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Editorial

La société civile

Refuge pour vieux politiciens ou transit pour dinosaures à la recherche de rédemption ?

jeudi 14 octobre 2010 | Anthony Ramarolahihaingonirainy

Un tour d’horizon des soi-disant membres de la société civile malgache met en évidence un fait : cette dernière est l’endroit choisi par d’anciens hauts responsables ayant fréquenté la haute sphère du pouvoir dans le passé pour se recycler. Inutile de citer des noms, hormis le milieu syndical, quasiment tous les groupements et associations se définissant membres de la société civile sont soit présidés par un de ces vieux routards de la politique, soit infiltrés au moins par un ancien politicien de haut vol dans leur rang. Exception malgache dites vous ? Oui, sans aucun doute. Une de plus à côté de nos faunes et flores endémiques, car c’est loin d’être le cas dans d’autres cieux.

La situation entraine de fâcheuses conséquences. Pour simplifier, la société civile ne remplit pas pleinement son rôle dans le jeu démocratique. Les raisons sont multiples.

Objectivité et neutralité défaillantes.

Objectivité et neutralité sont-elles seulement possibles pour des personnes passées maitre de la partisannerie dans le passé ? Comment comprendre que tout d’un coup un ancien politicien (ancien membre du gouvernement, ancien parlementaire, ancien ambassadeur etc.) puisse prétendre n’avoir aucune subjectivité à l’égard de ses adversaires et ses amis d’hier encore actifs dans l’arène de la politique ? La crédibilité de la société civile et de ses actions en prennent un sacré coup.

Transfert des petites habitudes de politiciens dans le quotidien de la soi-disante société civile

La politique politicienne reprend du service sur un plateau qui ne lui est pourtant pas destiné. L’unité est à géométrie variable à l’instar de la majorité parlementaire. Ruptures, clivages, querelles intestines guettent une unité à fleur de peau. Chacun des composants, associations et groupements divers dirigés ou infiltrés par un ou plusieurs anciens de la politique politicienne tient absolument à se faire remarquer, à émerger du lot pour des raisons que personne n’ignore. Les luttes intestines entre membres de la société civile étonnent-elles et n’y voyez vous pas un remake d’un film très prisé de la classe politique intitulé « Ady seza » si ce n’est une répétition générale de ce qui adviendra lors du partage final du gâteau ?

Des ambitions politiques à peine voilées

Réussir à se faire remarquer au sein de la société civile maintenant signifierait pour certains une garantie d’une retraite dorée dans un poste de prestige plus tard et pourquoi pas revenir dans la proximité immédiate du pouvoir en tant que membre du gouvernement, parlementaire, ambassadeur, conseiller ou membre du cabinet civil du Président de la République etc. À moins d’être dupe, l’instinct de celui ou de ceux qui sont en quête d’un fauteuil quelconque apparait comme une évidence rien qu’en voyant les méthodes de communication et les procédés utilisés par certains. D’autres utilisent l’estampe « société civile » pour s’offrir une tribune et une visibilité qu’ils n’auraient jamais pu avoir en restant dans l’arène politique. Ainsi, le doute est permis quant à l’utilisation de la société civile par certains vieux loups comme un vulgaire tremplin pour rebondir dans la politique. L’avenir proche le confirmera. La société civile se videra et la grande majorité de ses membres (re-)gonflera la classe politique.

Une société civile en manque d’inspiration et à cours de proposition

Normalement, la société civile devrait se démarquer par la force de ses propositions. Ce n’est pourtant pas le cas dans le pays. Il ne faut pas se leurrer, si les leaders et les membres influents de la société civile actuelle sont d’anciens membres des gouvernements passés, figurant parmi ceux qui avaient l’habitude de naviguer à vue et passés maitres de l’improvisation en ayant été nommés dans leur postes respectifs sans projet de gouvernement précis, comment voulez vous qu’une fois arrivés au sein de la société civile ils trouveront tout d’un coup une idée de génie, une illumination, une quelconque proposition crédible ? Pareil pour les anciens parlementaires, anciens conseillers spéciaux etc., dont l’élection ou la nomination a été acquise à l’aide de tout sauf d’un projet ou de propositions cohérentes. Oui, des propositions, ils en font. Mais la conviction, le réalisme et le pragmatisme font défaut dans leur contenu.

Dangereuse indifférence et parfois d’incompréhensible blocage actif

Le manque d’objectivité, la transposition des habitudes de politiciens dans le quotidien de la société civile, les ambitions politiques à peine voilées de certains font que le milieu, contrairement à ce que celui-ci devrait être, se montre parfois indifférent aux cris d’alarme lancés par le corps social que ce dernier est pourtant sensé représenter, les membres étant occupés ailleurs, sur des considérations plus personnelles. Anticipant un éventuel retour au devant de la scène politique, certains font la sourde oreille particulièrement à toutes propositions pouvant apporter des balises aux actions des gouvernants dans le futur. Pire, certains n’hésitent pas à torpiller d’une manière ou d’une autre de telles propositions en pesant de tout leur poids d’ancien ceci ou cela.

Des membres crédibles, il y en a. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Sauf que les plus influents rentrent dans le tableau succinct ainsi brossé.

Enfin, faudrait-il rappeler à ces gens que la société civile par essence est sensée représenter le corps social dans le jeu démocratique ? Son rôle n’est pas celui de flirter avec la politique ou de convoiter les sièges mais celui d’intermédiaire entre les citoyens et la classe politique en agissant notamment, d’une part, en cas de tension ou en période de crise comme arbitre, catalyseur, balancier, décanteur, force de proposition et d’autre part de pare-feu, d’inspiratrice, de balise en temps normaux.

Ce ne sont que des remarques incidentes qui n’engagent que l’auteur. À chacun de tirer ses conclusions, simple citoyen comme ceux qui se définissent membres de ladite société.

10 commentaires

Vos commentaires

  • 14 octobre 2010 à 07:54 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Cher Anthony RAMAROLAHIHAINGONIRAINY,

    « Toujours avec plaisir de »VOUS« retrouver dans ce forum ».

    SOCIETE CIVILE MALGACHE ??????

    Vous nous apportez quelques démonstrations « judicieuses »(qui manifestent un bon jugement)

    Merci et bonne continuation.

    Basile RAMAHEFARISOA

    b.ramahefarisoa@gmail.com

  • 14 octobre 2010 à 10:16 | Tsisdinika (#3548)

    Pour l’auteur :

    Faites gaffe entre « censé » et « sensé » : la société civile est censée être ceci ou celà...une petite correction pour une personne sensée.

    • 14 octobre 2010 à 10:53 | Tsisdinika (#3548) répond à Tsisdinika

      Sinon sur l’analyse, Anthony ne devrait pas être aussi péremptoire sur les membres politiciens ou vieillisantes de la société civile.

      Le fait d’être un ancien politicien tout en ambitionnant de le redevenir sous couvert d’appartenance à la société civile, est-ce que cela fait suffit pour disqualifier une personne d’y participer ? C’est son droit le plus absolu, tant qu’elle ne viole aucune loi... Et puis, nous vieillirons tous en devenant de gentils dinosaures, par la grâce de Dieu, donc ce n’est pas la peine de le reprocher aux autres. En outre, qui à un moment ou un autre de sa vie n’a pas ou n’est pas à la recherche d’une rédemption ?

      Si vous cherchez une organisation moralement pure et parfaite, tant dans ses composantes que dans sa raison d’être, la réponse est le Royaume de Dieu, le seul pour qui votre combat n’est pas perdu d’avance et pour laquelle la rédemption n’est pas vaine. En effet, quel que soit le combat que vous menez et menerez, sa relativité par essence le condamnera obligatoirement à la déliquescence...

      C’est pour cette raison que je maintiens que l’on ne doit pas se leurrer en pourchassant les mirages des messies au sang neuf et sans bavures...c’est avec des hommes qui ont appris de leurs errements passés, et qui les reconnaissent, que l’on pourra construire quelque chose de positif et de durable.

      C’est pour celà que les entreprises ne recrutent jamais à des postes de grande rensponsabilité des personnes plein d’atouts mais sans expérience car malgré leurs relatives « propreté » et « nouveauté », il leur manquera le discernement qui économisera les déboires propres aux novices.

    • 14 octobre 2010 à 11:26 | Tsisdinika (#3548) répond à Tsisdinika

      En disant involontairement membres « vieillissantes » de la société civile, je n’avait pas nécessairement en tête Madeleine Ramaholimihaso, une dame qui brille pour son parti pris et son acharnement contre certains secteurs industriels auxquels elle n’y connaît pourtant que dalle.

    • 14 octobre 2010 à 14:17 | da fily (#2745) répond à Tsisdinika

      Tsisdinika bien le bonjour, j’eusse aimé retrouver cette éloquente sagesse chez nos mystificateurs nationaux. C’est dans cette qualité de superchérisseurs qu’il faille trouver le fond de l’analyse d’Anthony R., car son approche du jour découle avant tout d’un constat et non d’un postulat ni jugement. C’est ainsi fait, qu’en terre malagasy, la fumante politique est entretenue par de fumeuses combines allumées par la confrérie de la fumisterie suprême. L’outil à débiter des ariarys sonnants est avant tout la politique prolifique dans tous ses états, et les petites mains qui fignolent l’ouvrage ne tolèrent aucune inactivité !

      Que l’on retrouve des briscards usés et cramoisis dans la soupe de la société civile, alors qu’ils ont été jété dans le tout-à-l’égoût lors de la grande lessive des chaises musicales, ne rassérène que la seule qualité de ces fomenteurs à 2 balles : leur universel recyclage, la fringale régénératrice des has-been qui sont déja out de par leur attitude too much ! Et le bon peuple (à ce sujet il faudrait éliminer le qualificatif « bon » dorénavant quand il s’agira de ce peuple blet, consentant et indiscipliné)de feindre d’assentir et de sentir pourtant son avenir se dérober sous ses pieds !

      Voyez les CST, CT, HAT, Cnosc qui est out pour de vrai, et je ne sais qu’elles autres machineries baffreuses de budget, de perdiem, de...L’atterrissage, s’il a lieu, n’en sera que plus brutal, cassant, incendiaire, nous nous mordons la queue tout en marchant à vitesse TGV contre le mur des pleurs de toute une nation sans plus aucuns repères et des valeurs qui prises dans le tourbillon du veau-l’eau.

    • 15 octobre 2010 à 07:49 | maminah (#2788) répond à da fily

      Retrouver « des briscards usés et cramoisis dans la soupe de la société civile, alors qu’ils ont été jetés dans le tout-à-l’égout lors de la grande lessive des chaises musicales(...) », « peuple blet, consentant et indiscipliné »... Mais vous n’y allez pas de main morte !

      Mais comment réprimer sa rage quand tous les horizons se ferment ? La société civile, la seule alternative qui nous restait, n’est ainsi qu’une voie de garage de has-been ayant largement fait la preuve de leur impéritie. Voire, un tremplin pour « rebondir » et sévir à nouveau.

      Et si tel un futur diplômé, l’aspirant politicien devait aussi présenter et soutenir « un projet et des propositions cohérentes, réalistes et pragmatiques, et suffisamment convaincants », pour être admis ? Ca nous fera une économie de ridicule qu’offre ce pléthore de formations qui décrédibilise assurément la politique à Madagascar.

  • 14 octobre 2010 à 10:22 | bema (#828)

    Merci Mr Ramarolahihaingonirainy pour votre post très pertinent seulement, vous pensez sincèrement que devant la puissance des milliards de Mr Ravalomanana, est-il possible de faire autrement ? Pour sortir et abréger cette souffrance de la population, y-a-t-il une autre solution ? Je souhaite un déclic chez nos politiciens et que servir son pays soit le mot d’ordre.Misaotra Tompoko.

  • 14 octobre 2010 à 11:45 | vorondolo (#4135)

    Soyons sérieux : les sociétés civiles, la majorité silencieuse, les intélectuels genres CESES, SMM........se réveillent car il n’y a plus aucune chance que R8 revienne au pouvoir !!!On a aussi la mémoire trop courte dans ce pays !!! comment accepté qu’un ancien du Andrimaso du FFKM qui a déclaré que R8 a été élu avec une majorité en 2002 avec 80% des urnes « contrôlées », et que ce Monsieur risquait de dévoiler la vérité et de faire un chantage, c’est pourquoi R8 l’a nommé à l"extérieur en tant que conseiller, et depuis il s’autoproclame diplomate !!! en même temps professeur d’université, mais curieusement il oublie de dire qu’il était un sg d’un parti politique qui n’existe presque plus maintenant ! Il est membre du cnosc mais essaie de se faire voir à Ivato avec l’escopol....C’est le specimen même des vieux politiciens malagasy, et on ne sait plus si on doit en rire ou en pleurer, tellement ça vole au ras des pâquerettes. Et revoilà Tantely devenu le frère de Fetison, et son exil lui a fait oublier que c’était à dos d’hommes qu’il a été arreté dans la rizière sur ordre de R8 !!!et qu’à la prison il a subi les pires des pires toujours sur ordre du vice-président de la FJKM !!!Jeunes générations levons nous et donnons un coup de pied dans cette fourmillière de dinosaures ! ça suffit mdr !!!!

    • 14 octobre 2010 à 23:47 | maminah (#2788) répond à vorondolo

      Hélas, s’il suffisait d’être jeunes pour en finir avec les aberrations des aînés, tout serait tellement simple.

      On n’a qu’à voir de quoi sont capables certains jeunes loups du microcosme politique actuel : fonceurs, décomplexés... et pourris jusqu’à l’os. Jamais d’états d’âme, jamais de remise en question, pourvu qu’on s’en mette plein les poches. En quoi, des « rouleaux compresseurs » peuvent-ils constituer une alternative réjouissante ?

      D’autant qu’un bon nombre ont fait le grand saut, sans passer par les bancs d’une école d’administration ou de droit qui leur dispense les rudiments de la gestion administrative, ainsi que l’éthique y afférente. Ils « naviguent à vue », dans une totale improvisation comme le dit l’éditorialiste. Le péril est ainsi double : un esprit corrompu doublé d’une incurie redoutable.

      La jeunesse constitue l’espoir, la relève. Mais pour qu’elle devienne une force qui placera Madagascar dans l’orbite du progrès, elle devra affirmer de vraies compétences, de vraies valeurs, de vraies ambitions, et non une simple fringale de biens immédiats. Sans quoi, elle restera une caricature des travers des aînés.

    • 15 octobre 2010 à 12:03 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à maminah

      maminah

      je retiens votre conclusion « percutante » (qui entraîne l’adhésion) :

      "La jeunesse constitue

      - l’espoir,

      - la relève.

      Mais pour qu’elle devienne une force qui placera Madagascar dans l’orbite du progrès,elle devra affirmer de « VRAIES » :

      - compétences,

      - valeurs,

      - ambitions

      - et « NON » une simple fringale de biens immédiats.

      Sans quoi,elle restera une caricature des travers des aînés".

      Allez droit au but « MAMINAH »,développez sans crainte votre « IDEE ».

      « ON » vous accompagne dans votre démarche.

      Basile RAMAHEFARISOA

      b.ramahefarisoa@gmail.com

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