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Economie

Grandes mines

Toliary Sands dans la tourmente

mardi 7 avril 2015 | Léa Ratsiazo

Le grand projet d’exploitation d’ilménite, du rutile, du zircon et du leucoxène de la société Toliary Sands fait face à l’opposition farouche de certains riverains regroupés au sein de l’association Mazoto (Miaro Aina Zon’olombelona Tontolo Iainana). Cette dernière regroupant les communautés locales et associations se déclare contre la délivrance d’un permis environnemental au projet Toliary Sands. L’artiste Théo Rakotovao, originaire du Sud de Madagascar, président de cette association Mazoto a alerté les autorités centrales sur les dangers de ce projet pour l’environnement et la vie sociale des communautés locales. « La destruction des forêts et des bois précieux, la pollution du sol, la diminution des eaux disponibles pour les rizières et la restriction des surfaces cultivables, la radioactivité de l’air, de l’eau et les conséquences sur la santé humaine. Le risque de disparition de la culture et des coutumes locales. La destruction des habitations et des tombeaux. Bref, les droits fondamentaux à se nourrir et à se loger sont menacés par ce projet » ; tels sont les principaux griefs des riverains contre ce projet.

Les consultations publiques sont biaisées dès le départ selon les dirigeants de cette association car le projet Toliary Sands fait signer des riverains illettrés qui ne comprennent rien à rien, moyennant quelques billets. Les opposants au projet reprochent à l’entreprise de ne pas donner délibérément aux concernés assez d’information sur les impacts négatifs du projet.

L’association Mazoto a ainsi saisi l’ONE (office national de l’environnement) pour faire part de son opposition à ce projet et lui demande de ne pas accorder le permis environnemental à la compagnie Toliary Sands. Cette dernière ne peut pas avancer tant qu’elle ne dispose pas de permis environnemental. Cette association Mazoto dénonce la volonté de l’ONE et des autorités étatiques dans son ensemble de vouloir « étouffer l’opposition légitime des riverains menacés ». Ses membres craignent surtout que le permis ne soit accordé au projet quel que soit l’avis des riverains les plus affectés.

Notons que le projet Toliary Sands est financé par World Titanium Ressources Ldt, une société australienne cotée en bourse. Le site d’exploitation se trouve au nord du port de Toliary, dans les communes d’Ankilimalinike, de Tsianisiha et de Maromiandra, Toliary II. Trois (3) sites sont concernés dont Ranobe qui inclut un lac et une forêt, Ampanolora et Ambararata. Le projet prévoit une production de 451 000 t de produits par an pour 20 ans.

Une opportunité de développement selon les partisans du projet

Mais tout le monde n’est pas forcément du même avis. Certains cadres locaux, qui n’osent pas répondre directement aux opposants au projet par crainte d’être taxés de « vendus », avancent que ce grand projet minier est une opportunité de développement de la région, la plus pauvre du pays, rappellent-ils. Il faut voir que Toliary Sands prévoit un investissement de 192 millions US$ sur 20 ans ce qui n’est pas négligeable selon eux. Il faut penser aux emplois que le projet peut créer directement et indirectement, aux infrastructures qui vont profiter à tout le monde… Il faut seulement bien encadrer le projet et bien définir ce qu’il doit faire pour réhabiliter et limiter autant qu’on peut, les dégâts causés par les extractions.

Madagascar a déjà une expérience avec le grand projet ilménite de Rio Tinto de Taolagnaro. Il faut profiter de cette expérience pour bien gérer ce projet de Toliary Sands selon les partisans du projet. Ces derniers constatent que grâce au grand projet de Rio Tinto, la ville de Taolagnaro est actuellement méconnaissable en terme de développement, on dirait une petite ville européenne selon eux. D’autant que Rio Tinto est dirigé par un malgache actuellement, on peut « exiger » pareil avec Tiolary Sands pour rassurer les riverains qu’entre nationaux on peut se comprendre. Bloquer le projet dans l’état actuel de développement de cette région, c’est comme enlever le pain de la bouche des affamés, selon les partisans du projet. Car, si on bloque le projet qu’est ce qu’on a en échange ? Rien, d’après les partisans.

Quoi qu’il en soit, le dernier mot revient aux autorités politiques qui doivent donner leurs verdicts dans les mois à venir.

8 commentaires

Vos commentaires

  • 7 avril 2015 à 10:09 | betoko (#413)

    Léa Ratsiazo a oublié une information importante . Selon l’association MAZOTO , ce petit coin de Loliary que Toliary Sands voulait exploiter à tout prix est protégé par l’UNESCO à cause d’un tribut en voie de disparition dont le ministère des mines ignore totalement . Faire signer des papiers aux illettrés , c’est courant à Madagascar , ce qu’ont fait les karana sans scrupules quand ils ont acheté des terrains sur la route des hydrocarbures et aussi aux environ de By Pass

    • 7 avril 2015 à 18:15 | mimiloux (#2422) répond à betoko

      Bonjour. J’ai atterri à l’aéroport de Fort Dauphin en 2007. Sur la route menant à la ville, tout était défoncé par des travaux en cours. Idem en ville dans les rues. Les prix alimentaires, me rapportera-t-on, avaient explosé, de la banane au poisson frais pêché. Et pour cause : tout une zone en bord de mer avait été achetée, où était en construction le nouveau port. Pour cela, des camions énormes transportaient une montagne explosée débitée en pavés monumentaux. Les terrains de simples petits pêcheurs avaient été bradés, les gens ayant signé la vente de leur propriété repartant fièrement avec un mauvais poste de radio flambant neuf, +++ Mais plus de lopin de terre, interdiction de poursuive leur pêche dans la zone, chômage obligé, etc.
      L’entreprise avait offert... des ballons et des maillots aux équipes locales ravies (?) qui jouaient sur le terrain à proximité du fort. Les bateaux gitaient toujours, croupe en l’air, dans les fonds de cette baie qui eut pu être belle. L’état avait promis pour rassurer que la population allait bénéficier de la manne. Rien à l’horizon. Les touristes avaient fui la ville, les hôtels étaient vides ou presque. La seule cantine scolaire du primaire était soutenue par une association étrangère, le nombre des enfants inscrits grossissait de jour en jour.
      Quelques jours après mon arrivée, une partie de l’usine, de ses abords qui sait car les informations étaient nulles, était en feu. No comment ! Gardes à tous les étages.
      Qu’en est-il maintenant ?
      Les habitants ont-ils tiré un profit quelconque de cette exploitation de leur sous-sol ? Quel est l’état de l’environnement ? A-t-il été restauré ?
      L’argent pourri tout, bonne chance à l’association de Tuléar dans son combat.

    • 9 avril 2015 à 13:01 | Chakla (#8901) répond à betoko

      Il ne suffit pas d’alerter les autorités malgaches il faut aussi saisir les autorités internationales EUROPENNES AM2RICAINES - UNESCO ONU-ENVIRONNEMENT - WWF - car l’appétit des multinationales est immense - et ils ont avec eux un pouvoir énorme celui de l’argent - Alors que représentent les intérêts d’une population aux yeux de ces rapaces RIEN - ZERO -

  • 7 avril 2015 à 12:20 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Toliary méconnaissable ... devenue une petite ville europeenne ...

    C’est quoi cette k.onnerie ???

  • 7 avril 2015 à 13:17 | jansi (#6474)

    L’etat et ONE ne doivent pas esquiver le probleme en adoptant un silence coupable.
    Une campagne publique et intense d’informations doit etre organisee pour en savoir un peu plus sur les tenants et aboutissants, les avantages et inconvenients et les risques reel ou les bienfaits.
    Tout le monde doit etre au courant. A mon avis un investissement et non des profits de 192 millions $ en 20 ans c’est bien negligeable. 10 millions $ par an. En plus on ne sait pas les retombees sur la population directement. .

    • 7 avril 2015 à 13:22 | jansi (#6474) répond à jansi

      Pour sa part, lq France se demene aussi pour savoir sil faut ou non accorder lexploitation du Gaz de Schiste. On dit que ce projet n’en vaut pas la peine et s’y enteter serait renoncer a la conference mondiale sur le climat a Paris en fin 2015. Cest donc aussi un choix politique majeur. Que diront les franciliens ?

  • 7 avril 2015 à 21:03 | efa ela (#4563)

    Les capitalistes, non contents d’accaparer depuis longtemps ce qu’il y a en surface de la terre, veulent, de plus en plus, et partout dans le monde (Dago est loin de constituer une exception !) le sang du sous-sol aussi !

    Un autre exemple : Coca-Cola (qui avait participé, rappelons-nous, à la rencontre entre le Présida malagasy et le gouvernement des USA) nourrit certainement des projets de ce type aussi.
    Quoi ? Coca-Cola ? me demandera-t-on...
    Oui, oui, car Coca-Cola capte partout où c’est possible les réserves d’eau souterraines, soit pour en faire son jus, soit pour revendre l’eau (parfois plus cher que le Coca lui même !), dans tous les cas pour ’faire son beurre’ !

    Tant que les victimes directes de ces accaparements ne parleront pas entre elles, d’un pays à l’autre, tout mouvement restera faible, non ?

  • 7 avril 2015 à 23:45 | Ramarolanoana J (#1663)

    Toliara Sands (TS) n’est pas dans la tourmente. Les Théo Rakotovao et co. ne feront pas le poids. L’ONE va délivrer tous les permis environnementaux que TS voudra (ce n’est qu’une question de temps et d’argent). Il faut un Etat fort qui sait ce qu’il veut pour remédier à ce genre de situation. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Les populations locales et ceux qui sont conscients des problèmes sanitaires et environnementaux que TS pourrait causer doivent prendre leur mal en patience.

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