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International

Paris et Kigali se réconcilient pour mieux consommer le divorce

mercredi 2 décembre 2009

(MFI) Le Rwanda, qui vient de renouer ses relations diplomatiques avec la France, rejoint au même moment le Commonwealth. Très bien noté par les grandes institutions financières internationales, ce pays, encore largement agricole, vient quand même renforcer le poids économique du Commonwealth. En Afrique, entre Francophonie et Commonwealth, le déséquilibre est flagrant.

Au moment où le Rwanda entre dans l’espace anglophone du Commonwealth, Paris et Kigali renouent après des années de brouille. En 2006, Kigali avait rompu tout contact officiel avec Paris, lorsque le juge français Bruguière délivrait des mandats d’arrêt contre des proches du président Kagame. La France et le Rwanda ont rétabli leurs relations diplomatiques suspendues depuis trois ans. Une annonce qui fait suite au voyage du secrétaire général de la présidence de la République, Claude Guéant, le 29 novembre, à Kigali, où il a rencontré le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagamé.

« A l’issue de ces entretiens, le président de la République française et son homologue rwandais sont convenus de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays », précisait le communiqué de l’Elysée. Kigali avait rompu en 2006 avec Paris, alors que le juge Bruguière venait de délivrer des mandats d’arrêts contre des proches du président Kagamé, soupçonnés d’avoir pris part à l’attentat contre le président Habyarimana dont la mort, le 6 avril 1994, passe selon certains avis pour l’élément déclencheur du génocide au Rwanda. Paul Kagamé avait vu, dans cette action judiciaire, un coup de poignard de la France.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner a initié une politique de rapprochement avec le Rwanda. Le ministre des Affaires étrangères s’est rendu à plusieurs reprises à Kigali. Et Nicolas Sarkozy a eu deux entretiens avec Paul Kagamé lors de sommets internationaux. Certes, le contentieux entre les deux pays n’est pas encore épuré : Kigali souhaite notamment que la France présente ses excuses comme l’ont fait d’autres puissances occidentales après le génocide.

Le Rwanda dans le Commonwealth

Cette normalisation entre Paris et Kigali intervient alors que le Rwanda vient de faire un pas hautement symbolique hors de l’espace francophone. L’entrée du Rwanda dans le Commonwealth consacre une volonté de Paul Kagamé d’ancrer son pays au plus près de son allié britannique. C’est le premier pays de l’espace francophone à rejoindre l’organisation anglophone. Mais c’est aussi le deuxième pays, après le Mozambique, à rejoindre le Commonwealth sans avoir jamais été ni une colonie ni sous mandat britannique.

De tradition francophone, le Rwanda est pourtant devenu officiellement le 29 novembre 2009 le 54e membre du Commonwealth, organisation qui réunit en majorité les anciennes colonies britanniques.

C’’est une indéniable victoire pour le président rwandais qui n’a pas ménagé ses efforts ces dernières années pour convaincre la grande famille anglophone de l’accueillir dans ses rangs. Le principe de l’adhésion avait été retenu il y a deux ans mais, à l’époque, le débat acharné entre partisans et adversaires de cette entrée avait repoussé la décision. En juillet dernier, un rapport de la commission des droits de l’homme du Commonwealth estimait toujours que les libertés publiques étaient restreintes au Rwanda, au point de créer un climat de peur dans le pays. Mais hier les partisans l’ont visiblement emporté.

Le Rwanda devient donc le 54e Etat du Commonwealth, organisation qui regroupe pour une grande part les anciennes colonies britanniques. Paul Kagame, anglophone convaincu, qui a d’ailleurs fait adopter l’anglais comme langue officielle dans son pays, souhaitait depuis longtemps tourner le dos à la francophonie et à la sphère d’influence française. Après le génocide de 1994 et l’arrivée au pouvoir de Paul Kagamé qui accuse la France de complicité avec les génocidaires, les relations entre Paris et Kigali ont été difficiles.

L’adhésion vue depuis la Grande-Bretagne

En adhérant à la communauté dirigée par la reine Elizabeth II, Kigali fait un pas de plus et un pas de taille, il faut le dire vers le monde anglophone. Vu depuis la Grande-Bretagne, et même si on ne le dira pas officiellement, il y a sans aucun doute quelque chose d’anti-français dans cet accueil à bras ouverts d’un pays qui a un grave contentieux avec la France. La BBC a diffusé récemment un reportage sur les écoles rwandaises où des professeurs essayaient de faire passer à l’anglais des élèves dont la langue maternelle était le français. Et ce n’est pas facile.

Cette adhésion est un épisode de plus du combat entre la francophonie et le « tout anglais planétaire ». Plusieurs autres pays frappent à la porte du Commonwealth : le Yémen, le Soudan, mais aussi deux bastions de la francophonie : Madagascar et l’Algérie.

La nouvelle de l’admission du Rwanda était au demeurant attendue puisqu’elle avait le soutien des plus grands pays de l’organisation : le Canada, l’Australie, l’Inde et celui de son voisin ougandais.

10 commentaires

Vos commentaires

  • 2 décembre 2009 à 08:58 | Jill (#3525)

    Avec l’éviction brutale de M. Ravalomanana a probablement pris fin « l’aventure » anglophone de Madagascar. Pour parachever ce retour en arrière vers le « tout » Français, les hommes politiques actuels devraient profiter du soutien bienveillant de la France pour demander maintenant le statut de DOM-TOM en s’inspirant de la démarche Mahoraise.

  • 2 décembre 2009 à 12:09 | Menabe (#209)

    Je suis ravi de voir une rubrique internationale sur T.com.

    Pour aider le lecteur dans son interprétation de l’article, on aurait aimé savoir si ceci est tiré á partir de votre travail de revue de presse et quelle en serait la source ou est ce un oubli d’avoir signé ?

  • 2 décembre 2009 à 12:13 | naivo (#3119)

    Enfin un pays qui se détourne de l’hypocrisie de la France. Pauvre petit Madagascar qui ne maitrise ni le français ni l’anglais. Isika zao no atao oe basin’ari-fito, sady tsy takatry ny ory nefa tsy ilain’ny manana.

  • 2 décembre 2009 à 12:31 | Gasy FIer (#387)

    après 64 années de colonisation française et 49 de soi-disant indépendance de Madagascar mais toujours sous une pseudo protection française, notre président Ravalomanana avait déjà, je crois, pensé comme M Kagamé à s’ouvrir à d’autres horizons mais avec ces « Gaulois » qui n’ont peur de rien il a été obligé de céder le pouvoir temporairement.

    Pourquoi effectivement ne pas changer de mentalité, et de changer d’horizons ?

    En tout cas félicitation à M Kagamé et au peuple rwandais pour ce « Dingana Lehibe » pour prouver au monde que même si la diplomatie entre les 2 pays est rétablie, ceci n’oblige en aucun cas le pays à rester francophone.

    • 4 décembre 2009 à 16:31 | doris24 (#2499) répond à Gasy FIer

      qui toblige a rester francophone ou d aimé les francais , reste chez toi , travaille chez toi , arrete de tendre la main pour demender a ceux que tu traine dans la boue a manger car tes surement incapable de rester malgache ont nous connais rassure toi est si tu crois étre aimé en amérique tu te goure l ami il se foutent des mora mora chez eux ont se bouge le cul pour bouffer les francais nourissent des millions de chomeurs malgache magrébin africain etc....quand ont voit ce nabo de ranavalo allez avec sa clique de nabo repus est obése voir ce chanteur elton a végas sa fait bien ils ont apprecier est les magouilles tu crois qu ils ignore sans parler que nous avont etait comuniste puis nord coréen francais américain bientot vous serez avec mougabé le seul a pouvoir tapprecier
      de france je nourie + de 100 personnes au village qui créve de faim a cause d incapable comme toi mes enfants étudit cadeau sont soignées etc.... va voir en amérique comment sa marche ako la

  • 2 décembre 2009 à 12:53 | meloky (#637)

    Congratulation for Rwanda !!!!!!!!!!!!

    I remember in 1996, and I admire not the genocide but the internal efforts that was initiated by the new government by that time.

    Let me tell you what was happening : The government had the audacity to run their country on the way they really want to go forward. In the midst of the fatal war and genocide, they have decided that the education and the means of education and the language used in any governmental office have to be in english. Why was this comes, because the repercussion of the bad behaviors and the down-sliding of the francophone attitudes towards their former colonies.

    So the ministry of education in Rwanda was doing a rock change in their education system, from the preschool to the university, but what I want to tell you was on what I personally experimented myself, when I was attending a workshop in Butare University (the second largest university of the country in the south) : it was about « the impact of globalization in Africa ». I met with students in this university and ask them how do you cope with your study ! and there I was surprised because they said their country have decided to change a pathway, so the university teach english at the first year, then from the second year all students have to carry on with their studies in english.......... and they did manage due to the great enthusiasm and the courage exposed by both students and lecturers together, because most of the lecturers were taught in france by then. But now what happened !!!!

    Even the largest organization such as commonwealth could not refuse their membership to them.

    This is really the courage that we need to have despite of the greater load of complaints and lack of the courage that our leader( let alone the economical system that is greatly dependent on the francophone) to implement a good educational system in our land.

    Let us see for awhile what was happening when ra8 just announce that english become our second official language !!!! the Francophone with france run like Bolt the Jamaican runner (doing tongotr’ankatoka) sending their jobless young people to MAdagascar to do a voluntary works and enjoy life in teaching thier french language to our primary and secondary schools !!!!
    Then have you really follow the scenarios on the « taim-bava » that those people published on newspapers at home and in France : they just tell only the poverty of our people which is indeed the fact we have to face at, but it was so annoying and degrading to hear and see them !!!

    I hate this and it makes me so disgusted to see how they behave in our country that offered them some experience in their personal life !!!

    So now I will stop here, but leave this word :

    If the politicians are not yet reaching the real and proper behavior that the country needs at the hard moment like we have at this very time, I still believe that our situation will keep being messed up by the foreign powers and those who pretend to be the master of the impoverished countries like ours.

    While we are now become the most messed up country in Africa and the world where our national sovereignty have been stepped down by foreign and bickering people, we have lost our independency and ability to govern our own land and bring good tiding to our people

    SO think about and try to learn the lesson that the Rwandese government managed to lead their people to reach this starting point for putting first their sovereignty to work.

    Seen on what’s happened recently, France with their loosing policy in Africa, tried to set up a fast-fastening ties with Rwanda after failing motion to put down the government by smearing them as the genocide mind master during the last serious event in Rwanda.

    Lesson to learn : to stand firm and to hold fast in the idea of serving the nation no matter whatsoever the others think about. The first and foremost is OUR COUNTRY before anything else.

  • 2 décembre 2009 à 17:08 | da fily (#2745)

    Hum ! l’enthousiasme de certains en dit long sur leur rancoeur vis-à-vis de la Francophonie.

    Le Rwanda a tout un tas de raisons pour justifier ce volte-face à l’encontre du partenaire « historique ». Partenaire on ne peut plus vesatile et inefficace si on se réfère aux tragiques péripéties de 1994.

    Retour des relations diplomatiques ? Quelle cahotique rattrapage...

  • 3 décembre 2009 à 00:03 | pilori (#3529)

    MERCI à TRIBUNE d’avoir traité de l’international de ce genre, le texte ressemble un petit peu à un empilement d’articles de revue de presse. Toutefois, le sujet devrait interesser les MALGACHES ne serait ce que par curiosité. Pour avoir suivi depuis 15 ans l’itinéraire et l’approche de MR Paul Kagamé ; Je ne suis pas surpris car voilà un homme qui a su travailler son dossier depuis longtemps en ayant déployé une bonne campagne de lobbying.
    Le RWANDA après de pires épreuves est admis au COMMONWEALTH et nous a montré que ce cercle restreint difficile d’accès lui est ouvert. Pour faire court et résumer mon intervention, la question qu’on est en droit de poser serait : QUID de MADAGASCAR pour accéder au Commonwealth ? QUESTION ANACHRONIQUE ? INSULTANTE même pour certains, ô combien hors sujet car vu notre crise actuelle : on a d’autres chats à fouetter. Mais quand même en revoyant notre histoire, notre pays a eu des influences et des contacts avec le monde britannique de 1820 à 1861 puis plus tard avec l’apport de la LMS (christianisation) et d’autres éléments culturels. Mais après les jeux des puissances coloniales, notre île était sous dépendance française et la suite tout le monde le sait...je dirais qu’on a des atouts à faire valoir mais notre classe politique n’ avait jamais effleuré cette éventualité ou du moins y a pensé mais sans y croire et la fermeture de l’Ambassade de la Grande Bretagne auprès de Madagascar en 2005 (pour des raisons budgétaires) a sonné le glas de la baisse du rapport bilatéral entre l’île et le pays de sa Majesté la REINE. ET POURTANT ? Ravalomanana avait à mon sens cette opportunité mais il n’avait pas une vision large ni profonde du monde anglo-saxon. Pour lui, c’était limité au business et au « cultuel » avec plus d’« Americanophilie » que d’anglophilie. NOS autres politiciens, n’en parlons pas, ils sont tous de formation française pour la majorité d’entre eux et pour cause... N’est pas Paul Kagamé qui il veut. Voilà un homme qui n’est pas exempt de reproches au regard de son passé tumultueux, avec ses défauts et ses qualités mais qui a su maintenir un cap. L’histoire jugera s’il a fait un bon choix car utiliser l’anglais dans les écoles (une de ses grandes réformes) est un grand défi : notons au passage qu’il maîtrise lui même très bien cette langue. Sur le terrain économique et politique ? ON JUGERA AUSSI SA GOUVERNANCE

  • 3 décembre 2009 à 01:14 | niry (#210)

    Le Rwanda est certainement le pays qui peut le plus en vouloir à la France. Les dirigeants belges et américains de l’époque l’ont lâchement abandonnée à son triste sort. Mais les dirigeants français ont fait bien pire que ça... Félicitations donc au Rwanda d’être entré dans la grande famille du Commonwealth. Entre le pire et le moindre mal, le choix est vite fait..

  • 3 décembre 2009 à 01:20 | kudeta (#1606)

    Bravo à Paul Kagamé.
    Au moins un grand visionnaire, rien à voir avec les Bongo, Sassou et autres Lapinou !

    En une dizaine d’années, le Rwanda est devenu un pays dynamique et ingénieux économiquement.

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