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Editorial

Coup de rétro

jeudi 4 février 2010 |  2305 visites  | Patrick A.

L’arrivée plus ou moins mensuelle du rapport économique et financier de la Banque Mondiale a parfois un côté assez rafraîchissant, car en privilégiant l’analyse des chiffres, elle permet de prendre un peu de recul par rapport aux déclarations politiques qui ont tendance à présenter les choses de l’économie tout en rose ou tout en noir.

L’on peut avouer avoir été relativement surpris par la résilience de l’environnement économique au cours de l’année 2009. Les choses vont certes mal, très mal, mais finalement moins mal qu’on aurait pu l’imaginer. Qui a vécu la crise de 2002 et ses -12% de PNB peut se trouver étonné que la prolongation de celle de 2009 n’ait pas eu jusqu’ici les effets que l’on aurait pu imaginer.

« Mahari-pery ny gasy... »

Le rapport de début février 2010 de la Banque Mondiale corrobore cette impression personnelle en apportant un éclairage sur des raisons de cette apparente résistance. Comme dans les crises précédentes, il faut d’abord noter que le déclin a été plus marqué dans les centres urbains où se trouvent la majorité des industries et services. La bonne récolte de riz [1] a constitué un tampon de sécurité significatif sur le plan social, et a largement contribué à limiter l’insécurité ressentie par les ménages. Cette relative satisfaction des besoins alimentaires a permis d’éviter un effondrement complet de la dépense dans d’autres secteurs. On le voit bien dans les rues de la capitale, avec tous ces chômeurs devenus marchands des rues.

Difficile cependant de croire aux affirmations du Ministère des Finances et du Budget selon lesquelles Madagascar aurait connu un taux de croissance de 0,6% en 2009... Si le démarrage des activités de QMM a été un facteur positif, dans beaucoup d’autres secteurs c’est plutôt la récession, au mieux le maintien de l’activité qui aura marqué l’année. Les économistes de la Banque Mondiale rappellent à juste titre qu’à Madagascar, la croissance est fortement liée à l’investissement : la baisse des importations (-22% entre Septembre 2008 et Septembre 2009), l’atonie de la demande de crédit bancaire (+5% seulement entre Décembre 2008 et Novembre 2009, soit une baisse en termes réels) et les graves difficultés du secteur des BTP n’accréditent guère la thèse officielle. Ajoutez ici la baisse de la consommation d’énergie [2] et les pertes d’emplois [3], et vous arriverez à la même conviction que la Banque Mondiale : même si les acteurs économiques ont déjoué les prévisions des apprentis Cassandre, 2009 aura été une année de récession et non de croissance [4]. Le portrait qui se dégage, s’il n’est pas complètement noir, n’en apparait pas moins gris sombre.

Nous analyserons demain, en prenant en compte d’autres indicateurs portant notamment sur les finances publiques et la balance des paiements, les perspectives avancées dans la Loi de Finances 2010.

Notes

[1production record de 4,5 à 5 millions de tonnes du fait des bonnes conditions climatiques et des investissements précédents.

[2baisse de l’ordre de 15% en termes réels, plus marquée en milieu d’année qu’en fin d’année, ce qui laisse penser à une éventuelle reprise.

[3estimées à 280 000 par une note des Nations Unies sur l’impact de la suspension des aides.

[4même avec le chiffre officiel de +0,6%, la croissance moyenne par habitant aura été négative, compte tenu de la croissance démographique.

10 commentaires

Vos commentaires

  • 4 février 2010 à 12:37 | Albatros (#234)

    Bonjour Patrick A.,

    Cela me rappelle une chanson de ma jeunesse : « Tout va très bien Mme la Marquise ».

    Les écuries brûlent, le château brûle, mais..... « Tout va très bien, tout va très bien. »

    • 4 février 2010 à 13:44 | Rasoa (#1122) répond à Albatros

      Bonjour Albatros,

      Je sais - ça n’a rien à voir avec l’article - mais moi aussi, ma jeunesse me revient à l’esprit !

      Ahahahahah - ihihihihih !!!

      Le bon vieux temps Albatros... et, actuellement quand il m’arrive d’assister à une fête quelconque et que la musique frédonne les morceaux « rétro » tels tango - valses etc... je cours vers la piste pour danser à en perdre le souffle !!!!

      A la fin de la danse, toute essoufflée et étourdie même j’arrives encore à dire : ça va - c’est bon - Super etc. et « Bravo et Bis » M. le Chef d’orchestre...

      A+
      Rasoa

  • 4 février 2010 à 14:10 | râleur (#3702)

    les notes de conjoncture de la BM et du FMI sont tjrs intéressantes mais leur côté un peu diplomatique m’énerve un peu.

    genre la situation n’ést pas noire mais très grise. Bon c’est comme en informatique, combien de niveau de gris avant d’arriver au noir ?

    dans n’importe quel pays au monde quand on ce taux de perte nette d’emplois (ramené au nombre total). on aurait parl ;e de catastrophe national.

    Dans notre pays, un salaire fait vivre au moins 5 personnes. Ceal veut dire que plus d’1 million de personnes n’ont même plus leur petite ressource pour manger un peu. Et cela c’est très très noir, le trou noir et non pas une simple grisaille

  • 4 février 2010 à 16:18 | vuze (#918)

    Cela doit certainement exaspérer les spécialistes du catastrophisme qui déversent leurs litanies depuis que TGV est là... Je ne dis pas que c’est grâce à lui que ça va un peu moins mal que prévu mais les administrations continuent de fonctionner en tout cas...

    Comme je l’ai dit dans un post précédent, j’y étais à Madagascar en cette fin d’année et « la vie a l’air de continuer »... Tout n’est pas rose mais cela ne l’a jamais été même avant quand le gourou/spoliateur/voleur était là...

  • 4 février 2010 à 16:40 | da fily (#2745)

    Patrick, avait-on vraiment besoin d’avoir la confirmation des chiffres de BM pour savoir à quel niveau nous sommes descendus ? Même sans chiffres, la dégringolade est visible, palpable. CE n’est pas du virtuel quand on nous a annoncé la perte de 200 000 emplois au moins. Je ne parle pas seulement de la filière textile attelée à l’AGOA, il faut voir tous les petits commerces, les épiceries de quartier, les échopes modestes participant à leur niveau au bien-être de nos concitoyens, les classes dites moyennes faisant le yo-yo entre le maintien et la chute vers le bas. Tout un tas de ces acteurs mordent la poussière, même si les facultés d’adaptation des malagasys sont énormes, le peuple souffre et perd son souffle. La dégringolade est plus fort que la débrouillardise, d’autres ont franchi le pas de la malhônneteté depuis longtemps. Ce n’est pas la conjoncture qui va les remettre dans le droit chemin.

    Tout cela est une réalité que bien d’autres ne daignent regarder, ne daignent admettre. Andry aurait du déja démontrer ses capacités de leader du renouveau depuis son accession au pouvoir, il serait déja en train de mettre en place les grands chantiers de réhabilitation économique, son gouvernement aurait un véritable chef du developpement, de l’initiative ou de la sécurité. En lieu, nous avons une pègre au pouvoir ( bois de rose, pierres précieuses, lingots d’or, automobiles et influences diverses), l’aléatoire pour seul lendemain, la débrouillardise pour seule porte de sortie, et le crime pour les moins armés. L’espoir surtout a deserté les esprits, la lassitude combinée à la résignation a rendu le peuple amorphe. Le peuple est coupé de ses politiques, le fossé s’est accentué.
    Il faut remotiver ce peuple à la dérive et mahari-pery, sinon la fracture va s’accentuer.

    • 5 février 2010 à 00:46 | rabri (#2507) répond à da fily

      On connait maintenant la « méthode da fily » : on noircit à plusieurs couches le tableau pour justifier la démarche de PROSTITUTION et l’ouverture de robinet aux bailleurs étrangers.

      C’est le genre de personne qui ne pourra jamais compter sur SES PROPRES FORCES !!!!

    • 5 février 2010 à 08:39 | da fily (#2745) répond à rabri

      YERK...j’ai hésité à vous répondre Rabri, il n’y a que le mot prostitution qui m’a fait réagir.

      Si le phénomène n’est point nouveau, votre analyse(si on peut dire !) n’est pas très objective. Je n’ai jamais prôné la prostitution vers les étrangers, bien d’autres savent le faire, ils ne vous ont pas attendu. Je pointe là où ça fait mal Rabri, il n’y a pas de noirceur pire que la réalité. Vous m’amusez cinq minutes avec vuze quand vous tentez d’affirmer que tout « à l’air d’aller bien au pays ». Les faits relatés sont des faits graves, préoccupants, et vous n’êtes apparamment pas très au fait de la vie à Dago. Je ne rajouterai pas les rapts d’enfants, vous risquez de jaser en rétorquant qu’il n’y a qu’en Inde ou au Brésil que ça se produit. Mais bon, avoir décidé de défendre bec et ongles le PT de service et sa cour vous proccupe plus que tout, et vos amies françaises vous confortant dans votre choix, il est aisé de comprendre vos comments.

  • 4 février 2010 à 16:42 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Dans l’attente de la prochaine analyse (demain nous dit Patrick)

  • 4 février 2010 à 17:34 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Mahari-pery ny gasy .... marina laotra

    Dans votre prochaine analyse : pourriez vous nous dresser un tableau de dépenses publiques 2009 Patrick ???

    • 4 février 2010 à 20:42 | Mbôty (#3544) répond à Rakotoasitera Fidy

      Maharipery ny gasy...Ino moa no azony atao, hamono tena ? Tsy manantsafidy ka miaritra. Avy @ ilay ohabolana hoe : « tsy fanahin’ny amboa ny mandry antany fa tsisy baba niasa trano ».

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