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Réflexion

Le livre à Madagascar

Prospective et perspectives, selon Michèle Rakotoson

mardi 21 août 2007

Ces temps-ci, le livre est dans l’air du temps, et fait l’objet de nombreuses réflexions et projets. Ce qui est important et est un véritable progrès en matière d’éducation et de développement. Et en ce sens, une réflexion globale doit être menée sur le produit livre à Madagascar, car d’une certaine manière, on peut dire que celui-ci est à la base de tout développement, car pour l’instant, c’est l’outil le plus simple, le plus facile d’emploi pour transmettre le savoir.

8 000 000 d’ouvrages scolaires édités et distribués dans les écoles

On peut parler de progrès actuellement. Cette problématique est au cœur de toute la réflexion actuelle sur l’éducation et des portes, notamment financières, s’entrouvrent. Des projets d’introduction du livre local dans les écoles s’ébauchent et on ne peut que remercier et féliciter les autorités et tous ceux qui s’emploient à ce que ces projets aboutissent, car ce serait un pas énorme en matière d’éducation, de culture, mais aussi d’économie. Car il faut savoir que 8 000 000 d’ouvrages scolaires ont été édités et distribués dans les écoles, des efforts de relance de la lecture sont actuellement menés dans les différents centres de lecture créés ces dernières années, des éditions ponctuelles sont effectuées suivant les besoins d’institutions, d’ONG…etc. Mais peut-être faudrait-il se poser, et réfléchir collectivement sur la pérennisation des projets pour éviter de créer des éléphants blancs extrêmement dispendieux. Et en cela, peut-être, en préalable à toute politique du livre à mettre en œuvre, déterminer collectivement, avec les corps du métier, comme ce fut fait le 8 mars 2007 dans le cadre du projet « Bokiko », les besoins, les urgences, les priorités. Si ce travail n’est pas fait, si cette mise à plat n’est pas opérée, les efforts faits le seront toujours, au mieux, autour du même groupe de personnes, ceux qui de toutes façons, d’une manière et d’une autre, auront accès au livre. Et la déperdition économique restera la même, très grande, avec le même taux d’analphabétisme et le même taux d’échec scolaire à grande échelle.

Cette nécessité de l’état des lieux avait déjà été mise en exergue le 8 mars 2007.

Il avait été aussi dit par les participants à l’atelier qui furent unanimes, l’importance d’éditer localement des livres pour enfants et pour nouveaux alphabétisés, en étant clairement défini qu’il s’agit là de deux populations différentes, aux besoins différents.

La langue d’édition avait été aussi déterminée, vu la situation linguistique malgache, ces livres doivent être en malgache ou bilingues. Et même le format d’édition : par exemple, pour les classes pléthoriques, des grands format pour les maîtres.

Avec le recul du temps, on peut dire qu’il faut aller plus loin ; déterminer avec les acteurs du terrain, les livres d’alphabétisation, les livres de vulgarisation, les livres d’accompagnement (romans, nouvelles, livres pour enfants, recueil de hira gasy) à éditer.

Une demande insatisfaite

Un autre état des lieux devrait aussi faire un point sur les projets en cours. Car il semblerait qu’il y a actuellement une multitude de projets et d’actions. Exemples : 100 000 livres de lecture et de calcul (écrits par des auteurs « ruraux ») ont été ainsi distribués et sont maintenant épuisés. Il y a eu treize titres à 30000 exemplaires par l’UAT… le besoin a été créé, mais la demande n’est plus satisfaite. N’y a-t-il pas lieu de retrouver ces titres pour un accompagnement de l’alphabétisation ou de l’éducation rurale ?

De même pour la création de bibliothèques qui se multiplient. C’est une excellente chose, mais quid de leur fonctionnement, salaires des employés, entretien, achats des livres, quel budget pour ces bibliothèques et où trouver ce budget ? La question financière de la pérennisation du produit livres doit être posée d’urgence, si on veut vraiment le développer, car de là découle toute la réflexion sur le développement, le livre étant, permettez-moi de le répéter, un outil primordial en matière de développement, et il est utile de s’y pencher si on veut corriger le fait que l’éducation à Madagascar coûtera de plus en plus cher, la pyramide des âges étant ce qu’elle est.

Or maintenir une société inégalitaire est inenvisageable, l’explosion sociale à venir sera ingérable.

Il est tout aussi urgent de faire un audit technique, un état des lieux techniques de l’industrie du livre à Madagascar : papeterie, intrants, état des machines, formation des techniciens, formation des auteurs, des illustrateurs, formation au montage de projets… chaîne du livre.

(A suivre)

Michèle Rakotoson
Ce 16 août 2007

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