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Economie

Viande bovine

Exportation incertaine

samedi 23 août 2008 |  1646 visites  | Léa Ratsiazo

L’abattoir d’Antananarivo repris par le groupe Tiko, les « valabe » mis aux normes sont les signes d’une volonté de reprise en main de la filière bovine avec comme objectif à long ou à court terme l’exportation de viande. Mais rien n’est encore gagné, vu les difficultés techniques et phytosanitaires imposées par le marché international notamment européen. Les « valabe », une sorte de ranch à l’américaine devraient permettre de mieux contrôler les bétails sur le plan sanitaire tout en réduisant le vol. On sait que c’est la traçabilité, depuis l’élevage jusqu’à l’exportation en passant par l’abattage reste au cœur du problème de la filière bovine à Madagascar.

Déjà, quand Madagascar bénéficiait encore (jusqu’en 1997) du protocole 7 de la Convention de Lomé qui lui donne accès au marché européen, il n’a pas pu remplir totalement le quota de 7 579 tonnes alloué. Depuis 1997, les services vétérinaires de la Commission Européenne imposent un embargo aux produits d’origine animale provenant de Madagascar (embargo levé depuis pour les produits halieutiques) et donc à l’agrément d’exportation vers l’Union Européenne. Parmi les raisons évoquées, la non- application de la législation de l’inspection des viandes, le manque d’indépendance des services vétérinaires, la non-identification des bovins et donc leur non certification (traçabilité), la levée du périmètre de sécurité concernant le charbon dans la zone d’Antsirabe.

Système d’épidémiosurveillance

Pour pouvoir de nouveau exporter, le pays doit remettre en place des zones indemnes de maladies ce qui suppose un système d’épidémiosurveillance efficace et un laboratoire vétérinaire permettant de réaliser les diagnostics nécessaires ; mettre en place un système de traçabilité informatisé de chaque animal destiné à
l’exportation ; installer ou réhabiliter des abattoirs conformes aux standards de l’UE.

Les coûts de remise aux normes d’un abattoir pour l’exportation et de création de zones sanitaires et de mise en œuvre de la traçabilité des bovins sont très élevés. Ils sont estimés entre 7,5 à 10 millions d’euros. Cependant le quota de 7500 tonnes représente (à 4,000 Ar/kg FOB) 30 milliards d’ariary de recettes d’exportations potentielles. On reconnaîtra qu’un abattoir agréé peut également être utilisé pour l’approvisionnement des grandes surfaces locales.

Le protocole vise à permettre aux Etats ACP exportateurs traditionnels de viande bovine le maintien de leur position sur le marché de la Communauté et à assurer ainsi un certain niveau de revenu à leurs producteurs. Il permet une réduction de 92 % des droits à l’importation, autres que les droits de douane, appliqués à la viande bovine originaire des Etats ACP pour les quantités suivantes exprimées en viande bovine désossée : Botswana 8 916 t, Kenya 142 t, Madagascar 7 579 t, Swaziland 3 363 t, Zimbabwe 9 100 t et la Namibie 13 000 t. Or Madagascar n’a pu exporter qu’entre 435 tonnes et 3500 tonnes de 1995 en 1997, année de l’embargo. Le protocole viande bovine est prolongé jusqu’à cette année. Mais son avenir est incertain. Jusqu’ici Madagascar n’a pas pu lever l’embargo. La négociation, si elle aura lieu, s’annonce plus difficile d’autant que les réformes successives de la PAC (politique agricole commune) ont fait baissé le prix de la viande européenne la rendant de plus en plus compétitive sur le marché européen.

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- La filière bovine

Le cheptel malgache est estimé à 8 millions de têtes. 850 000 ménages, soit 4 millions de personnes environ, feraient de l’élevage de bovins. Il s’agit majoritairement d’un élevage contemplatif, même s’il existe quelques fermes d’élevage intensif sur les Hautes Terres. Cet élevage est concentré sur la Côte ouest jusqu’au Sud de Vohémar et à l’extrême Sud de l’Ile. La production de viande bovine décroît depuis 30 ans. Elle est estimée à 120 000 tonnes vers 2004 contre 135 000 tonnes en 1970. Cette diminution de la production s’explique notamment par la baisse des effectifs dans les années 1980 et 1990, le vol de bétail (sport national) et la dégradation des pâturages. Parmi les autres contraintes à l’élevage, la contrainte sanitaire est majeure, comme le témoigne l’embargo qui frappe l’exportation de viande et en particulier de viande bovine depuis 1997. Le manque d’infrastructures d’abattage respectant les normes sanitaires qui explique aussi cet embargo. Enfin, la difficulté d’accès au crédit rend difficile l’achat d’animaux et de nourriture pour ceux qui souhaitent intensifier leur production. En conséquence, la consommation ne cesse de diminuer, elle est estimée, aujourd’hui, à maximum 8 kilos par habitant et par an.

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