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Kenya / Citoyen

Ushahidi, le témoignage des sans voix

jeudi 24 juin 2010

(MFI / 22.06.10) Au Kenya, une plate forme née il y a deux ans fait école dans le monde entier. Ushahidi - témoignage en swahili -, un logiciel mis en place pendant les violences postélectorales de 2008, permet d’envoyer des informations par SMS ou par courriels sur des crises, des catastrophes naturelles ou durant les périodes électorales. Des informations rassemblées sur des cartes accessibles sur un site Internet - qui a gagné ses lettres de noblesse lors du tremblement de terre à Haïti.

Ils déambulent entre les chemins marécageux du bidonville de Kibéra, le plus grand bidonville de Nairobi. GPS dans une main et questionnaire dans l’autre, ils s’arrêtent à chaque clinique privée, point d’eau ou dépôt d’ordures du quartier Soweto-ouest. « Là, nous sommes près du chemin de fer, explique Douglas Namale. C’est important de relever les points d’ordures pour informer la population sur les dangers sanitaires. En se référant à notre carte, ils savent que ces endroits sont à éviter ».

Cette jeune équipe de volontaires récoltent depuis plusieurs mois des données sur la santé, l’éducation ou la sécurité, et, via le logiciel Ushahidi, rassemblent toutes ces informations sur des cartes, accessibles sur un site Internet [1].

Leur organisation, Voice of Kibera (Voix de Kibera), est un des exemples nombreux d’utilisation de ce logiciel créé en 2008 par une avocate kenyane, Ory Okolloh, vivant en Afrique du Sud. À l’origine, il s’agissait de cartographier en temps réel les incidents qui avaient lieu durant les violences postélectorales de 2008 au Kenya, via des informations envoyées par SMS ou courriels par les citoyens.

Depuis, l’initiative s’est répandue et a provoqué l’intérêt de nombreuses organisations, des médias (Al Jazeera) et des ONG dans tous les coins du monde, Afrique du Sud, Gaza, et dernièrement, à Haiti où les ONG se sont beaucoup référées aux cartes d’Ushahidi pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre.

« Une idée venue d’Afrique »

« Nous voulons faire participer les habitants de Kibéra, qui sont trop mis de côté dans la vie citoyenne, explique Regynnah Awino, volontaire comme Douglas. Si de nouvelles violences surgissent, nous serons capables d’informer la population grâce au réseau que nous mettons en place actuellement. Si des maisons brûlent à Laisanaba (quartier de Kibéra, ndlr), nous pourrons mettre en ligne l’information après l’avoir vérifiée grâce à nos contacts sur le terrain. »

Dans un immeuble moderne de la rue Ngong, l’équipe d’Ushahidi organise de plus en plus souvent des rencontres avec des ONG ou des consultants qui ont entendu parler de l’initiative et qui réfléchissent à la manière de l’utiliser. « C’est révolutionnaire, admet Alun Mac Donald, porte parole d’Oxfam. Cependant, nous nous interrogeons pour l’instant sur la vérification de toutes les informations qui pourraient nous parvenir. En temps de crise, il ne faudrait pas que l’aide se dirige prioritairement vers les zones où les gens ont accès à internet, et donc ont les moyens d’alerter sur la situation. D’autres zones moins couvertes peuvent avoir besoin d’une aide plus urgente. »

Pour Erik Herman, cofondateur d’Ushahidi, le logiciel doit pouvoir être utilisé librement par tous ceux qui le souhaitent car « c’est un moyen de contourner les canaux traditionnels, médias, gouvernement ou agences humanitaires qui parfois font de la rétention d’information ». Les membres d’Ushahidi ne cherchent pas à s’étendre, à devenir une grosse entreprise, ils souhaitent avant tout que l’outil puisse se propager dans le monde entier et servir les sans voix. « Bien sûr, je me sens fière que cette idée soit née au Kenya, en Afrique, explique Rebecca Wanjiku membre de la plateforme. Même s’il a fallu une grave crise dans mon pays pour qu’elle puisse surgir, j’espère qu’elle servira à d’autres pays, et pourra s’étendre à des problématiques de temps de paix, comme l’accès aux médicaments. »

Stéphanie Braquehais

2 commentaires

Vos commentaires

  • 24 juin 2010 à 16:40 | da fily (#2745)

    Hop, un petit encart consacré à cette idée lumineuse, j’ai été emballé par l’idée, et ai aussitôt penser à mon pays. La communauté des « ushaidis » est en train de prendre forme internationale. C’est vrai que cela permet un « canal » différent d’infos et une diffusion non soumise à la toute puissante féodalité des pieuvres mass-médias !

    ouf, il était temps que la réelle démocratie sur les NT commence vraiment à se réaliser. Il est bon de rappeler que le témoignage des sans voix est né de l’horreur de de la détresse de victimes oubliées.

    Super !

  • 24 juin 2010 à 16:52 | kotondrasoa (#3872)

    Il n’est jamais tard pour apprendre.

    J’aimerai bien qu’un logiciel pareil soit installé sur Madagascar pour que jamais plus, à la fin de cette crise que je nous souhaite courte, les dirigeants qui seront mis en place ne se croient plus dans un désert ou ils seront les seuls à utiliser le vuvuzuela et, donc ne pourront plus abuser de la population parce qu’il y aurait des watchdogs à chaque bout du champ.

    Ainsi, nous aurons une carte sur tous les méfaits de chaque dirigeant qui pourront être vérifiés aisément par les volontaires engagés sur place.

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