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vendredi 29 mars 2024
Antananarivo | 13h38
 

Politique

Négociations de sortie de crise

La prudence est de mise

mardi 24 février 2009 | Ndimby A.

L’optimisme ou l’enthousiasme sont encore à proscrire concernant les négociations débutantes entre MM. Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Une première rencontre ne signifie pas nécessairement que la fin de la crise est proche. Souvenons-nous qu’en 2002, une première réunion avait eu lieu entre MM. Ratsiraka et Ravalomanana en Février, puis les deux se sont rencontrés à Dakar en Avril, puis encore en Juin. Il a fallu le mois de Juillet pour que la crise soit considérée comme finie. Et s’il est vrai que le plus grand voyage commence par un pas, la route peut encore être longue. En effet, les contraintes qui pèsent sur les négociations sont nombreuses.

Le gouvernement de transition
 

Tout d’abord, les thèmes à aborder. Si un consensus semble se former sur la mise en place d’un gouvernement de consensus entre les deux parties, les détails rendent l’opération difficile. D’abord, quel Premier ministre ? Si Charles Rabemananjara a déjà virtuellement un pied hors de Mahazoarivo, il n’est pas évident que Monja Roindefo en ait un dedans. Le poste fera l’objet de marchandage, et le « Premier ministre de transition » actuel est peut-être trop marqué par son cachet insurrectionnel pour faire l’unanimité. D’un autre coté, Andry Rajoelina risque de pouvoir expliquer difficilement à ses partisans qu’il lâche quelqu’un qui l’a soutenu au plus fort de la lutte. Monja Roindefo a aussi l’avantage d’être originaire des côtes, ce qui le positionne avantageusement par rapport à d’autres candidats qui pourraient être de consensus comme Zazah Ramandimbiarison, plus expérimenté, plus crédible et ayant de bonnes relations avec les bailleurs de fonds. Mais il ne faut pas oublier que dans une large frange de l’opinion publique, Monja Roindefo reste celui qui a mené la foule vers le Palais d’Ambohitsirohitra, après un simulacre folklorique de démocratie directe à la réponse assurée. Toutefois, il est bien connu que toute révolution a besoin de martyrs, et que s’il en manque, il faut se donner l’occasion d’en fabriquer.
 

La même problématique va se poser concernant les ministres aux postes-clés ou les fameux ministères de souveraineté nationale. On imagine déjà la foire d’empoigne (pour des raisons différentes) sur plusieurs portefeuilles qui intéressent chaque camp : les Finances (le nerf de la guerre et l’accès à des dossiers sensibles), les Affaires étrangères (l’assurance d’un rayonnement international), l’Intérieur (le contrôle des prochaines élections) ou encore la Défense nationale ou la Sécurité publique (contrôle des forces de sécurité).

Les sujets qui fâchent
 

De plus, Andry Rajoelina a créé plusieurs chevaux de bataille qui sont autant de sujets qui fâchent, et sur lequel le consensus sera difficile à trouver. Le plus important d’entre eux est la répression de la marche sur le Palais d’Ambohitsirohitra. L’équipe d’Andry Rajoelina tente de la présenter comme gratuite et injustifiée, et exige des comptes en se basant sur une déclaration du Secrétaire général des Nations Unies qui demande le jugement de « toutes les personnes responsables ». Ce que Andry Rajoelina fait semblant de ne pas voir, c’est que son équipe (à commencer par Monja Roindefo) figure parmi les responsables, malgré les arguments populistes et fallacieux utilisés pour se dédouaner.

De ce qui précède, il découle que beaucoup de choses vont les séparer. Ce qui les force à discuter ensemble va donc être essentiel. L’insistance du FFKM, qui voit peut être dans cette médiation une dernière occasion de se racheter de son flirt plus que poussé avec Marc Ravalomanana. L’avertissement des « majeurs de l’armée », et la démonstration à travers la reprise des ministères par l’EMMONAT que l’Armée ne basculerait pas aussi facilement qu’espéré par Andry Rajoelina. Les informations de plus en plus inquiétantes dans les régions qui montrent qu’un accord à Antananarivo ne sera pas nécessairement suivi. Et enfin, le comportement de certains « dinosaures » de la classe politique qui commencent à montrer leur frustration de ne pas être associé aux débats sur la transition. Tout cela peut favoriser l’apparition d’une troisième voie qui nuirait aux deux.

Par contre il y a un point sur lequel ils devraient en principe s’accorder, c’est la question des exilés politiques. Beaucoup d’entre eux attendent de Andry Rajoelina qu’il facilite leur retour, à commencer par celui de Pierrot Rajaonarivelo. Or un tel retour irait à l’encontre de l’intérêt des deux, car M. Rajaonarivelo serait à coup sur un adversaire de taille pour les prochaines élections, et M. Rajoelina risque de voir le pouvoir pour lequel il s’est battu lui échapper. Il est vrai qu’il a déclaré sur RFI ne pas être intéressé, mais on sait également qu’en politique, les promesses n’engageaient que ceux qui y croyaient.

 
Des ego hypertrophiés

 
Toutes les personnes interrogées ont fait part d’une ambiance cordiale ou respectueuse lors de la première entrevue de Samedi dernier. Les personnalités des deux protagonistes, caractérisées par une forte hypertrophie de l’ego, va également être un facteur majeur que les ray-aman-dReny du FFKM vont devoir gérer.

A ceci s’ajoute que Marc Ravalomanana est convaincu du bon droit que lui confère la légalité, et que Andry Rajoelina s’est érigé en porte-parole de la population malgache sur la base de 10.000 à 50.000 personnes rassemblées sur une place publique de la Capitale. De plus, la mise en présence de l’un, dirigeant autoritaire de près de 60 ans, et l’autre, adolescent rebelle de 34 ans, ne donne pas beaucoup de prise à des valeurs communes. Le conflit de génération entre deux personnes qui pourraient être père et fils pourrait donc s’envenimer, surtout qu’ils ont tous deux démontré qu’il leur manquait souvent l’appui du Saint-Esprit.

9 commentaires

Vos commentaires

  • 24 février 2009 à 10:44 | ghralais (#114)

    Tres bonne analyse. J’ai toutefois l’intuition que ces reunions risquent de n’etre qu’un petard mouille. La difference avec l’entrevue Ratsiraka-Ra8 en 2002, c’est que il y avait un relatif equilibre entre les deux hommes, voire le challenger (Ra8) etait en position de force. Actuellement le challenger Rajoelina ne fait pas le poids devant son aine, voire son presque pere, Ra8, comme vous le disiez dans votre dernier paragraphe. Vous y croyez vous a un gouvernement de transition. Pensez vous reellement que cela soit concretement possible.Imaginez que les ministres qui furent nommes par le president actuel ne faisaient pas long feu exceptes ceux consideres comme les tres proches. La seule alternative pour Rajoelina c’est de pouvoir reintegrer sa mairie (s’il y arrive) et de retravailler tout l’ensemble de son dossier,, il a encore le temps, et le temps peut travailler pour lui.

    • 24 février 2009 à 12:56 | RAKOTONIRINA Aubertine (#154) répond à ghralais

      Je ne donnerai aucun crédit à Andry Rajoelina. Depuis qu’il est maire, Antananarivo n’a pas évolué en matière d’hygiène et de propreté. S’il n’a même pas réussi à assainir la ville, en politique je doute de son efficacité. Ca ne me dirait rien d’être dirigé par un ado contestataire.

    • 24 février 2009 à 16:14 | Ndimby_A (#444) répond à ghralais

      Merci infiniment de vos remarques. Je pense malheureusement comme vous. Un accord ne sera pas facile à appliquer. Même si ce gouvernement de transition (ou d’union) voyait le jour, il era difficile de croire qu’il aura l’esprit d’équipe nécessaire. De plus, ce gouvernement se trouverait de facto dans un contexte pré-électoral, ce qui risque de raviver les tensions internes..

  • 24 février 2009 à 15:06 | king58 (#342)

    Faly miarahaba antsika izay manaraka ity eto @ Madagascar-Tribune ity.Misaotr’azy indrindra mampita vaovao,ary koa afahan’ny rehetra maneho ny heviny eto,amiko manokana dia i Andry Rajoelina mihitsy no mahatonga izao fikorotanana izao,ny fiainan’ny Vahoaka Malagasy miha-sarotra hatrany,vao miato kely ny fikomiana eny @ 13 Mai dia hita fa mihaina,ary mahazo aina ireto vahoaka maroan’isa,indrindra ny eo @ Sécurité.Ataoko agamba fa dia hanararaotra ny hisintona ny Vahoaka Malagasy mandritra ny 3 Taona ambiny,ny Filoha Ravalomanana,hanao izay asa hivelaran’ny Malagasy,mba ho mandry ny sainy ny amin’ny fiainany manaraka.

    • 25 février 2009 à 09:20 | Mosa47 (#461) répond à king58

      King58 affirme : « amiko manokana dia i Andry Rajoelina mihitsy no mahatonga izao fikorotanana izao ».
      Saingy raha ny mba fahitako azy kosa dia isan’ny rangory fototry ny afo sady antony lavitarazo ny tsy fahaiza-miahino nisy teo amin’ny fitondrana efa ho herintaona mahery izay, na izany aza anefa dia tsy afaka tokoa ingahy Andry Rajoelina. Koa azo heverina ho vaholana mahomby ny fifampidinihan’ny rao tota. Nefa dia tsara ho marihina koa fa tena zava-dehibe tsy maintsy hanaovan’ny Fanjakana ezaka goavana amin’ny sisa ny fahaiza-mihaino ny tenin’ireo mpitondra Fiangonana sy ny mpitandronifilaminana ary ireo mpitsara sy ny mpanohitra eo koa ireo sociétè civile sy ny vahoaka eny ambanivohitra, ankoatry ny eto Antanànarivo izay samy manana ny heviny momba ny fandehan’ny raharaham- pitondrana. Be tokoa ireo tsy faly amin’ity fanendrena PDS lava ity, sy amin’ny tsy fahazoany mifidy mivantana ireo olona hifehy azy toy ny eny amin’ny fokontany ohatra.

  • 24 février 2009 à 19:40 | bodida (#175)

    king 58>
    Mitovy hevitra aminao koa aho !
    Fitakiana tokony ho nijanona teo Ambohijatovo rangahy ko lasa nitatra be toy ireny ! Izao izahay tsy maninon-tsy maninona indray no mifafa ny kihonay @ vidim-piainana sy ny tebiteby @ tsy filaminana !

    Mba re misaina tsara rey olona o ! te handroso ve isika e ! Ataovy ny fitakiana fa ataovy @ fahamendrehana toy ny any ivelany ka tsy manohintohina ny fahalalahan’ny hafa !

    Mino aho fa i andry rajoelina sy ny tanora koa tia an’i Madagasikara !
    Misaotra

    • 24 février 2009 à 20:24 | barykely (#392) répond à bodida

      Ekena fa ilaina ny fitandremenana @ ny atao rehetra.
      Amiko dia ny fanarahana ny ara-dalana no fitandremana tsara indrindra.
      Hanao ahoana isika ao aoriana ao raha
      izay mpanakorontana rehetra dia ifam-
      piraharahana ?

  • 24 février 2009 à 20:48 | Feno (#347)

    J’ai beaucoup apprécié :« le Père,le Fils, et le fait qu’il manque le Saint Esprit ».Cette remarque:sans aucun dénigrement de la religion chrétienne dont les représentants font ce qu’ils peuvent pour que les tensions s’apaisent.En effet,dès le début des évènements il était d’emblée évident qu’un 3ème personnage serait la clé du problème posé d’un côté par Ravalomanana et de l’autre par Rajoelina.Le 1er usé par le pouvoir,
    malgré des réalisations qui amélioreront sans doute le niveau de vie des malagasy à long terme,a trop souvent oublié que l’on ne vit ni dans le passé,ni dans le futur : mais ici et maintenant.Malgré sa légendaire patience et bienveillance la population malagasy pense à juste titre qu’elle aurait dû bénéficier des effets de la croissance quand elle était là.Sans avoir jamais été cigale,même pas fourmi : elle est restée un minuscule moustique obligée de errer deci delà pour sa subsistance .Et maintenant ...? Le 2ème, manifestement plus communicant et médiatisant que vrai politique visionnaire et charismatique a déjà grillé les quelques cartouches qu’il avait.Encore jeune et déjà encombré d’un lourd fardeau:alliés suspects,
    ascension « fulgurante » suspecte,
    fortune phénoménale suspecte, tout ceci faisant de lui l’otage d’éléments pas toujours bien intentionnés qu’il aura du mal à maîtriser.La seule chose qui pourrait attendrir le coeur d’une mère est ce côté impulsif.Mais le terrain politique n’a rien à voir avec le sein maternel.Alors quid du 3ème personnage qui dénouera la crise ?Interdiction de sortir aucun des anciens dinosaures des différents musées ou maisons de retraite dorées où ils coulent certainement des jours heureux et sans remords.Surtout ne pas réveiller chez eux les dernières gouttes de testostérone qui les inciteraient à des ambitions aussi déraisonnables que bêtement belliqueuses ou égoïstes.Ainsi par exemple:la demande pour l’autonomie des provinces n’est ni dans l’intérêt général,ni à l’ordre du jour (CRN).Par ailleurs,malgré le nom prestigieux et la stature de son défunt père:Monja Roindefo s’est fourvoyé en s’embarquant dans le mauvais convoi.Pour Madagascar,
    l’urgence est la stabilité,la continuité des efforts entrepris pour développer le pays,le rétablissement de vraies institutions démocratiques,la transparence de la gouvernance,la détermination des responsabilités pour les morts de janvier et février 2009,le bilan économique mais aussi au niveau des libertés.Retour aux priorités fondamentales de la population :
    travailler,vivre de son travail,pouvoir réaliser ses projets,se soigner,
    s’éduquer et éduquer ses enfants.
    Peut-être trouverons-nous ce 3ème personnage dans ce cadre,engagé depuis de longues années(15-20ans)dans l’action pour le développement :
    agricole,social,sanitaire...

  • 25 février 2009 à 20:52 | Ralita (#487)

    Super article !

    M. Rajoelina est coincé maintenant. A force de promettre des choses impossibles, on finit par tomber dans son propre piège.

    Quelque soit l’issue de la négociation, sauf démission pure et simple de M. Ravalomanana, M. Rajoelina sera le perdant et sera perdu devant ses partisans. Ceux-ci risquent de continuer la « lutte » jusqu’au bout... sans lui.

    M. Rajoelina a réussi à avoir tous les ingrédients nécessaires pour une révolution : des casseurs, de nombreux partisans, un rêve, des martyrs et surtout un adversaire qui est riche et affairiste. Si accord il y a, il risquerait de ne pas maîtriser le feu qu’il a allumé et que les dinosaures récupèreront très facilement son mouvement.

    On voit là qu’il lui manque encore de l’expérience et qu’il est tellement fougueux qu’il a déjà agit en dictateur.

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