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International

Liberia / Sierra Leone

La Haye : En attendant le verdict du procès Taylor…

mercredi 25 avril 2012

(MFI/ 23.4.12) Coupable ou non coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Charles Taylor devrait connaître la réponse des juges de la Cour spéciale pour la Sierra Leone, ce 26 avril. Cinq ans après son ouverture en juin 2007 à La Haye, retour sur les moments forts du procès.

S’il est jugé coupable, une nouvelle audience aura lieu d’ici quelques semaines pour prononcer sa peine. L’ancien chef de guerre, Charles Taylor, ex-président du Liberia, est poursuivi pour 11 charges de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, pour avoir soutenu, armé et financé, les rebelles du RUF, le Front révolutionnaire uni, coupables des pires atrocités dans les années 90 en Sierra Leone. Même si la Cour Spéciale pour la Sierra Leone n’a jugé que 9 personnes pour les atrocités commises pendant cette sanglante guerre civile, il y a au moins eu une forme de Justice... Ce qui n’est pas le cas du Liberia voisin où la guerre civile a été tout aussi sanglante, mais où les victimes n’ont eu ni justice ni réparation.

« Rendre justice au peuple de Sierra Leone »

« Si Dieu le veut, je reviendrai », avait dit Charles Taylor le 11 août 2003 en quittant le Liberia. Assiégé par les rebelles du LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) à Monrovia, et sous la pression de la communauté internationale, le président du Liberia avait alors accepté de démissionner et de s’exiler au Nigeria. Son procès s’est ouvert quatre ans plus tard à La Haye, en juin 2007, après un long combat des ONG pour le faire arrêter.

« Si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour rendre justice au peuple de Sierra Leone », avait dit à l’époque le Procureur Stephen Rapp, donnant ainsi le coup d’envoi du procès Taylor, qui va commencer par un contre temps de quelques mois : l’ex-président libérien a limogé ses avocats, assurant qu’il n’a pas les moyens de se payer une défense efficace. Depuis, c’est le charismatique avocat anglo-jamaïcain Courtenay Griffiths et son équipe, tous payés par la Cour, qui assurent sa défense.

Taylor aurait planifié la création du RUF dès les années 1980

Tout l’enjeu de ce procès est bien de prouver les liens entre l’ex-président du Liberia et les rebelles du RUF en Sierra Leone. Au total, une centaine de témoins sont venus à la barre à La Haye – dont 94 pour l’accusation. Des victimes venues évoquer les atrocités du RUF, comme ce pasteur qui raconte avoir vu ces rebelles exécuter une centaine de civils, dont un enfant. « Le petit garçon pleurait, et il criait. Il leur demandait : « Mais qu’est ce que j’ai fait ? » Eux ne répondaient rien. Ils ont pris son bras droit, l’ont placé sur un tronc d’arbre et avec une machette, ils l’ont amputé au niveau du poignet. Puis ils ont fait pareil avec le bras gauche. »

Une trentaine d’individus ont témoigné, présentés comme des proches de Charles Taylor, et censés avoir connu le système de l’intérieur, comme Moses Blah, ancien vice-président du Liberia. D’après l’accusation, Taylor a planifié la création du RUF dès les années 1980 avec Foday Sankoh. Avec l’influence et le contrôle qu’il avait sur eux, il ne pouvait ignorer les crimes commis par les rebelles.

Naomi Campbell et l’affaire du diamant

Pour la Défense, 21 témoins se sont présentés à la barre, dont Charles Taylor lui-même. Barbe de trois jours, lunettes aux verres fumés et costumes élégants, il a été le premier à prendre la parole en 2009 : « C’est incroyable qu’on ait fait une telle description de moi, avait-il dit. Je ne suis pas coupable de tout ce dont on m’accuse. » Pendant plusieurs mois, il s’est présenté en pacificateur de l’Afrique de l’Ouest, en victime d’un complot des puissances occidentales visant à l’écarter du pouvoir. La Défense assurait même qu’il avait usé de son influence pour pousser les rebelles sierra-léonais à négocier la paix.

Mais le témoin qui a attiré les foules, c’est Naomi Campbell. Citée à comparaître par le procureur, le top model a reconnu les faits : elle avait reçu un diamant des mains de Charles Taylor en 1997 à l’issue d’une réception chez Nelson Mandela en Afrique du Sud.

Charles Taylor aurait donc offert un gros diamant brut au top model Naomi Campbell ! Grace à cette anecdote, le procureur entendait prouver que l’ancien président libérien avait sur lui, en 1997, en Afrique du Sud, des diamants bruts… Et donc qu’il aurait pu s’en servir pour acheter des armes aux rebelles sierra-léonais du RUF qu’il aurait fourni. Charles Taylor nie avoir eu sur lui des diamants.

Force est cependant de constater que les dirigeants africains ne se sont pas bousculés pour venir le défendre. Dans sa prison de Scheveningen, où il attend depuis plus d’un an son jugement, l’ancien maître de Monrovia a eu tout le loisir de méditer sur la politique et l’amitié. Selon Courtenay Griffiths, « la grande majorité des dirigeants africains que nous avons approchés tenaient surtout à se distancier de Charles Taylor. Il a été surpris, parce qu’il connaissait ces gens personnellement et pensait pouvoir compter sur eux. »

MFI / Avec Sarah Tisseyre

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