Depuis le temps qu’on attendait de telles réactions de la part de la chaîne nationale. En effet, il a fallu que la gestion de la ville d’Antananarivo échoit à quelqu’un qui n’appartient pas à la mouvance présidentielle pour que la chaîne télévisuelle nationale ait enfin une réaction objective à l’égard des autorités. Ainsi, rapportant les faits relatifs à un éboulement du côté d’Ambohijatovo qui risque de faire de nombreuses victimes si des mesures adéquates ne sont pas prises à temps, nous avons enfin pu entendre une critique envers les autorités centrales de la part de nos confrères. « Combien de morts faudrait-il constater pour que les responsables commencent à bouger », s’est interrogé le journaliste chargé de couvrir l’évènement.
A n’en pas douter, un tel jugement n’aurait jamais eu droit à l’antenne en d’autres circonstances, ou plus précisément si le premier responsable de la ville était autre que celui qui a été élu récemment. Nul n’ignore que sous ce régime, il n’est pas bon ton, surtout pour des fonctionnaires de l’Etat que sont ces journalistes, d’exprimer des opinions à contre-courant de la volonté de ces princes qui nous gouvernent ou de leurs protégés, sous peine de sanctions immédiates. Mise à pied, affectation, voire licenciement, sont les châtiments qui attendent les contrevenants.
S’agirait-il d’un réveil de la conscience journalistique, comme c’était le cas lors de la crise de 2001 où ces fonctionnaires ont déclaré « urbi et orbi » sur la place du 13 mai ne plus vouloir être l’instrument de la « propagande de l’Etat » afin de devenir la « véritable chaîne du peuple et pour le peuple » qui aurait dû être sa vocation première, ou ne s’agirait-il encore que de faire l’écho de la volonté revancharde de certains proches des hautes sphères qui veulent mettre tout sur le dos du premier responsable de la ville des mille nouvellement élu, sous la couverture d’une objectivité ?
Quoi qu’il en soit et qu’on en dise, le pasteur en charge de l’église qui a subi l’éboulement a été clair dans ses déclarations : « Cela fait 10 ans que nous nous sommes plaints des risques que nous courons auprès des responsables », a-t-il souligné. A chacun de voir combien de responsables se sont succédés à la tête de la commune durant ce temps !
