« Réconciliation nationale » grandeur nature

Les parties prenantes mineures et majeures dans la crise estudiantine qui avait éclaté au campus universitaire de Barikadimy Toamasina se sont réconciliées ce mercredi (alarobia tsy miverina) 26 octobre 2011. Les cours et la vie universitaire peuvent dorénavant reprendre leur cours comme si de rien n’était ; en tout cas espérons-le. Toute une cérémonie officielle et dans la tradition remise au goût du jour s’est déroulée la veille par une veillée du type « tsimandrimandry » et s’est achevée en deux temps ce mercredi.

La première cérémonie s’est tenue à Morarano - quartier que se seraient appropriés des présumés originaires du sud-est, par l’immolation de deux zébus, l’un pour le compte du « tete-rà » en mémoire ou en contrepartie du sang qui avait coulé le 10 septembre dernier, et l’autre pour le compte de l’enterrement qui s’en est suivi. Les deux zébus ont été offerts par les parties (de l’ex-province d’Antsiranana) qui auraient été à l’origine de la bagarre qui s’était terminée par un mort et des blessés. Les « raiamandreny » des Régions nord avaient alors demandé pardon aux « raiamandreny » du Grand sud représentés par le chef de Région du Sud-Est, le colonel Bellone.

La deuxième cérémonie s’est tenue par la suite au campus de Barikadimy où une stèle ou un « orimbato » avait été érigé pour la circonstance. Six autres zébus y ont été abattus pour laver l’affront et renvoyer le mauvais sort et les mauvais esprits qui hanteraient les lieux c’est à dire le site du campus et en même temps honorer les esprits bienfaisants et protecteurs des lieux et leur faire accepter en quelque sorte la vie communautaire entre différents ethnies. Cette cérémonie a été dirigée par le « tangalamena » Betsimisaraka, Edmond François en présence des notables et des représentants des 18 ethnies. Il est revenu au chef de Région de l’Androy, Fiandraza, de remercier le chef de Région Atsinanana au nom des chefs des Régions impliqués dans l’affaire (DIANA, Atsimo Atsinanana, Alaotra Mangoro, Analanjirofo, Androy, SAVA), d’avoir pris l’initiative de cette cérémonie de réconciliation pour résoudre cette crise estudiantine de Barikadimy. Presque tous les membres du Congrès de la transition originaires de Toamasina ont été présents lors de cette cérémonie.

En tout cas, l’affaire du 10 septembre de Barikadimy qui devait ne relever que de la justice a pris une autre allure tout en se compliquant. Plus d’un habitant de Toamasina se sont réjouis de la fin heureuse de cette crise estudiantine. Cela n’empêche pas d’autres de s’interroger sur la suite judiciaire de l’affaire d’une part et d’autre part sur la validité d’une telle cérémonie quand on sait que l’alcool, les beuveries et les compétitions amoureuses ou sexuelles entre étudiants sont aujourd’hui associées à la vie universitaire ; quand être étudiant de l’université signifie pour certains « tout est permis » et faire partie des citoyens et justiciables d’une autre catégorie.

Recueilli par Bill