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Société

Organisation sociale

« Il faut inverser la pyramide »

mercredi 27 octobre 2010 |  1271 visites  | Mona M.
M. Adolfo Brizzi, Country manager de la Banque Mondiale, lors de son intervention.

« De la Banque Mondiale, vous avez l’habitude d’entendre des discours sur les grands équilibres macro-économiques ou l’inflation. Je vous propose aujourd’hui d’inverser la pyramide, et de nous intéresser à son socle, aux gens qui en constituent la base, c’est-à-dire aux plus pauvres, qui représentent 68% de la population malgache ». Adolfo Brizzi, Country manager de la Banque Mondiale, a commencé ainsi son intervention à la conférence-débat sur le thème « Organisation sociale : une vue du bas… pour aider le haut », qui a eu lieu mardi 26 octobre 2010 à l’Institut supérieur de travail social, à Andoharanofotsy.

Le secteur privé ne s’est jamais intéressé aux pauvres, qui ne représentent pas un marché. Quant au secteur public, s’il prend diverses initiatives dans la lutte contre la pauvreté (services, fonds sociaux, banques agricoles…), il le fait sans réelle efficacité, et le voit comme un octroi de faveurs dont les populations doivent être redevable. C’est le constat qu’a dressé Adolfo Brizzi, qui propose d’inverser cette logique. Selon le Country manager, il faut un nouvel organigramme, qui fasse du peuple un secteur à part entière, arbitre entre le secteur public et le secteur privé. Ce secteur du peuple, ayant pris conscience de sa puissance en tant que plus grande banque de votants, pourrait exiger des pouvoirs publics une meilleure gouvernance et plus de redevabilité. Organisé, rassemblé, fédéré, le secteur du peuple pourrait constituer un immense marché, compétitif, et accéder aux banques.

Pour arriver à ce résultat, Adolfo Brizzi préconise une action en deux temps. D’abord, le « software » : il s’agit de mettre en place non pas des institutions pour les pauvres, comme il en existe déjà des dizaines, mais des institutions des pauvres. Ces institutions doivent se baser sur la solidarité et la cohésion sociale, et donc concerner à la base de tous petits groupes qui se connaissent bien (familles, voisins…). Il s’agit ensuite de fédérer toutes ces associations sur différents niveaux : district, région, province… Une fois que cette organisation sera mise en place et que les nouvelles institutions auront démontré leur fiabilité et leur capacité d’initiative, elles pourront êtres aidées via le « hadware », qui consiste à mettre des biens productifs dans les mains des pauvres et à offrir des opportunités de génération de revenus.

L’exemple indien

La Banque Mondiale a élaboré ce modèle d’organisation « par le bas », qui semble si éloigné de ses schémas habituels, d’après la réussite de l’expérience de l’État indien d’Andhra Pradesh. Dans cet État de 60 millions d’habitants, le gouvernement a décidé en 2000 de mettre l’accent sur les groupements de femmes, encadrés par une agence autonome. 809 800 groupes d’entraide pour l’épargne et le crédit ont été mis en place dans 34 850 villages, et chaque groupement avait des délégués au sein du village, lui-même en ayant à la représentation du sous-district, et ainsi de suite. Huit ans plus tard, ces femmes, à majorité illettrées, étaient devenues une clientèle crédible pour le secteur privé et bancaire : même sans garanties et collatéraux, le taux de repayement est de 95%, car la pression sociale au niveau des groupements de base ne permet pas de fuir ses responsabilités. Résultat, les banques ont prêté 3 milliards de dollars.

Devant ce succès, les habitants d’Andhra Pradesh ne se sont pas arrêtés là, et ont pris en main la gestion des écoles, le placement de leurs jeunes ou encore le système de sécurité sociale ; ce qui a révolutionné l’attitude des pouvoirs publics à leur égard : ils y ont gagné respect et redevabilité. « C’était vraiment une petite révolution », commente Adolfo Brizzi, qui ajoute : « Ni le gouvernement ni nous à la Banque Mondiale n’avions pensé que cela prendrait une telle ampleur ».

Des dangers qui guettent Madagascar

L’organisation qui s’est faite depuis la base en Inde peut se faire également à Madagascar, selon Adolfo Brizzi. Cependant, il convient d’être prudent, car les « requins » guettent. Le Country manager de la Banque Mondial se refuse à toute naïveté : « Beaucoup de gens ont intérêt à laisser les gens dans la pauvreté, car tant que les gens sont pauvres et désorganisés, c’est plus facile de les exploiter ». Il faudra aussi se méfier d’une part du risque de vouloir diriger le processus à partir de l’administration publique, et d’autre part des tentatives de récupération politique. Le manque d’infrastructure, la faible pénétration des services financiers et la faiblesse du processus de décentralisation sont d’autres handicaps qu’il faudra surmonter pour une organisation de la base de la population malgache.

5 commentaires

Vos commentaires

  • 27 octobre 2010 à 07:59 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Banque mondiale,FMI,les ONG /PAUVRETE DES PEUPLES ????

    Veulent -ils vraiment aider les « PAUVRES » ?????Allez-voir en HAITI.........en 2010.

    Basile RAMAHEFARISOA

    b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 27 octobre 2010 à 08:18 | N.R. (#2958) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      Les banques ne prêtent qu’aux riches et la BANQUE mondiale ne fait pas exception. Le reste n’est que du palabre !

    • 27 octobre 2010 à 09:03 | Boris BEKAMISY (#4822) répond à N.R.

      La Banque mondiale a rapatrié son representant resident à Madagascar pour cause de soi_disant crise

      Qu’elle attende le retour à l’odre consitutionnel pour therioser ,à nouveau,sur la pauvreté à Madagascar. Quand on tourne le dos , on se garde d’etre bavard.

      Elle(La Banque) aussi et ses erreurs d’approche qui se ramasse à la pelle depuis des decennies a contribué à cette pauvreté qu’elle thematise avec delectation.

  • 27 octobre 2010 à 15:30 | ikopa (#671)

    Marina ve aloha izany zavatra lazainy izany sa tsia e !

    Misy tokoa izany fikambanam-behivavy nahazo fampindramam-bola 3milliard de dollards izany ?

    Mety misy fomba azo anamarinana azy ve izany fanambarana ataony ato izany ? Fa raha toa ka marina izany, inona moa no misakana antsika tsy hiezaka mba manandrana koa ? Ary raha tsy mba misy manome antsika ny vaovao toa izany ahoana no haharahantsika ny fivoarana misy eo @ fiarahamonina erak’izao tany izao ?

    Aza mba finaritra mitsikera fotsiny re ianareo ry « manan-tsaina » fa mba izay hahaavotra ny bado atao.

    Toa misy lolom-po manokana anananareo @ io sampan-draharaha iray io na ny fiarahamonim-pirenena dia izay teneniny akorainareo fa hitera-doza avokoa !

    Ny fahendrena angamba dia raha tsy mahita tsikera mitombona hoenti-manitsy ny ambarany ho « soa fianatsa ro mahavokatsa » isika dia aleo re MANGINA.

    Ny manan-tsaina ihany re no anarina e !

  • 27 octobre 2010 à 15:46 | che taranaka (#99)

    Cycliquement les économistes et autres matière grise sortent des idées pour nous faire sortir de la misère :économie libérale,capitaliste,socialiste,kéneysienne etc......tribu,association,région,sous région,continent...

    Et arrivent la mondialisation,la biodiversité..et le micro-crédit...

    Il est toujours important de pouvoir analyser la reussite ou l’échec des uns et des autres dans l’enrichissement et le développement de chaque pays,chaque nation.

    La Banque mondiale donc, avec cet exposé de Mr A Brizzi, fait une démonstration d’un système,d’une méthode qui a réussi en Inde,au Burkina ou dans certains pays de l’amérique latine..

    Il y a plusieurs façons de développer le pays et qu’importe si le chat est noir ou gris ,l’essentiel c’est qu’il attrape la souris (chinois) ...???(une question)

    Dans notre cas je dirais pourquoi pas ?....vu que notre pays est dans une voie plus que désespérante..

    Mais ,d’abord, pour que celà ait la chance de réussir celà nécessite plusieurs paramètres.Je ne veux pas évoquer ici ces paramètres car ce sera long pour un forum mais celà a trait par rapport à notre histoire :fokonolona,la colonisation ,le rapport de classe ..

    Mais ,ensuite, notre philosophie même par rapport à la richesse est aussi différente:nous cherchons à vivre seulement au jour le jour ,comme les indiens de l’amazonie et n’avons pas forcément la culture de l’accumulation de richesse qui appelle la richesse ,vis sans fin de l’économie industrielle et son vice aussi ..!

    Une Nation civilisée n’est pas obligatoirement synonyme d’accumulation de richesse.

    La richesse d’un pays peut se traduire par une certaine cohésion,égalité,solidarité...justice et justice sociale...paix sociale..

    Et comme il dit un forumiste le problème de Madagascar aussi c’est une redistribution inéquitable de la richesse.Ce sont toujours les mêmes qui manipulent l’économie ,la politique et le pouvoir et y tirent profit sans une politique d’une égalité minimale et sans une vue à long terme de ce que celà peut provoquer de néfaste pour la société entière ...mais peuvent-ils faire autrement vu que la démocratie est inconnue de ce bataillon..ils pensent plutôt à leur futur exil qu’à un futur Etat juste et de droit !

    Une remise en question de l’accaparation des richesses par les cac40,les karanas,les sinoas,les chinois et quelques compradores complices ou pas des premiers cités,avides d’argent et attitudes injustes par rapport à leurs compatriotes est donc plus que JUSTE !!!.

    Une remise en question par la prise de conscience des uns et des autres des composants de la société malagasy serait l’idéal .

    Car notre union dans la démocratie et la république signifierait aux grands groupes et aux étrangers que nous sommes crédibles et ne pouvons qu’être puissants et forts !

    Cette union ne sera que l’expression de notre philosophie et de nous -mêmes...Une UNION qui nous reconcilie avec notre passé et notre être ;un défi..car le christianisme,le colonialisme,le néo-colonialisme,le matérialisme,la révolution socialiste,la télévision et la mondialisation sont passés par là..

    Un système économique classique où chacun est à sa place avec un souci de cohésion sociale et une reconciliation avec nous-mêmes peuvent aussi résoudre finalement cette misère..

    ...pour le moment on patauge dans « une politique crade » où certains nous épient avec compassion ,d’autre avec un regard amusé,d’autre encore moqueur...où la fin du tunnel est loin et pour la classe moyenne(s’il y en a encore !) et surtout pour les 85% qui crèvent de faim et sans logis..

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