Patriotisme de pacotille

Beaucoup de déclarations d’amour de la patrie ont été entendus ce week-end. A cause ou grâce à la commémoration du 29 mars 1947. Jour et année où débute une féroce répression coloniale contre les Malgaches soupçonnés de tentative de rébellion par les autorités coloniales de l’époque. Elle a duré près de trois ans et a fait des milliers de victimes. La France officielle refuse pour l’heure d’ouvrir les archives sur cette période peu glorieuse de sa présence à Madagascar aux chercheurs pour permettre à ceux- ci d’établir les faits. Et donc la vérité sur le 29 mars. En attendant cette lumière historique, le Malgache d’aujourd’hui est totalement déconnecté de ces événements. Sur les cinq jeunes stagiaires que compte actuellement la rédaction de Madagascar Tribune, aucun n’est en mesure de parler correctement de ces événements. Certains parlent de guerre, d’autres évoquent des massacres sans montrer la moindre émotion. D’ailleurs, personne n’arrive à situer la célébration dans son contexte véritable et réel. Au plan officiel, le concours de palabres sur cette célébration contraste avec la réalité. Tous assurent le service minimum et parlent de patriotisme sans annoncer de mesures concrètes en faveur des seniors qu’ils soient rescapés ou de simples vétérans. À voir les longues files de vieillards dans l’attente de leur maigre pension devant les guichets et bureaux de perception, on est fixé sur l’égard accordé à ces anciens. Ce patriotisme de pacotille exprimé du bout des lèvres ne trompe plus. Il explique pourquoi les jeunes générations n’ont qu’une idée en tête : partir à la moindre occasion.