Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
mercredi 15 mai 2024
Antananarivo | 17h44
 

Editorial

Ambanilanitra, tournons la page avec l’année !

mardi 16 mars 2010 |  1980 visites  | Patrick A.

Salanitra e !! Arahaba tratrin’ny taona ê !

Oui, difficile ce jour de ne pas saluer le nouvel an malgache, en laissant délibérément au second plan les controverses sur la date exacte (octobre, novembre ou mars ?).

On ne peut en tout cas ne pas saluer les efforts de l’association Mamelomaso, de l’Office National du Tourisme et de l’ORTANA pour faire revivre cette tradition en plein coeur d’Antananarivo, sur la place d’Andohalo. En choisissant l’appellation « Taombaovaon’ny ambanilanitra » [1], ils auront réussi à mettre en avant l’aspect culturel de l’événement et à écarter certaines possibles préventions religieuses ou certaines crispations de caste.

Bonne année donc à nos lecteurs, et à la veille du 17 mars, espérons que de même que les chinois sont passés de l’année du buffle à celle du tigre, les malgaches passeront de l’année du moramora à celle du resaka matotra [2].

Un nouvel an incite toujours au bilan de l’année écoulée, mais l’Asaramanitra malgache ne saurait également exister sans réconciliation, se manifestant par exemple par les effacements de dettes et les libérations d’esclaves.

Difficile donc de ne pas se remémorer une discussion avec une partie de l’équipe de médiation internationale, il y a environ 10 mois. L’équipe d’éditorialistes de ce site s’était entendu dire : « Il faut laisser aux différentes parties malgaches un peu de temps pour réfléchir. Du temps pour que la mouvance Rajoelina réalise que l’option de mener seule la transition n’est pas réaliste. Du temps pour que la mouvance Ravalomanana réalise que l’option militaire n’est pas réaliste. »

Avec le recul, on peut se demander si ces paroles ne restent pas complètement d’actualité. Entre certains qui crient que l’atelier d’Ivato a traduit la volonté du peuple malgache dans son entier, et d’autres qui appelent à des sanctions internationales immédiates en y voyant une panacée, il risque de falloir attendre encore un peu de temps.

Comme l’a déjà écrit Ndimby, comme il est difficile de rapprocher les extrêmes, alors il faut tenter de mettre la balle au centre pour favoriser le rapprochement des modérés.

Les modérés, cela peut être ceux qui dénient au régime actuel une légitimité satisfaisante, mais ont aussi été choqués par les réels abus de droit du régime précédent.

Ou encore ceux qui croient à une saine influence de la communauté internationale, mais n’oublient pas que dans un désaccord, il y a forcément deux entités, et estiment que comme des sanctions n’arriveraient à des résultats que dans la douleur et dans la durée, il faut un véritable arrangement entre malgaches.

Ceux qui estiment qu’une ouverture ne peut se résumer à un débauchage à coup de fauteuils, mais aussi ceux qui sont prêts à reconnaître que les ambigüités des textes élaborés à Maputo et à Addis Abeba autorise à ne pas approcher ceux-ci comme d’immuables Saintes Écritures et s’interrogent pourquoi les trois mouvances semblent refuser de dialoguer.

Dans le cadre des célébrations du nouvel an malgache, le Afo Tsy Maty, flamme de la lumière et de la chaleur partagée a été allumée.
Aux vrais ambanilanitra, qu’ils se reconnaissent ou non dans une des mouvances déclarées, de l’entretenir.

Notes

[1Taombaovaon’ny ambanilanitra : peut se traduire par « nouvel an de tous », ou « nouvel an sous le même ciel ».

[2resaka matotra : propos sérieux.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 16 mars 2010 à 09:42 | Noue (#2427)

    - les malgaches passeront de l’année du moramora à celle du resaka matotra

    Heureusement que c’est permis de rêver.

  • 16 mars 2010 à 10:42 | râleur (#3702)

    Patrick,

    Vos propose traduisent votre foi en l’intelligence des hommes. Je la partage.

    Mais, le premier pas doit être fait par ceux qui sont au pouvoir de fait, et parle seul au nom des malgaches : non seulement ils sont illégitimes (pourqui pas pour une période courte, mais en plus ils sont usurpateurs, et là c’est intolérable.

    L’intelligence des hommes, oui. Encore faut-il que ce soit des gens capables de réfleçhir un tant soit peu.

    Ça, c’est moins sûr, vu leurs actes jusqu’à maintenant.

  • 16 mars 2010 à 11:53 | jules (#2904)

    Visitez ce site.
    Instructif au + au point !!
    http://fr.mongabay.com/news/2010/0131-100127-madagascar.html
    Et le premier qui dit que c’est faux, qu’il s’etouffe dans sa fange

    • 16 mars 2010 à 13:23 | Mihaino (#1437) répond à jules

      MERCI INFINIMENT JULES !!!

      Site à visiter absolument à mon avis : J’ai bcp appris ....

  • 16 mars 2010 à 17:21 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Salanitra e !!!!!

    Tournons la page , moi je veux bien , seulement Patrick , si personne n’arrive à trouver cette ’page’ .... On va tourner dans le vide pour combien de temps ?

    Pour beaucoup d’observateurs cette ’page’ s’appelle LA FRANCE

    Pour l’instant elle est embourbée dans les régionales qui vont certainement laisser des traces dans la majorité UMP

    Supposons un instant que monsieur Joyandet soit battue dimanche 21 mars
    et que dans la ’foulée’ anti-Sarko toutes les régions françaises passent à gauche : une autre version de cette ’page’ peut tourner en défaveur des
    tenants fozaorana

    Et ce n’est pas un certain Mamy , ancien du front national et membre
    douteux du PS actuel qui pourra sauver la mise

  • 17 mars 2010 à 07:48 | G. Andriantsolo (#3964)

    Je comprends qu’une nouvelle année puisse amener Patrick à formuler les vœux dont nous avons tous besoin depuis cette année catastrophique. Mais est-ce bien adapté ? Car il en est de ce Nouvel An au mois de mars comme de la démocratie à Madagascar. Il ne s’agit pas de « certaines possibles préventions religieuses ou certaines crispations de caste ». J’admettrais encore cette dernière formulation, même s’il n’y a jamais eu de « caste » à Madagascar. Mais qu’un bon scientifique qui réfléchit mais continue à utiliser le discours colonial montre bien à quel niveau se trouve la connaissance de la culture des ancêtres chez les meilleurs de leurs descendants.

    Je rappellerai ici les constations d’un érudit qui sont parues dans la presse. A propos de date, les voici :

    Le 22 novembre « était la date de naissance Ranavalona III. Avant elle, Ranavalona II avait décidé d’une autre date, celle de son propre anniversaire. Deux règnes avant, Radama II avait lui aussi décidé d’abolir le Fandroana et de fixer la fête nationale pour sa date anniversaire : il ne put la fêter et fut avant assassiné. Il faut bien voir que le modèle alors adopté par les souverains est le modèle européen et anglais : la fête nationale étant le jour anniversaire du souverain et changeant avec chaque règne. Qu’en était-il avant ? Dans tout Madagascar et depuis le temps des origines en Asie du Sud-est, la fête la plus importante était, doublée d’un rituel dynastique, la fête du printemps en mars dans l’hémisphère nord et en septembre dans l’hémisphère sud chez nous. C’est encore cette date qui est fêtée en septembre aussi bien en pays betsimîsaraka dans la région de Mananara qu’en pays sakalava Menabe à Belo-sur-Tsiribihina lors du Fitampoha.

    « En Imerina, l’influence arabe a conduit Ralambo à institutionnaliser le calendrier lunaire sémitique d’environ 354 jours. Et à faire du début d’Alahamady, correspondant à sa naissance, le jour de la Fête du Bain. De ce fait, la date du Bain se déplaçait chaque année dans l’année solaire et ne revenait approximativement à la même date que tous les 33 ans.

    « C’est la fête en Alahamady qui est restée la fête nationale malgache jusqu’au règne de Rasoherina. Et c’est cette date qui a été conservée à Anosimanjaka chez Ramanetaka au moins jusque dans les années 80 où j’allais y assister chaque année. Dans ces mêmes années, c’était le même jour que la fêtaient les Zanakantitra à Analanakoho au tombeau du grand ancêtre et à Ambohimiarina avec jusqu’à 25.000 participants, comme l’avait évalué Bakoly – c’était l’épouse de l’érudit –. Le même jour aussi sur les sommets d’Ankaratra, près d’Ambohimanambola et dans la région d’Andramasina où c’est encore en Alahamady qu’elle est célébrée ces dernières années.

    « La question est politiquement simple : doit-on suivre le peuple qui est majoritaire ? Ou bien inventer un « Nouvel An malgache » qui correspond aux fêtes du printemps de l’ancienne métropole où, de nombreuses années durant, la nouvelle année commençait en mars ?
    « Vive la mère patrie ! Mais laquelle ? »

    Je ne vois pas quoi ajouter.

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS