Les hommes politiques malgaches nous ont habitués à l’escalade. Du moins à l’escalade verbale.
À un coup d’un côté doit rapidement répondre un coup de l’autre. Les foules et certains de nos lecteurs en deviennent de ce fait particulièrement prompts à s’enflammer, appelant aisément à une insurrection armée ou à des coups de poing défoulatoirs.
Pour d’autres personnes, les mots « escalade à Madagascar » évoquent plutôt le massif du Tsaranoro (à proximité d’Ambalavao et du massif de l’Andringitra). Depuis le milieu des années 90, l’endroit attire des varappeurs très motivés du monde entier. Certains passages encore vierges sont considérés comme faisant partie des plus difficiles de la planète.
- Les dernières longueurs d’une voie appelée “Tough Enough”.
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Qui a choisi d’affronter ces difficultés extrêmes sait bien qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Attention aux descentes aux enfers... Et l’on ne s’attaque évidemment pas à n’importe quoi sans expérience.
De l’expérience, nos hommes politiques et la communauté internationale ont sans doute fini par en acquérir un peu. Les réactions à la formation unilatérale d’un gouvernement par la paire Andry Rajoelina et Monja Roindefo n’ont pas été passives, loin de là. La SADC, l’Union Africaine et la France y sont toutes allées de leur mot pour déplorer ou condamner ce geste. Mais le souci semble être de tenter d’éviter une nouvelle escalade.
La SADC a rejeté et condamné fermement les agissements unilatéraux qui violent l’esprit des accords de Maputo. Mais le communiqué final du sommet de Kinshasa n’évoque que par allusion les derniers gestes d’Andry Rajoelina, souligne aussi les progrès déjà obtenus, et a confirmé la mission de médiation de Joaquim Chissano. On retiendra donc que la SADC appelle les uns et les autres à reprendre le dialogue en respectant l’esprit de Maputo. Le président mozambicain Armando Guebuza qui va diriger le conseil de défense et de sécurité de la SADC déclare continuer à penser qu’une solution durable sera atteinte d’ici peu.
Le langage de l’Union Africaine est également ferme pour condamner une violation des accords de Maputo. Mais le Conseil de paix et sécurité met surtout en garde contre la montée de la tension, et si Ablassé Ouédraogo évoque sur les ondes de RFI la possibilité de sanctions ciblées dans les prochains jours, il insiste sur le fait que le seul cadre consensuel demeure la Charte signée à Maputo.
On se doutait un peu que la France serait la plus tiède dans ses réactions face à l’attitude d’Andry Rajoelina et Monja Roindefo. Plutôt que de condamner, elle regrette, mais se joint aux organisations continentales pour demander un schéma de sortie de crise consensuel et durable.
L’opposition locale à Andry Rajoelina semble être sur la même longueur d’onde. Les trois mouvances ne se précipitent pas trop pour créer leur propre gouvernement unitaire. Cette temporisation ne peut pas être imputée à la seule nécessité d’aplanir quelques questions de leadership. Et si l’opposition tente d’exprimer sa force à Ankorondrano ou à Ambohijatovo, l’heure n’est clairement pas encore aux grands défilés de rue ou aux conquêtes de ministères. L’actualité du moment, c’est plutôt un Zafy Albert qui réinvite les autres mouvances à retourner d’ici dimanche à la table de négociation en se conformant à l’esprit des accords de Maputo.
Une étroite fenêtre reste donc ouverte. À Andry Rajoelina et Monja Roindefo de choisir entre nouveau sommet ou descente sans rappel.
Vos commentaires
Puisque l’abîme que Rajoelina et Roindefo n’est pas encore assez profond pour eux qu’ils veulent y aller , tenter d’y escalader plus loin ! mais ils verront bien ce qu’ils y attendent .
L’entrée en force de Rajoelina et consorts, c’est comme la sodo. Au début on essaie et c’est les prostestations. On reessaye avec force puis douceur, sans arrêter d’insister. Les protestations s’amoindrissent jusqu’à tordre son esprit que finalement c’est beau. Il n’y aura jamais d’intervention concrète à part les regrets.
ouille ouille ouille un spécialiste de la sodo dans le camp d’en face !! A croire le propos du clap(to)man de service d’hier, je croyais que les « mauvaises odeurs » venaient uniquement de notre camp. Je suis sûr qu’il va intervenir dans la journée pour moraliser la vie du troupeau des MOUTONS bêêêêêê !!
Et puis les Ndimbettes doivent être aux anges surtout quand çà vient d’un certain ALOKA MAMONO (!!).
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! moi,je me sauve car j’ai peur d’une OMBRE qui arrive à l’improviste dans mon dos.
C’est malin de filer à rabri & co l’occasion de me faire un retour à l’envoyeur !!!
:-(
des gens comme rabri s’alignent systématiquement sur une pensée, ils divisent le monde en bien et mal et ne prennent plus la peine de réflechir à ce que les autres leur proposent. on sent une certaine anxiété à affronter une réalité. il y a tant à faire ! tout le monde doit mettre du coeur à l’ouvrage.
Bonjour Patrick A., tu dis
« On se doutait un peu que la France serait la plus tiède dans ses réactions face à l’attitude d’Andry Rajoelina et Monja Roindefo. Plutôt que de condamner, elle regrette, mais se joint aux organisations continentales pour demander un schéma de sortie de crise consensuel et durable. »
Une phrase que j’ai retenue dans la réaction de la France en allant sur le lien que tu as mis :
« La France, comme ses partenaires de la communauté internationale, continue de demander aux différentes parties malgaches de s’engager dans un schéma de sortie de crise consensuel et durable. »
Pourquoi ils ont dit « comme ses partenaires de la CI » ? comme pour se défendre de n’avoir que ça comme réaction ?
J’ai vu les 2ers épisodes de 24h chrono 7ème saison hier soir et ce que j’en ai retenu :
Les Nations Unies ne font que sanctionner mais n’interviendront jamais !
Seule la décision d’intervenir viendra du pays qui souhaite restaurer ou aider le pays en conflit à marcher vers la Démocratie...
Oui oui je sais, ce n’est qu’un film, ma fille me l’a souvent répété à une époque mais ça reflète quand même quelque part la réalité...
De par son statut unique à l’échelon international et les pouvoirs que lui confère sa Charte fondatrice, l’Organisation internationale des Nations Unies peut prendre des mesures pour résoudre un grand nombre de problèmes.
De cette charte, j’ai retenu le chapitre VII : Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression.
"Cette action est sous l’égide du Conseil de sécurité qui met en place des mesures selon son constat de gravité de la situation ».
Le chemin d’un consensus :
Manifestations sur la place su 13 mai
Rajoelina se proclame président et nomme Roindefo PM
Il font un coup d’Etat
Rajoelina se proclame président et nomme Roindefo PM
Ils vont à Maputo
Rajoelina se proclame président et nomme Roindefo PM
La CI demande encore un consensus
Rajoelina etc... ad libitum...
Je rajoute :
La descente sera de toute façon sans rappel, maintenant ou plus tard... Et ils le savent. Tomber de moins haut ou de plus haut ne fait plus de différence pour eux.
Imaginez un peu Constant Raveloson, Manandafy, Col Rakotonandrasana, Gal Organès dans un même gouvernement ! Ce sera la pagaille.
C’est Rajoelina-Roindefo qui ont évincé Ravalomanana ce que Ratsiraka et Zafy n’ont jamais réussi. C’est tout à fait logique qu’ils prennent les commandes de la transition. L’alliance de circonstance des ennemis de toujours (ZAfy, Ratsiraka, Ravalomanana) ne fait que discréditer les anti-HAT.
Je ne vois plus de négociation qui pourrait déboucher vu que Ravalomanana ne veut pas voir Rajoelina à la tête de l’état. Si les 2 autres mouvances se sont ralliées à lui, c’est qu’ils ont la même vision. On sait tous que Maputo a été un échec, je ne vois pas pourquoi on doit se tenir à ce qui a été signé là-bas ?.