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Société

Francis Rajaobelina, DRH d’Holcim

« Ne jetez pas la pierre aux entreprises »

vendredi 29 octobre 2010 |  3432 visites  | Mona M.

Invité à s’exprimer lors du Forum sur la démographie et la place des ressources humaines dans la dynamique du développement qui s’est déroulé au CCAC mercredi 27 octobre 2010, c’est un véritable « coup de gueule » que le DRH a poussé, au nom des entreprises qui travaillent à Madagascar. Ce sont des extraits de son intervention qui sont présentés ici.

« On demande beaucoup aux entreprises qui travaillent à Madagascar. On leur demande en premier lieu de créer des emplois, bien sûr, mais aussi de s’investir, d’apporter sa contribution à la communauté. Mais comment demander aux entreprises de se réaliser ainsi si leurs besoins aux niveaux inférieurs ne sont pas satisfaits ?

Si l’on prend la pyramide de Maslow, qui est faite à l’origine à propos des humains mais que l’on peut également adapter aux entreprises, on voit qu’avant de penser à la réalisation de soi, il y a le besoin de sécurité qui doit être satisfait. Or, les entreprises aujourd’hui à Madagascar sont confrontées à un véritable problème de sécurité : elles ne peuvent être sûres ni de la sécurité de leurs employés, ni de celle de leurs bien, ni de celles de leurs investissements.

On nous demande de faire des projets de long terme, de penser à la société de 2050, alors que les entreprises malgaches ont déjà du mal à se projeter de 3 à 5 ans. Même 2011 est plein de points d’interrogation pour les entrepreneurs.

Nous sommes confrontés à bien d’autres problèmes. Ainsi, les gens veulent que les emplois créés par les entreprises qui s’implantent à Madagascar soient locaux. Mais ce n’est possible que si les compétences requises sont présentes sur place, ce qui n’est pas toujours le cas. Pourtant, l’implantation d’entreprises, mais lorsque celles-ci emploient des étrangers, crée énormément d’emplois indirects, qui ne sont pas assez pris en compte.

De l’État, le secteur privé attend un soutien fort dans son développement. Or, pour l’instant, il n’y a ni incitation fiscale à la création d’emploi, ni incitation à l’investissement formation. Pire, en période de crise comme celle-ci, le secteur privé souffre d’une défiance croissante de la part de l’État qui multiplie les contrôles fiscaux, ce qui demande une énergie qui serait bien plus efficace si elle pouvait être déployée ailleurs.

En prenant en compte tous ces facteurs, je crois qu’il est facile de se rendre compte qu’il ne faut pas jeter systématiquement toutes les fautes sur les entreprises. Les entreprises font ce qu’elles peuvent. »

8 commentaires

Vos commentaires

  • 29 octobre 2010 à 09:26 | razoel (#3922)

    100% d’accord avec ce monsieur.

    Je travail dans un secteur ou le nombre d’ emploi à créer existe mais la ressource humaine manque. On a beau a faire des offres d’ emplois dans les journaux mais la qualité des CV qui en résultent c’est le cauchemar.., la plupart des candidats proviennent dans les université privé qui fleurissent dans chaque coin de rue, mais leur compétence hélas..., soit ce sont des diplômés mais dont le diplôme ne correspond pas au profil recherché ( droit, tourisme etc..).

    En ce qui concerne l’ Etat, c’est vrai, en cette période de crise les contrôles fiscaux sont monnaie courante car le DJ a besoin des sous pour réaliser ses projet « Dj-esque »..., et surtout pour faire fonctionner la machine administrative. Mais la ou le bât blesse c’est la méthode dont les inspecteurs d’ impôt accomplissent leur travail. Plus de professionnalisme et de tact serait la bienvenue. Il faudra aussi instaurer un précis fiscal de la part des impôts car l’ interprétation des textes du code général des impôts varient d’ un inspecteur à un autre.

    Comme le dits ce monsieur, on manque de visibilité et on travail dans la peur d’ une amende fiscale à tout moment de l ’existence de l’ entreprise. Cela favorise énormément la corruption, je vous le cache pas, je connais une personne proche qui a préférer fermer sa société et est parti sous d’ autre cieux pour travailler que de subir le harcèlement constant du fisc et l’ instabilité politique du pays.

    De cela découle la corruption hihi, comme je l’ ai écrit dans un article sur l’ indice de corruption publiée par Transparency Internationale : Les entreprises qui subissent un contrôle fiscal préfèrent de loin soudoyer les inspecteurs et ses collaborateurs de quelques millions d’ ariary et le dossier est régler ou on diminue les sommes à la caisse de la HAT.

    Il faut être un « be fitiavana » pour investir à madagascar mais « minoa fotsiny ihany » MDR !!

    — 
    Mamokatra, Mamokatra, Mamokatra hatrany
    Miasa, Miasa tsara, Miasa mafy
    Maka, Maka, Maka dé m’sourire

    • 29 octobre 2010 à 11:45 | mahery (#2468) répond à razoel

      Et les entreprises qui ont financé le coup d’État sont devenus intouchables.Tandis que celles qui étaient fondées à l’époque de la « légalité » sont victimes de la mal conduite de la HAT (attaque raciale, banque mondiale HAT, menace d’expulser ...)

      Et les entreprises pakistanaises amies(du coup d’État), le groupe HF&F continuent de s’épanouir .

    • 29 octobre 2010 à 15:18 | rabri (#2507) répond à mahery

      Razoel a dit : « Je travail dans un secteur ou le nombre d’ emploi à créer existe mais la ressource humaine manque. On a beau a faire des offres d’ emplois dans les journaux mais la qualité des CV qui en résultent c’est le cauchemar.., la plupart des candidats proviennent dans les université privé qui fleurissent dans chaque coin de rue, mais leur compétence hélas..., soit ce sont des diplômés mais dont le diplôme ne correspond pas au profil recherché ( droit, tourisme etc..). »

      1) j’espère que ce n’est pas vous qui êtes responsable de l’appréciation des CV des candidats au sein de votre entreprise sinon, c’est LE CAUCHEMAR avec vos fautes de français LOL !! (à retravailler !)

      2) Ce problème d’incompétence des candidats surtout de ceux qui sortent fraichement d’écoles ne date pas d’aujourd’hui. A qui la faute ?? à notre vieux système éducatif importé de France avec copie conforme de programmes et de leurs contenus de THEORIES, justes pour faire sortir des diplômés (statistique oblige !!). Même en France, des milliers d’entrepreneurs peuvent témoigner que les étudiants sortis fraichement des écoles n’ont aucune compétence de terrain.

      3) Vous entreprises avez aussi un rôle important à jouer dans la formation de ces futurs employés :

      a) il faut d’abord arrêter d’être hypocrite car bon nombre d’entreprises quand elles recrutent des stagiaires ne pensent qu’à les exploiter (exemple : confier à ces stagiaires la tâche de faire des milliers de photocopies pour le personnel de l’entreprise au lieu de réellement s’atteler à leur donner le maximum d’éléments pratiques utiles à leurs stages)

      b) si une quelconque entreprise a vraiment la volonté d’investir dans la ressource humaine (= l’embauche de futurs employés immédiatement opérationnels), elle devrait être un partenaire indéniable des centres de formation en bâtissant avec ces derniers DES REFERENTIELS PROFESSIONNELS qui constituent un préalable à l’élaboration de référentiels de formation qui ont une finalité « adéquation formation-emploi »

    • 29 octobre 2010 à 17:52 | razoel (#3922) répond à rabri

      Rabri >> lol, oui je ne suis qu’ un simple employé :), et j’ avoue le français c’est pas mon fort hihihi. Comme vous le dite je ne suis pas le responsable du recretument ;)

    • 29 octobre 2010 à 20:08 | che taranaka (#99) répond à rabri

      rabri ,

      soyons modestes nous avons tous un niveau pas très honorable par rapport à la langue de Molière..on fait ce qu’on peut..et cette attitude de définir l’intelligence (sa capacité à analyser et à avoir une certaine vision de la société) des gens par rapport à ses habits ou à ses vocabulaires n’est plus tout à fait intelligente..tendons la main au quartier difficile pour devenir enarque car celà peut être aussi une voie pour réduire la fracture sociale qui se traduit en facture sociale, si on exclut les uns et les autres, dont personne ne sort gagnant ....

      Pour le reste vos analyses sont justes et je suis entièrement d’accord avec vous.Un effort est à fournir pour trouver une solution à l’inadequation des formations (ou des diplomes) et les réalités économique commerciale ou industrielle .

      Il faut dire aussi que ces réalités évoluent costamment et d’une façon rapide..alors que le système d’éducation est une machine assez lourde à transformer.Beaucoup de pays sont confrontés à ce problème et la mondialisation est passée par là..transformant la planète en un petit village où tous les matins il y a toujours une nouveauté...qui se présente !!

      Le défi d’un pays comme le nôtre c’est de ne pas se décrocher de la caravanne des pays civilisés..hélas actuellement notre rame ne prend pas la bonne direction..

  • 29 octobre 2010 à 12:12 | Mihaino (#1437)

    Bien dit et bien expliqué ....

    Je partage l’analyse de ce DRH et suis d’accord avec les 2 réactions ci-dessus ...

    Wait and see ....

  • 29 octobre 2010 à 16:08 | ikopa (#671)

    Ce qui se passe actuellement à Fort-Dauphin avec le QMM confirme ces craintes de l’intervenant.

    Les Canadiens (RIO TINTO) ont investi des sommes exhorbitantes pour arriver à cette dernière phase d’exploitation de l’entreprise qmm. Mais à tout moment tous les accords, promesses et garanties de la part de la partie malgache risquent de s’évaporer. Et donc, les plans et projets d’exploitation des « vazaha mpanam-bola » ont de fortes chances de tomber à l’eau.

    Les natifs de l’Anosy ne se sentent pas trop concerner par la présence du Qmm. Ils ne voient pas le vrai interêt de « supporter » la présence de ce multinational sur le sol de leurs ancêtres.

    Il y aquelque chose qui ne colle pas bien avec notre politique nationale d’investissement. Surtout pour les grands projets miniers. Car soyons sûrs, le cas de Tolagnaro avec le Qmm n’est pas isolé.

    Un autre jour ce sera peut-être aussi Tamatave/ Sherrit int., ou Soalala/ Wisco.

    Finalement les vazaha ne vont plus avoir confiance en nous et nous traiteront de « gasy tsy matotra ».

    Car si les Tanôsy de Tolagnaro se ruent avec femmes et enfants renforcer les barrages empechant les travaux de bien se derouler sur place cela represente de manques à gagner enormes pour l’entreprise. A partir d’un certains temps de blocage, ce ne serait plus vivable pour son avenir financier. Il lui faut agir ou faire agir. Il va attendre ou reclammer à ce que l’Etat malgache prenne ses responsabilités en faisant « sauter » le barrage qui,iln faut le dire, prend de jour en jour de l’ampleur.

    Est-il opportun pour le régime de transition de Rajoelina Andry, à l’heure actuelle de prendre le visage de briseur de « tolom-bahoaka » au pays de Monja Roindefo ?

    D’un côté aussi, on peut dire que la réaction de la population dauphinoise denote un mal-être longtemps reprimé vis à vis du Qmm, de la politique depuis le temps de ra8( Tolagnaro n’ apas été autorisé à élire son maire en 2007), des mpiavy surtout des natifs des hautes terres.

    Ils, ce sont les Tanosy, Tandroy, Tesaka, majoritaires dans les environs de la ville de Fort-Dauphin, qui reclamment le limogeage des cadres superieurs « ambaniandro » au sein du Qmm a bénéfice des leurs ; du fédéralisme avant l’heure en fait.

    Toujours est-il que cela perturbe les projets d’investissement des « olona mpanam-bola » qu’ils soient Gasy ou Vazaha.

    A voir cet exemple de Tolagnaro, on serait effectivement enclin à croire qu’ il n’y a pas de vrais cadres serieux pour permettre un investissement securisé chez nous.

    Les vazaha kanadiana seront bientôt obligé d’opter entre ceder aux revendications des barragistes aux allures « mpanao adim-poko » et se separer de ses employés « ambaniandro » soit laisser pourrir la situation et attendre des intervention de la force de l’ordre, ô combien justifiée, mais qui risque d’avoir de lourds conséquences politiques pour le régime HAT-if.

    N’y a-t-il vraiment pas d’autres considérations à tenir compte lors de ces debats ou discussions sur les investissements à Madagascar ?

    • 1er novembre 2010 à 17:10 | fiadanana (#303) répond à ikopa

      C’est la solution raisonnable.

      Le niveau d’études a Madagascar est a peu près le meme si on ne considére pas la capitale et les 5 chefs lieux de province.

      Pour les emplois manuels : 80% de locaux et 20% de gens venant d’autres régions

      Pour les emplois de bureau : 90% de locaux et 10% de gens venant d’autres régions.

      Madagascar est tres grand.

      Pour la formation professionnelle. Je n’ai pas de commentaires, je partage totalement l’avis du monsieur de chez Holcim.

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