Quelque part, on serait tenté de dire que le président Ravalomanana est extraordinaire. Sorti de rien sans même avoir fait de longues études, il est arrivé à la tête de la nation, propulsé par un peuple assoiffé de changements.
Quoi que depuis quelques années, cette considération se soit fortement émoussée chez de nombreux citoyens, on ne peut qu’avouer que Marc Ravalomanana a encore son audience et sa popularité. Il sait reconquérir son électorat ou du moins il sait mobiliser ses partisans. Et chaque fois, il ne cesse de surprendre car il n’obéit à aucune règle supposée établie ni à aucune logique qu’aurait respectée un autre intellectuel ou un autre démocrate.
En fait, Marc Ravalomanana a un langage simple et il sait s’adresser au commun des Malgaches. Il sait aussi les aspirations profondes ou cachées des Malgaches. Il connaît leur mentalité. Il sait comment les simples gens des campagnes raisonnent. Il sait ce que peut signifier pour le citoyen lambda d’être l’interlocuteur du président, ne serait-ce que lui serrer les mains.
Aujourd’hui, il rencontre les maires de toutes les parties de l’île. Hier, il a fait venir au Palais d’Etat d’Iavoloha tous les chefs de Fokontany. Les chefs de District y sont déjà passés. Les femmes et les jeunes aussi. Bref, des individus représentatifs de toutes les catégories sociales de tous les coins de l’île. Ceux-là vont répandre dans leur localité, dans leur milieu tous les bienfaits du régime représenté par Marc Ravalomanana. On se rappelle que beaucoup de chefs de Fokontany ont fait leur premier voyage à Antananarivo sur invitation de la Présidence de la République. Malgré les vicissitudes du trajet en camion, ils sont rentrés tout fiers avec comme « voan-dàlana » les jus et autres produits Tiko et cet orgueil légitime d’avoir côtoyé le président qui les estime.
Phénomène étrange, les ralliements au régime se font de plus en plus nombreux. Tandis que les féroces opposants se taisent le plus souvent. Les autres par contre composent sous plusieurs formes. La stratégie politique a-t-elle changé ? Tout comme les conversions des prisonniers politiques ? Ou bien le ver est-il en train de pénétrer dans le fruit ?
