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Opinion

Elections et « Démocratie » à Madagascar

mardi 8 janvier 2008 |  1253 visites 

« La « démocratie » est un concept occidental importé. Cette notion ne s’est pas affirmée du jour au lendemain, elle a germé en France au temps de Jean-Jacques Rousseau (« Du contrat social », 1762) et mis près de trois siècles avant de parvenir à sa compréhension actuelle. Plus, c’est un héritage de la Grèce antique. C’est dire que cette « démocratie occidentale » est le fruit de deux millénaires d’évolution, dans un contexte culturel approprié. Elle ne s’est pas développée sans à-coups. Au contraire, ce qu’elle est aujourd’hui est l’aboutissement de plusieurs bouleversements sociaux tels que la Révolution française. Il y a eu de longues successions de luttes populaires et de répressions atroces.

Le propos n’est point de critiquer la forme actuelle de la « démocratie » dans les pays occidentaux, mais de dénoncer la façon dont on impose sa pratique dans les pays pauvres comme Madagascar. Nous en avons une démonstration désastreuse dans ce qui se passe aujourd’hui au Kénya.

Le peuple malgache a toujours eu sa propre culture dans laquelle la concertation (« teny ierana ») avait sa place. Cette concertation a joué un rôle prépondérant dans la société malgache avant la colonisation, (...). Mais le modèle de la « démocratie » étrangère nous a été imposée sous la colonisation, et pour prouver que l’administration coloniale était démocratique, les Malgaches ont été invités à voter à trois reprises durant la période 1945-1947. Confiant, le peuple a exprimé sa véritable opinion par la voie des urnes. Mais les résultats des élections ayant été contraires à leur volonté, les Français se sont livrés à un répression barbare, décapitant la lutte populaire, emprisonnant les dirigeants et massacrant plus de quatre vingt dix mille personnes.Voilà la forme de « démocratie » que les blancs ont appliquée chez nous à cette époque…

C’est encore en usant de cette « démocratie » perfide que les Français ont mis en place les hommes qui allaient défendre leurs intérêts à Madagascar. Déclaré « choix démocratique » du peuple malgache, le résultat manipulé d’un « référendum », où fraudes et pressions sur les électeurs ont régné, a été le prétexte pour installer au pouvoir des membres du PADESM qui n’ont jamais voulu l’indépendance mais qui, au contraire, voulaient rester éternellement dans les girons de « la France, mère patrie ». Il n’ont été destitués que par la révolte populaire. Il en a été de même pour les dirigeants successifs qui se sont servis de cette « démocratie » frauduleuse et dont seuls le mouvements populaires sont venus à bout. (...)

Les régimes successifs de Tsiranana, Ratsiraka et Ravalomanana ont ceci de commun.

- 1°- Ils dépendent tous de l’étranger : Pour l’accession au pouvoir , pour le maintien à la tête du pays ;
- 2°- Tous servent les intérêts des puissances étrangères : Vente de toutes les richesses existantes à Madagascar, minières et autres, aux envahisseurs étrangers, français mais aussi américain, canadiens, allemands… ; obédience et servitude face à la BM et au FMI qui défendent les intérêts de ces étrangers ; mépris total de l’appauvrissement du peuple malgache causé par la soumission à ces même étrangers.

Ces faits engendrent inévitablement des mouvements populaires. En ce troisième millénaire, il n’est plus possible de bafouer sans arrêt la volonté populaire. La mondialisation de l’information est passée par là. Lorsque cette volonté ne peut s’exprimer par des votes justes et honnêtes, elle cherche d’autres voies pour se révéler. En ce qui concerne Madagascar, ce n’est que par la lutte populaire que les Malgaches ont réussi à montrer leur véritable volonté.

Monsieur Ravalomanana devrait en prendre conscience en cette année 2008. Il ne peut plus se permettre d’agir comme le firent Tsiranana et Ratsiraka. S’il s’entête à user de la force, à s’exprimer à la légère et avec mépris, s’il cherche à maintenir la « pression dans la cocotte », alors elle finira par lui exploser à la figure. Cela commence déjà à se vérifier dans certaines localités, après les dernières élections communales.

« Atsipy ny tady an-tandroky ny omby… »

OTRIKAFO

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