- La nouvelle génération du jazz
Le groupe Sashird Lao, dans le cadre de sa tournée internationale, s’est produit au Centre culturel Albert Camus, dans la soirée du vendredi 17 avril. Devant un parterre de spectateurs composés majoritairement d’étrangers, le groupe français a émerveillé l’assistance. Il a même donné des leçons aux amateurs de la bonne musique, le jazz malgache.
Le trio est formé par deux saxophonistes et un tromboniste. Mais les trois artistes, David Amar, Yona Yacoub et Fred Luzignant sont également tour à tour chanteurs, instrumentistes et percussionnistes… parfois au sein d’un même morceau. Mais le plus intéressant est qu’il est qualifié de seul trio instrumental de jazz vocal au monde. La capitale a eu donc l’honneur de le recevoir sur ses planches le week-end.
- David Amar ou l’homme contre basse
David Amar très détendu (basse vocale, saxophones, chant, flûte traversière, derbouka), Yona Yacoub peu loquace mais coquine (saxophones, chant, caisse claire) et Fred Luzignant en très bonne forme (trombone, chant, udu). Ils ont été chaudement accueillis par des spectateurs qui se sont particulièrement déplacés pour découvrir leur talent hors du commun. Pour le groupe, le concert était gagné d’avance. Autant d’assistance les a certainement fait oublier qu’ils sont sur une scène inhabituelle.
La complicité des artistes sur scène, leur harmonie vocale et instrumentale et la parfaite maîtrise de leurs instruments respectifs font de ce concert, un unique en son genre. Ce palmarès s’explique ainsi par le travail de groupe important de la formation et des recherches musicales approfondies que seuls les musiciens issus d’une même génération et de formations profesionnelles approfondies sont capables d’exécuter.
Inutile de contredire que les trois musiciens ne le sont pas. Ils sont issus d’une grande école de musique de Nice, France, et ont eu des carrières musicales brillantes avant d’en arriver là, à la formation de ce trio.
- Yona Yacoub, la belle et attrayante
Le palmarès de cette formation depuis sa création en 2004 parle également de lui-même. Lauréat d’un concours national de jazz de la Défense en 2006, prix du public au festival international de jazz de Juan-Les-Pins en 2007, et reconnaissance de la critique pour son premier album, Watsdis, sorti chez E-Motive/Nocturne en 2007.
Sashird Lao cultive un éclectisme musical hors normes qui lui a permis de partager l’affiche tant avec de grands noms du jazz comme Manu Bibango, Hadouk Trio, Mario Canonge, Sara Lazarus, qu’avec des artistes issus des musiques actuelles comme Nosfell, Beat Assaillant, Lo’Jo ou encore Johnny Clegg.
- Fred Luzignant se porte comme un charme
Vu sa prestation au CCAC, on ne peut être qu’époustouflé. Et si on devait en tirer une conclusion, ce sera la suivante : cette formation est une génération innovatrice du jazz. Car elle synthétise bien le cool et le free tout en gardant les fondamentaux du jazz.
Free, ils le sont, parce qu’ils poussent leur musique jusqu’au bout de la liberté, sans accorder trop d’importance à la régularité du tempo et l’improvisation dans le cadre de structures harmoniques préétablies. Cool, non seulement à cause de l’apparence mais aussi dans la fluidité, la délicatesse et l’esthétisme languide de leur musique.
