d’Anosy voisin. Jusqu’ici, personne n’a revendiqué ces destructions, et la réprobation a été quasiment unanime, notamment face à la destruction des archives de la Radio, véritable patrimoine national. C’est tout un pan de l’histoire politique, culturelle et musicale du pays qui est ainsi parti en fumée.

« Plus jamais ça » se sont promis les journalistes de la chaîne, ayant le sentiment de payer un tribut disproportionné pour un environnement politique qui leur échappait. Et ils ont juré de faire à l’avenir leur travail en toute indépendance.

Force est cependant de constater que ces mêmes promesses avaient été également formulées en 1991 ou en 2002. Et que aujourd’hui, malgré quelques efforts visibles et louables, l’écoute de RNM ou de TVM ne convainc guère en matière de pluralisme. Le déséquilibre entre les temps d’antenne accordés aux différentes sensibilités est significatif, et les présentateurs de journaux résistent rarement à la tentation de glisser des commentaires tenant plus du militantisme politique en vigueur il y a quelques mois sur la place du 13 mai que de l’information.

Aux yeux de bon nombre de professionnels des médias, le problème de nos chaînes publiques est avant tout un problème de culture d’entreprise. Lorsqu’ils sont confrontés à des critiques quant à l’orientation partisane de leurs journaux, les journalistes de ces médias publics ont tendance à se réfugier derrière leur statut de salarié, et à avancer que si MaTV, VIVA ou MBS reflètent les vues de leurs propriétaires, la RNM et la TVM doivent refléter celles du gouvernement, même en l’absence de consignes formelles.

Ces propos dénotent une certaine confusion entre État, gouvernement et Nation. Les temps présents obligent à rappeler que les médias du service public sont au service du public. Aujourd’hui plus que jamais, la RNM et la TVM doivent être les symboles d’une transition effectivement neutre, inclusive, pacifique et consensuelle.

Si la multiplication des médias privés est un des éléments du pluralisme, cette année 2009 aura démontré que les médias privés peuvent être en certaines circonstances davantage partie du problème que de sa solution. Et l’Italie de Silvio Berlusconi nous rappelle qu’en matière de médias, après le monopole de la loi, il n’en est pas de plus dangereux que celui de l’argent. Un service audiovisuel public crédible et pluraliste peut être un précieux élément stabilisateur et modérateur dans un paysage médiatique.

Et puisqu’il faut être concret, on peut faire remarquer qu’on aura vu beaucoup de têtes et de voix de journalistes qui étaient autrefois familiers de l’audience refaire cette année leur apparition sur les ondes publiques. Preuve que tout ce petit monde avait dû patienter « dans les placards » de la RNM et de la TVM, et qu’il y a été vraisemblablement remplacé par ceux qui occupaient il y a peu le devant de la scène sur ces mêmes médias. Il y a donc place au moins pour une deuxième chaîne de radio publique, qui serait à la fois complémentaire et concurrente de la première, et qui contribuerait à casser l’image de pensée unique associée à ces grandes dames des médias malgaches. À condition évidemment que les deux chaînes aient au minimum en patrimoine commun une réelle éthique journalistique et une conception claire de l’honnêteté intellectuelle.

8 commentaires

Vos commentaires

  • 11 novembre 2009 à 09:12 | georges Rabehevitra (#3099)

    Cher Patrick,

    C’est comme l’Administration en générale. La politisation à outrance de ces organes, qui devraient être au service du public et non des politiques, a gangrené complètement la manière de penser de toute une génération. Vous y ajoutez la ’’grande période socialiste’’ (droit d’inventaire du PSD et de l’AREMA ?) et vous complètez le tableau du désastre.

    Je suggère aux journalistes de la TVM et RNM de commencer par une vraie revue de presse, y compris celle en ligne. On peut même commencer par les journaux étrangers si on a peur d’être jugé partial.

    Par ailleurs, de temps en temps, la conférence de rédaction devrait s’ouvrir, à une audience extérieure (public ou jounalistes) afin que l’on puisse savoir quel est le processus de décision au niveau de cette rédaction

    c’est juste une suggestion

    • 11 novembre 2009 à 15:16 | Bena (#2721) répond à georges Rabehevitra

      quoi qu’on raconte, ce sera toujours la voix de son maître, et adoptera le dialecte du ministre de tutelle !
      c’est l’endroit où il y a le plus d’emplois fictifs. il faut qu’ils embauchent Elysé de l’Express maintenant et la boucle sera bouclée.

  • 11 novembre 2009 à 10:49 | balawasy (#3461)

    A mon humble avis tous les journalistes de RNM et TVM devront faire dans un premier temps une totale remise en question de leur pseudo professionnalisme et un véritable auto critique.

    En effet les genres d’évènement comme le « lundi noir » n’arrivent pas tout seul mais sont le résultat de frustration qui explose à un moment ou à un autre...

    C’est leur manière de « fonctionner » même qui doit être changée.

    Dorénavant assurer un travail de pédagogie de longue haleine, développer l’esprit de critique de ses auditeurs et arrêter une bonne fois pour toute de jouer au béni oui oui des gens au pouvoir.

    Tant que des changements de comportement ne sont par constatés à l’antenne on ne s’en sortira jamais !

    A écouter et voir les récentes réactions de ces même journalistes tout juste après les accords d’Addis-Abeba il est malheureux de noter qu’il y a encore du chemin à parcourir...bon courage quand même.

  • 11 novembre 2009 à 12:16 | Odon (#708)

    Je pense qu’il est maintenant temps de donner aux medias prives l’opportunite d’etendre leurs entennes dans tout Madagascar. Les vahoaka ont droit A des informations fiables et vraies pour leur education, leur epanouissement...Cela permettra aussi d’edifier la democratie tant evoquee ici et la. Le probleme est que lorsqu’on ne fait pas encore parti du pouvoir on voit bien les « madilana ho tentenina » mais une fois arrivE au pouvoir, non seulemnt on monopolise les medias publiques, mais aussi on n’hesite pas de penalyser, voir fermer ceux qui ne partagent pas son ideologie ou tendance. Meme le journaliste de carriere comme Gilbert Raharizatovo a perdu son identitE et sa qualitE de journaliste en s’etant livrE dans la politique politicienne A la Malagasy. Comment voulez vouz qu’un ministre qui n’est pas journaliste pense A faire passer les codes de la communication si un ministre journaliste ne pense qu’ A proteger son interet personnel ??? C’est bien dommage et tres « mahamenatr’olona ».

  • 11 novembre 2009 à 12:27 | maminah (#2788)

    Claude Lévy-Strauss, le père du structuralisme et de l’ethnologie moderne, est mort il y a une dizaine de jours. Pour la petite anecdote, il aimait à raconter son enfance passée dans la maison de son grand-père rabbin, car son père, peintre, avait du mal à joindre les deux bouts. Mais à l’occasion de L’Exposition coloniale de 1939, son père a reçu une grosse commande pour le pavillon de Madagascar. Avec les 5000 francs qu’il a empochés, la famille a pu enfin s’acheter une maison, dans la région sauvage à cette époque des Cévennes. C’est là, d’après ses propres mots, qu’il eut à 15 ans la révélation de la vie sauvage, qu’il approfondit, dix ans plus tard, chez les Bororo alors qu’il enseignait la philosophie au Brésil. C’est, avec Tristes Tropiques qui relate ses observations chez les Indiens du Brésil et les peuplades d’Asie, le début d’une science qui va bouleverser les échelles de valeur et contribuer à l’affirmation des différentes fiertés nationales. Madagascar, qu’il n’a jamais connu, semblait tenir un rôle décisif dans son cheminement intellectuel, et donc l’évolution de l’histoire du monde. Serions-nous donc les seuls à ne pas aimer notre pays au point de ne jamais respecter son histoire ?

    Qu’est-ce qu’une société primitive ? C’est une société sans écriture. Une société qui n’a laissé aucun patrimoine écrit ou architectural. Seulement un quotidien immuable, émaillé de rites et de mythes fondateurs qui aident à lui donner une fragile structure...

    Madagascar est un des rares pays à prendre plaisir à régresser à cet état dit « primitif », en réduisant systématiquement en fumées, à chaque frémissement de colère, au moindre assaut d’une frustration, les tabernacles de notre histoire. L’Hôtel de ville et ses précieuses archives en mai 1972. Le Palais de la reine et ses inestimables trésors en tant qu’archives vivantes, en novembre 1995. La RNM et la TVM, avec leurs archives glanées au long de décennies et qui n’ont malheureusement pas leurs doubles ailleurs, en janvier 2009...

    Comment les Malgaches peuvent-ils mettre sur le même pied d’égalité une Radio Viva certes festive, et un monument d’histoire comme la TVM ? 2002 n’a connu curieusement (mais c’est bien là toute la différence de mentalité) que des dégâts d’infrastructure, commis justement non pas par les insurgés mais par le pouvoir en déroute, qui faisait sienne la politique de la terre brûlée ou le « après-moi-le-déluge ». Qui préférait réduire Madagascar en feu et en cendres dans une sorte de folie meurtrière... Néron, le roi fou, se rappelle malheureusement trop souvent à nous.

    C’est bien pour cela que nous réitérons que la foule n’est pas le peuple malgache : seul lui, par son vote, décidera de ce qui est le meilleur pour lui...

  • 11 novembre 2009 à 12:30 | RABERENE (#3227)

    Ny sehatry ny serasera dia mitana anjara toerana lehibe @ fiainam-pirenena iray.Tsy mahagaga raha niharan-javatra toa ireny io sehatra io nandritra ireo fotoana rehatra nisy olona teto amin’ny firenena.

    Fotoana tokoa izao hanokafana ny hadi-hevitra mikasika io sehatra io.Amiko mantsy ny olana dia mbola resaka sehatra hilalaovana , arofanina ihany ary indrindra ny fitsi-pidalao.

    Amiko izany ny mahamaika dia fametrahana tsara ireo rehetra ireo aloha :Apetraho ny lalana @ antsipirihiny mifehy io sehatra io,ampitaovy manara-penitra ny RNM sy ny TVM, omeo ny fahaiza-manao araka ny tokony ho izy ny mpiasa. Rehefa vita angamba ireo rehetra ireo vao ,tokony hisokatra @ fifanina araka ny lazain’ i Patrik.

    Misaotra an’i PATRICK nanokatra ny adihevitra ary manantena sahady ny TRANSITION tarihiny PRESIDENT Andry RAJOELINA hanokatra ny vava-asa amin’io sehatra io.
    Mahereza e !

    • 11 novembre 2009 à 13:27 | RAKOTOZANANY (#3245) répond à RABERENE

      Il y a journaliste et journaliste, est-ce que nos supposés journalistes compatriotes le sont vraiment ?
      Il faut une vraie formation de journalisme au pays si l’on veut avancer comme il faut.
      Sinon on n’arrêterait pas ici de se faire encore des commentaires, mais que voulez-vous, le mal malagasy est là, à l’image du pseudo- président : « j’ai un peu d’idée et de l’argent, je vais renverser le régime, car je peux être soutenu par des petits malins, qui peuvent en profiter également »
      Alors tant que cela subsiste, les « a-peu-près » et les magouilles en tout genre ont encore de beaux jours devant nous. Rien ne sera normal, effectivement, pourquoi est-ce que je vais me casser les couilles sur les bancs de l’école alors qu’il suffit d’avoir de bons complices et de trover un business qui rapporte pour devenir détenteur de pouvoir !!?????
      Je ne souhaite que me tromper, mais je crois malheureusement avoir raison.

  • 11 novembre 2009 à 17:10 | Tonton Mamy (#2460)

    Bonjour,

    Je prend ce dit Patrick :« ....la RNM et la TVM doivent refléter celles du gouvernement, même en l’absence de consignes formelles ».

    A mon avis ce qui s’est passé,ce qui se passe aujourd’hui mais j’éspère qu’il ne se passerait plus ,c’est de « L’AUTO-CENSURE »,choisit par tous les journalistes des médias publics.

    Par exemple , ...je ne vais pas dire ça parce ca ne va pas plaire à mon chef.

    Ou encore : si je dis un tel ou un tel propos , cela risque ma mutation aileur,que j’ai pas envie pour le moment.

    Alors que m^me le chef n’a jamais affiché une note de service qu’il faut pas dire celà ou ceci et que la mutation d’ un personnel n’était jamais à cause de ses paroles ou discours en éditorial.

    Mais c’est de l’autocensure.

    Ils osent dire des choses justes et c’est le gouvernement en place,que ce soit Ratsiraka,Zafy ou Ravalomanana qui étaient coupable.

    Il en est de même sur le régime de la HAT , face à la brutalité de certains éléments qui soutienent ce régime , les journalistes s’auto-censurent car ils se sont habitués . Avant ils avaient peur d’une demande d’explication ou une mutation qui ,ni l’une nil’autre ,ne s’est jamais réalisé , maintenant en plus de ça ils ont peur de kalacknikov , que j’en suis sur qu’aucun journaliste n’a jamais subit des menaces , armes à la main , pour dire ou ne pas dire quelque chose .

    Mais la réalité ,et tout le monde a vu,ce sont les menaces de certains militaires mutins armés,quand ils sont en pleines missions,de ne pas prendre des photos et d’enregistrer leurs actions par les gens présents,que ce soit journaliste ou paparazzi.

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