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Editorial

Chef d’État, chef de la Nation

lundi 9 mars 2009 |  4646 visites  | Patrick A.

Une fois remué par une cuillère, le contenu d’un pot de yaourt ne retrouve jamais sa consistance initiale, même remis au frigo.

Comparer Madagascar à un pot de yaourt, Andry Rajoelina à une cuillère, et l’EmmoNat à un réfrigérateur est assurément périlleux.

D’ici à la fin de la journée nous aurons sans doute en commentaires pas loin de sept cent soixante dix sept hypothèses portant sur la bouche à laquelle était destinée la cuillère, sur la date de péremption du yaourt et son parfum réel (menthe, grenadine, orange, ou simplement nature et tout blanc, ces jours-ci, on en voit de toutes les couleurs... ).

Et il se trouvera bien quelques apôtres de la théorie du complot qui affirmerons que le fait que le prix du yaourt riz soit de 700 Ariary n’est en rien un hasard.

Nous devinons que ces pathétiques tentatives d’humour feront encore rire jaune une partie du lectorat . « L’humour est la politesse du désespoir », et il en faut pour digérer le fait que les prévisions les plus pessimistes sur les risques d’affrontement ne sont pas si loin de se vérifier.

Vendredi, on avait des élèves du Lycée Français qui étaient victimes d’une rue où chacun exprimait son opinion et où le plus fort en voix régnait momentanément en attendant qu’un autre ne le contredise. En face, on avait des responsables du lycée qui tentaient de se concerter, une ambassade et un quai d’Orsay qui devaient se coordonner. Difficile dans ces conditions de reprocher que la situation ait mis beaucoup de temps à se régler, sauf pour les quelques élèves ayant eu la chance d’avoir des parents ayant pu les récupérer à pied.

Samedi, entre pillards, simples citoyens de passage ou s’inquiétant de la sécurité du quartier, vrais et faux « andrimasom-pokonolona », habitants des 67 Ha Sud et habitants des 67 Ha Nord, manifestants pro-TGV et partisans du TIM, une poule aurait eu bien du mal à retrouver ses petits. Difficile dans ces conditions de reprocher à l’EmmoNat de taper un peu dans le tas.

Dimanche, entre Armée, Gendarmerie, Police, OMC (Organisation Mixte de Conception), EmmoNat (Etat Major Mixte Opération National), EmmoReg (Etat Major Mixte Opération Régional), CAPSAT (Corps d’Administration des Personnels et Services de l’Armée de Terre), GP (Garde Présidentielle), l’honnête mère de famille ne savait plus à quel saint ou à quel sigle se vouer. Difficile dans ces conditions de reprocher à vos journalistes de ne pas trop se prononcer si la mutinerie de Soanierana est liée à un différend sur le montant convenu d’une indemnité, à la crainte que des éléments civils soient affublés d’uniformes militaires ou à un malaise plus profond.

Au rythhme où vont les choses, on n’ose pas trop imaginer ce que donnera ce Lundi...

Dès Jeudi matin, nous exprimions la crainte que la suppression des rassemblements sur la place du 13 mai et la coupure des moyens de communication du TGV risquait plutôt de multiplier l’apparition d’initiatives individuelles périlleuses et la prolifération de rumeurs invérifiables que de favoriser un retour rapide et durable à un ordre civil et social réel.

Dommage que nous ayons eu raison.

Ce dimanche, un Général Pily Giblain a fait comprendre que face aux problèmes (nationaux et internes aux forces de l’ordre), la solution ne pouvait être que politique.

Dommage qu’il ne se sente plus désormais habilité à le dire qu’au nom de la Gendarmerie, et non plus de l’ensemble des corps regroupés au sein de l’EmmoNat.

Face à la prolifération des sigles et groupes, nous avons besoin de repères. Dans ce contexte, on ne peut pas reprocher au Président Ravalomanana de parler de dialogue, de souhaiter un retour rapide de l’ordre, de parler de la nécessité d’abandonner les attitudes de haine et de dénigrement.

Mais on est en droit de regretter qu’un homme qu’on sait pragmatique n’en dise pas plus sur ce qu’il a personnellement l’intention de faire pour renforcer une telle évolution.

Chacun imagine qu’il a tiré quelques leçons des derniers événements, mais quels chantiers concrets envisage-t-il d’ouvrir ? Certes, on a entendu quelques seconds couteaux (l’expression ne se veut pas péjorative) du TIM évoquer une ouverture. Mais le Président lui-même, que pense-t-il concrètement des moyens de sortir de cette crise ? Veut-il cette ouverture, et quelle forme pourrait-elle prendre selon lui ?

On imagine que le dialogue qu’il souhaite avec la Nation aille désormais au delà des discours sur le MAP et le Sommet de l’Union Africaine qu’il a l’habitude de clamer sur un ton professoral.

À moins que ? Marc Ravalomanana rêve-t-il de demeurer une figure paternelle à la De Gaulle, alors qu’une large partie de la population, qui ne se sent plus représentée depuis longtemps par l’ensemble des « élites », rêve de pouvoir un jour compter sur des figures fraternelles à la Obama ?

Si c’était le cas, le yaourt, si sain pour la santé avec ses millions de micro-organismes, risquerait de tourner à l’aigre. Très aigre.

P.-S.

Beaucoup de lecteurs attendaient sans doute un édito de Ndimby ici. Cependant, comme il a fini celui de Samedi vers 5 h 30 du matin, la rédaction a estimé préférable qu’il fasse relâche ce jour...

8 commentaires

Vos commentaires

  • 9 mars 2009 à 09:20 | zana47200 (#227)

    le problème pour les assoiffés du pouvoir c’est leur lâcheté. Ils n’osent pas montrer directement leurs griffes car ils savent qu’ils sont déjà plus ou moins rejetés par le peuple.
    L’utilisation de bouc émissaire inexpérimenté n’a fait qu’enfoncer un peu plus le peuple dans la crise. Dommage qu’on doit toujours passer par la violence pour exprimer ses idées car il y a les stades, les jardins publics ou les tranompokonolona pour manifester ses desarrois et il y a les députés et les parlementaires pour discuter avec le peuple. Seulement ni l’un ni l’autre n’a jamais été utilisé car les anciens sbires qui poussaient le bouc émissaire étaient des spécialistes de la violence.
    le motif même de la manifestation ne concernait même pas le peuple car il s’agissait de la mésentente entre le gouvernement en place qui a censuré l’audio-visuel Viva et son propriétaire. Seulement, il suffit d’une étincelle pour ameuter quelques violents. La preuve, après les destructions du 7 février, la masse populaire a été réduite de moitié la semaine suivante.
    A mon avis, il faut suivre l’exemple de la Costa Rica qui a carrément supprimé les forces armées car pour Madagascar, l’île n’a pas de problème de frontière et une force armée est très budgetivore sauf quand il y a des occasions pareilles pour les utiliser à déstabiliser

    • 9 mars 2009 à 16:18 | Majunga (#839) répond à zana47200

      votre analyse est pertinente sur l’armée, sauf que dans notre beau pays, l’armée n’a jamais pour mission de défendre le peuple , mais plutôt de mater la population, quelle tristesse je vais vous raconter une anecdote, je vais à Madagascar pour affaire environs tous les mois, un jour il me semble que c’était au mois de juin 2008, les stock de médicaments du pays sont partis en fumés à analakely, en réalité ils étaient déjà évaporé dans la natures, grace à des députés tim véreux (parait -il), les pompiers n’ont rien pu faire, pas assez de bouche d’incendie, pas de pression d’eau, bref, tout à cramé.
      1 mois plus tard Mr rabemananjara himself, répond à un journaliste, sur la nécéssité de construire plus de bousche à incendie à tana (vous etes assis !!!) pour MIEUX DISPERSER LES MANIFESTANTS !!!
      voyez, tous est fait dans ce pays pour mater la population, et jamais rien pour soulager la misère au quotidien

  • 9 mars 2009 à 10:48 | 18MadaOne (#473)

    Bonjour, pour les forces armées, j’estime que la suppression de l’armée n’est pas une bonne solution pour le moment, car l’insécurité va encore progresser, on doit professionnaliser l’armée (sans politique) tout en réduisant leur effectif et en leur attribuant autres fonctions, comme par exemple : lutte contre les dahalo, travaux de génie civil et agricole...entre autre le service militaire obligatoire pour tous jeunes ayant terminé leurs études(disciplines et formations)...et cette liste n’est pas exhaustive. Concernant, Le chef d’Etat-chef de la Nation, au fait : d’une part, cette crise n’a pas eut lieu si le Chef de l’Etat a réussi à réduire effectivement la pauvreté ambiante de la majorité des Malgaches ; et d’autre cette crise ne s’est pas aggravée si le chef de la nation Malagasy l’a su géré en bon père de famille de tous les Malgaches (facile à dire qu’à faire quand on a unes certaines idées du pouvoir et de la richesse).Bonne journée, tout en espérant que les véritables « Ray aman-dreny » civiles et militaires de notre pays trouveront une solution Malgache pour nous sortir de cette impasse. Cordialement

    • 9 mars 2009 à 11:22 | ragasy (#416) répond à 18MadaOne

      « les véritables »Ray aman-dreny« civiles et militaires de notre pays trouveront une solution Malgache »

      Ne rêve pas mon vieux ! Regarde ce que font Razanakolona et Ramaholimiaso Madeleine.

      On est foutu mon vieux ! C’est le fanjakan’i Baroa maintenant. Et c’est le but recherché.

    • 9 mars 2009 à 16:23 | Majunga (#839) répond à 18MadaOne

      ce n’est pas l’armée qui fait la sécurité à madagascar, la meilleur sécurité c’est vaincre la pauvreté, et instruire le peuple, mais ça ce n’est pas pour demain,j’ai dans ma famille une officié de l’armée à qui on paye un salaire à ne rien faire, qui n’a pas été à la caserne depuis des mois,pourtant, on arrive pas à combattre, le gens qui volent les troupeaux, qui volent les récoltes et ceux qui brulent les forets impunéments... bref, ils sont payé à rester tranquille

  • 9 mars 2009 à 10:53 | Citoyenne Malgache (#599)

    Où est Ndimby ? Est-ce qu’il est en lieu sûr ?

    Il est vrai que nous avons vraiment besoin d’un peu d’humour car la tension est intenable.

    Sur mon chemin, je vois chaque matin de nouvelles vestiges de barrages nocturnes. Et ce chemin est régulièrement coupé pendant la journée. Je n’ai donc qu’une tranche horaire mobile et indéfinie pour pouvoir aller et revenir de mon bureau. Je me sens comme le yaourt de l’histoire : secouée sans pouvoir réagir ni offrir de résistance. Mais quelle importance ?
    A en croire ce qui se dit dans la presse internationale mon avis ne compte pas puisque je ne fais pas partie du peuple. Le « vahoaka » est paraît-il sur la place du 13 mai.

    PS : Ne t’inquiète pas Patrick, on t’aime bien aussi, tout autant que Ndimby.

  • 9 mars 2009 à 12:03 | DIPLOMAT (#846)

    L’autorité ne doit avoir qu’un seul visage.
    Il doit être juste ferme constant et efficace.
    Ce n’est pas aux habitants d’en connaitre tous les sigles ou les codes. C’est à l’armée à la Gendarmerie, à la Police de s’imposer par leurs uniformes, par leurs comportements leurs attitudes, leurs postures .
    Compte tenue de la situation d’anarchie qui prévaut, il est urgent d’instaurer un jour de « ville morte », afin que les forces de l’ordre puisse prendre une bonne fois pour toute les positions stratégiques de la ville à tous les points névralgiques.
    Enfin, ce n’est pas à des sous officiers de décider ou non de discuter des ordres.
    l’Etat major doit prendre trés vite ses responsabilités, et ramener à la raison, par la force, par l’exemple, ces mutins dans les rangs.
    Aucun officier, autres que les portes paroles dûment designé, ne pourront parler au nom de tel ou tel corps d’armée. l’armée doit incarner l’ordre absolue et la gestion de crise est son métier. La confiance doit se gagner, pour le moment, elle se contente de contenter tout le monde et elle finit par se perdre , et ne contente personne.

  • 9 mars 2009 à 13:31 | meloky (#637)

    Ny ohabolana gasy milaza fa « Aza manao sahala ny vomanga fa ny ngeza no lò voalohany » Tsy izany anefa no zava-misy fa manalasala toy ny vozon’akoho ! Dia ataon-tsika akory ny mandinika aza raha ny tokony ho atao hoe « chef de la Nation » no be marenina. Io no fotony sy anton’ny zava-misy ankehitriny. Dia hoy aho hoe : ity nosintsika ity ve tsy mba misy izay tsaratsara ho fidina !!!??? Ny Sasany dia fatra-pitsirika tantara fotsiny tsy miresaka raha tsy ny lasa ; raha izany foana ve no fomba fijery moa isika mba ho lasa lavitra ?
    Tsy lany olo manga i Madagasikara, koa aza dia mihevi-tena ho dadany. Ny vahoaka manontolo tsy akory dia tsy dia indray tsy misy saina, fa karakarao ny fifidianana vaovao.

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