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28 novembre 2017 à 17:30 | RAMBO (#7290)

Encore un cadeau de Noël en plus pour le faux Voltaire.

La face cachée de Voltaire
Apôtre de la tolérance, le prince des Lumières a aussi sa part d’ombre. Il se révèle misogyne, homophobe, antijuif, islamophobe. Quelle faute !
PAR ROGER-POL DROIT
Publié le 02/08/2012 à 00:00 | Le Point
Francois Marie Arouet, dit "Voltaire"(1694-1778) par Quentin de La Tour(1728)
François Marie Arouet, dit « Voltaire »(1694-1778) par Quentin de La Tour(1728)

Rousseau a 300 ans, toutes ses dents et les faveurs du jour. De toutes parts, cette année, ses vertus sont célébrées. Il est vrai qu’il a tout pour plaire : écologiste avant l’heure, humanitaire avant la lettre, indigné avant tout le monde. Mais Jean-Jacques n’est pas, et de loin, la seule grande figure du siècle des Lumières. 2013 va le confirmer : l’allègre Diderot aura 3 siècles à son tour, et l’éblouissant Laurence Sterne soufflera, lui aussi, ses 300 bougies.

Celui qui s’efface, qu’on lit moins, qui semble presque tomber dans l’oubli, c’est Voltaire. Il a ce qu’il faut pour déplaire : il aime l’argent, la gloire, le progrès, la raison. Il se méfie du peuple, que nous croyons infaillible, et lutte sans relâche contre un clergé qui, à présent, a disparu. Personne ne s’inquiète plus des pouvoirs de l’Église, à part deux ou trois attardés qui se croient encore au XIXe siècle.
Pourtant, avant toute chose, il faut souligner la grandeur de Voltaire. Elle est réelle, et son courage n’est pas une fable. S’il repose au Panthéon depuis 1791, ce n’est ni par hasard ni par erreur. Il est bien le premier - avant Zola, Sartre, Aron et tant d’autres - qui inventa la figure moderne de l’intellectuel, conscience libre au service des idéaux de justice, de tolérance et de liberté. Avant lui, aucun homme d’idées et de plume n’avait jamais fait rapporter une décision de justice contraire à la dignité et à l’humanité. L’affaire Calas, l’affaire Sirven, celle du chevalier de La Barre furent pour le philosophe de grandes batailles, de belles victoires. Voltaire a pris des risques, il a consacré à ces hautes luttes du temps et des forces, sans en attendre aucun profit. Quand il se lance dans ces combats, l’écrivain a passé la soixantaine, il a fait fortune, assis sa notoriété dans toute l’Europe. Il ne se bat pas pour sa gloire, mais pour des principes universels.
Les préjugés oubliés
Tout le monde connaît cette face claire. Elle a fait de Voltaire une icône, une gloire de la France, une idole du peuple, une référence fondatrice de la Révolution française et de l’esprit républicain. Il y a pourtant une autre face, bien moins connue, déconcertante, où le même homme paraît d’abord ouvertement raciste. Ainsi, dans l’« Essai sur les moeurs et l’esprit des nations » (1756), il est vraiment très loin d’affirmer l’unité du genre humain : « Il n’est permis qu’à un aveugle,écrit Voltaire,de douter que les Blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes. » On le découvre aussi, au fil des pages, misogyne, homophobe, antijuif, islamophobe... L’inventaire de ces textes oubliés surprend, puis inquiète, finalement interpelle. Ce super-héros serait-il un super-salaud ? L’homme des Lumières, un ami des ténèbres ? Devrait-on décrocher son tableau d’adversaire résolu des fanatismes et de prince de la tolérance pour le remplacer par un autre, celui d’un homme obtus, truffé de préjugés, de mépris et de haines ?
Il faut d’abord s’informer, lire de près, quitte à se frotter parfois les yeux, pour prendre la mesure de ce Voltaire méconnu, antipathique, souvent abject. Pour le dénicher, il faut un peu de patience et quelques recherches. Ce n’est pas que ces textes soient marginaux - le pire ne se cache pas dans des fonds de tiroir, dans des opuscules inconnus. On le trouve, au contraire, dans des oeuvres centrales, incontestables et célèbres, comme le « Dictionnaire philosophique », de 1764. Mais les versions actuelles sont prudemment expurgées ! Essayez donc de trouver dans nos librairies les articles « Femme » ou « Juif » - le plus long de tous dans l’édition originale -, ils ont disparu. En allant les lire, on en apprend de belles.
Sexiste ordinaire
On prend d’abord l’amant de Mme du Châtelet en flagrant délit de misogynie pure et dure. Que dit en effet de la femme l’édifiant article du « Dictionnaire philosophique » ? « En général, elle est bien moins forte que l’homme, moins grande, moins capable de longs travaux ; son sang est aqueux, sa chair moins compacte, ses cheveux plus longs, ses membres plus arrondis, les bras moins musculeux, la bouche plus petite, les fesses plus relevées, les hanches plus écartées, le ventre plus large. Ces caractères distinguent les femmes dans toute la terre, chez toutes les espèces, depuis la Laponie jusqu’à la côte de Guinée, en Amérique comme à la Chine. » Lectrices et lecteurs d’aujourd’hui ne sont pas au bout de leurs surprises. Ce même article explique combien les femmes, plus faibles, sont aussi plus douces et il disserte complaisamment de la polygamie en faisant dire à un Allemand de la part d’un vizir : « Tu changes de vins, souffre que je change de femmes. Que chacun laisse vivre les autres à la mode de leur pays. »

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