- Voninahitsy a débarqué hier à Anosy, menotté.
Voninahitsy Jean Eugène sera fixé sur son sort le 13 juin prochain sur l’affaire d’évasion où il est inculpé comme complice. Le jugement de la première instance qui l’a condamné à 4 ans de prison sera-t-il confirmé ou infirmé par la Cour d’Appel ? Devant la barre hier, cet opposant au régime de Ravalomanana qui croupit en prison depuis déjà 2 ans et demi a persisté : « ce P.A. (Pistolet Automatique) auquel j’ai eu droit en 1989 en tant que président de Fivondronana a disparu lors du cambriolage de mon domicile en 1992. Suite à cette disparition, j’ai déposé une déclaration de perte auprès du commissariat de police des 67 ha. Ce qui est bizarre, c’est qu’on n’a pas autorisé mes avocats à fouiller au sein de ce commissariat durant l’enquête sur cette affaire d’évasion pour mettre à jour cette déclaration de perte. On leur a dit que d’autres personnes ont déjà effectué cette fouille, et qu’ils n’ont rien trouvé. D’après ce qu’on m’a dit, un certain Naina, 14 ans après, a passé ce P.A à Ialy, un détenu de la prison d’Antanimora, et je ne sais pas par quel moyen il l’a fait. Ialy et quelques détenus de la prison ont utilisé cette arme en juillet 2006 pour s’évader. C’est pour vous dire que j’ignore complètement ce qu’est devenu ce P.A depuis 1992 et que je n’ai eu aucun intérêt dans cette affaire d’évasion », s’est defendu hier le prévenu. Voninahitsy Jean Eugène s’est déclaré hier victime d’une « poursuite à visée politique ».
Un diabétique traité comme un criminel
Par ailleurs, Voninahitsy Jean Eugène, qui souffre de diabète, s’est plaint hier devant la barre de ne pas avoir droit aux soins qu’il mérite depuis qu’il est incarcéré à Tsiafahy. « Et encore je m’interroge pourquoi on m’a transferé à Tsiafahy alors que je ne suis pas un criminel », s’est-il exclamé. Pour sa part, Me Ramanantsalama, l’avocat qui défend les intérêts de l’ancien député de Maintirano, a persisté sur une exception qu’il a déjà soulevée dès le début du procès au niveau de la première instance dans le but de demander la nullité des procédures suivies pendant l’enquête préliminaire et la nullité de la saisine du tribunal correctionnel. Me Ramanantsalama a évoqué l’article 114 de l’ancienne Constitution (en vigueur au moment des faits) pour affirmer que Voninahitsy Jean Eugène, député au moment des faits, devaient bénéficier du fameux privilège de juridiction comme les présidents des Assemblées parlementaires ou le Premier ministre. « Voninahitsy Jean Eugène a été certes entendu par la commission de trois magistrat de la cour suprême, l’autorité de poursuite, mais, après information, cette commission n’a pas transmis le dossier au procureur général de la Cour de Cassation en vue de la saisine de la juridiction compétente. C’est le procureur de la République qui a déclenché la poursuite et a saisi le tribunal correctionnel. Ce qui n’est pas conforme à la Constitution », a-t-il dénoncé.
En aparté avec le Pr Zafy
Les opposants ont fait preuve de solidarité autour de Voninahitsy Jean Eugène, hier. Plusieurs têtes connues de l’opposition malgache ont été aperçues lors du procès, à commencer par le Pr Zafy Albert, Marson Evariste, Pierre Tsiranana, Ramasy Adolphe, Vaovao Benjamin, Tabera Randriamanantsoa... La présence massive des militants du RPSD Vaovao, conduits par Zafisambatra Alphonse, a été également constatée. Ialy Rakotoniaina, l’épouse de Pety qui vient d’être condamné à 10 ans des travaux forcés, a assisté Pelops Ariane, l’épouse de Voninahitsy Jean Eugène, dès le début du procès jusqu’à la fin. Pour en revenir au Pr Zafy Albert, président du CRN, il a eu un aparté de 45 minutes avec Voninahitsy Jean Eugène sur le banc des accusés. L’occasion aurait été pour les deux de faire une brève analyse de la situation politique du moment. Le Pr Zafy a-t-il informé Voninahitsy que l’opposition serait privée de leur QG à Ivandry avec ce projet de construction des bâtiments administratifs dans la cour de la Villa Elisabeth ?
