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Economie

Le Ravintsara

Une panacée à Ar 600 000 le litre

mardi 26 août 2008 | Hassy

Le Ravintsara est une plante médicinale qui vaut son pesant d’or. Elle est efficace pour soulager les douleurs internes comme le rhumatisme osseux, le froissement de muscles… Par ailleurs, les feuilles de cette plante unique sont utilisées pour reprendre du poil de la bête après le ravage de certaines infections ou irritations de la gorge comme l’amygdalite, l’angine, la laryngite et la pharyngite. Dans cette perspective, le malade fait du gargarisme à l’aide d’une infusion de Ravintsara. Parfois, elle est aussi utilisée comme tisane. Pour tous ces bienfaits, le litre de cette panacée vaut 600 000 ariary.

Rare

Les produits dérivés du Ravintsara, dont principalement l’huile essentielle, sont très recherchés. Devenu rarissime sur le marché local, cette huile, dont le prix du litre « pure » s’affiche à près d’Ar 200 000 contre environ Ar120 000/l pour celle mélangée, est actuellement hors de portée. En outre, la quasi-totalité de la production est destinée au marché extérieur. Bon nombre de petites et moyennes entreprises investissent depuis l’année 2006 dans l’exportation de cette huile bienfaisante au détriment du marché local. La plupart de la production est exportée dans les pays européens. La demande y est forte si bien que les clients l’achètent à prix d’or. En 2007, les prix affichés étaient de 190 euro/ litre, soit près d’Ar 600 000/l. Par ailleurs, les feuilles de Ravintsara se vendent encore auprès des tradi-praticiens malgaches. Néanmoins, ils n’en ont pas de manière régulière pour la bonne raison que les fournisseurs les approvisionnent par à coups. Cela se répercute sur les utilisateurs particuliers qui, au final, ne peuvent en trouver qu’au prix de mille peines. Les rares fois où ils en trouvent, la botte est cédée à Ar 300.

Régions productrices

Le Ravintsara pousse de façon naturelle dans toutes les régions de Madagascar. Il y a dix ans, on pouvait le trouver partout. Pour preuve, quelques pieds poussaient à Analakely, sur les trottoirs de l’avenue de la Libération. Actuellement, quelques vieux pieds ayant résisté au temps et aux cyclones qui se sont abattus sur la capitale tiennent encore debout dans l’enceinte de la gare de Soarano. Les régions pluvieuses sont les plus nanties de ces arbres. Leurs feuilles ont en effet besoin d’une bonne teneur d’humidité pour donner les meilleurs rendements pendant le processus de fabrication de l’huile essentielle. Les plus vastes concessions se localisent dans les régions Betsileo. C’est l’usine de Vohimasina, Fianarantsoa qui transforme les feuilles, les racines, et même les tiges en huile essentielle, laquelle sera exportée ou répandue dans les points de ventes agréés du marché national. Les concessions les plus rentables sont localisées dans les régions Est de la Grande île, dont Fénérive Est ou Vavatenina. Etant donné qu’il y pleut 9 mois sur 12, les feuilles et les racines de Ravintsara contiennent une teneur maximale d’humidité qui va être extraite pour l’obtention de l’huile essentielle.

Espèce menacée

Le Ravintsara à l’état sauvage est actuellement inexistant depuis son exploitation intensive, engendrée par l’explosion du marché extérieur en 2006, les petits fournisseurs des entreprises exportatrices le surexploitent. Même les racines sont arrachées du fait que c’est la partie qui procure une huile essentielle de premier choix avec un rendement satisfaisant pendant la transformation. Ce principe anti-écologiste réduit considérablement le nombre de pieds d’une année à l’autre. « En raisonnant en termes d’espace, l’aire occupée par le Ravintsara est depuis quelques années réduite au dixième de sa superficie d’il y a 20 ans », explique un responsable d’usine de production d’huile essentielle de Ravintsara de Tsiazotafo Behoririka. Il ajoute que « si cette exploitation aveugle se poursuit, le Ravintsara serait parmi les espèces menacées dans les années à venir, même si elle n’est pas encore recensée parmi les espèces protégées. » Cet exploitant met en exergue la priorité du reboisement de manière à prévenir sa disparition. En effet, cette plante ne peut se reproduire de manière sauvage. Il faut des suivis pour que les graines poussent et résistent au climat changeant et hostile. Des arboriculteurs concourent dans cette perspective. Ils font pousser les graines dans de pépinières pour vendre les jeunes plants aux entreprises spécialisés dans la transformation et la revente. L’IMRA et l’Homéopharma sont parmi les plus grands producteurs des substances dérivées.

6 tonnes pour 32 litres

Le marché des produits finis du Ravintsara étant très juteux, les exploitants s’adonnent au reboisement pour la survie de leur business. Aujourd’hui, il est adapté dans certaines régions périphériques de la capitale pour être plus près des usines de transformation. Des jeunes plants déferlent depuis deux ou trois ans sur des dizaines d’hectares dans le Vakinankaratra dont les plantations les plus proches sont situées dans les brousses d’Ambohimandroso. L’offre de Ravintsara pour la transformation n’arrive pas à satisfaire la demande. Cette situation s’explique par la multiplication des entreprises qui l’exploitent à grande échelle. En effet, ces dernières collectent leurs matières premières dans les zones productrices au point d’acheter toute la production, tuant ainsi le commerce des tradi-praticiens locaux qui ne peuvent plus en acheter. Cette insuffisance de l’offre s’explique par la très grande quantité de matière première nécessaire à la fabrication de l’huile essentielle. Il faut 6 tonnes de feuilles de Ravintsara pour produire à peine 32 litres d’huile et un séjour de deux semaines dans des cuves et alambics est nécessaire pour donner ce résultat. Bon an mal an, son exploitation est rentable, voire très lucrative.

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