Prudence

Le chef de l’Etat s’est montré prudent dans sa réaction face aux assauts de l’opposition. Ravalomanana Marc s’est même montré sur la défensive quand il dit « ne nous obligez pas à sévir » à l’endroit de son ancien conseiller politique et ami Henri Lecacheur. « Misy dikany izao matoa aho miteny izany », devait même ajouter le président visiblement gêné. Cette prudence signifie également beaucoup de choses. Il est vrai qu’il a affaire à un homme déterminé et réputé pour ses coups fourrés passés. Le président du parti fédéraliste de Madagascar n’est pas en effet un homme à se laisser marcher sur les pieds. Quand il dit que personne n’a demandé d’autorisation pour descendre dans la rue en 2001 et 2002, il lance là un véritable avertissement aux autorités actuelles lesquelles ont acquis leur légitimité d’aujourd’hui sur la même place du 13 mai. En fait, on assiste dans cet affrontement à l’arroseur - arrosé. Le président a beau jeu de dire que ça ne sert à rien de descendre dans les rues alors que lui-même doit beaucoup à la rue dans sa conquête personnelle du pouvoir. Dans les marges, il n’a pas pourtant tout à fait tort de le dire. En échange, il doit seulement libérer l’accès des ondes nationales à toutes les sensibilités politiques. Y compris celles des opposants, dans toutes leurs diversités. Car sans une canalisation des énergies, le risque de débordement est réel. Et une visite chez Sarkozy ne peut endiguer les courants qui commencent à faire des vagues.