Les malgaches ne comptent plus sur le hasard

Ce mercredi 2 mars 2011, la société Reelmada avait décidé de mettre le paquet dans la promotion de la Loterie Malagasy dans les rues de la capitale. À part les tapages médiatiques, les affichages grands formats sur les différents panneaux publicitaires de la capitale, les sono-mobiles qui circulent dans les rues de la capitale, il y a aussi des hôtesses qui marchent à pied pour interpeller les passants dans la rue, apparemment indifférents face au matraquage de ce jeu du hasard.

Ce mercredi 2 mars 2011, du côté d’Ankorondrano et d’Ankadifotsy, aux environs de midi, les gens ne se précipitaient pas pour prendre les prospectus de la Loterie Malagasy. Du côté d’Ankorondrano, il y en avait même qui refusaient de prendre les prospectus offerts par les hôtesses avec un sourire en supplément de cadeau. On peut dire que les 2 000 ariary ou 10 000 Francs, le prix de participation à ce loto, est l’équivalent du prix de presqu’un kilo de riz, à 1 600 ariary ou 8 000 Francs. Donc, pour la majorité des malgaches, il ne s’agit plus d’un jeu, c’est vraiment un investissement.

Ce n’est pas un jeu

Mais dans cet « investissement », ce n’est ni le savoir faire ni l’habilité qui compte, c’est la chance. Il faut compter sur sa bonne étoile. Alors pour ceux qui y croient, 2 000 ariary ne seraient rien par rapport au gain à espérer, 400 millions d’ariary ou deux milliards de francs. Mais il semble que la majorité des malgaches ne sont pas de cet avis, en tout cas pour les tananariviens.

On peut conclure que les malgaches ne comptent plus sur le hasard pour sauver leur vie. Ils ont perdu leur confiance en leur bonne étoile. Plusieurs préfèrent mettre plus de sûreté dans ce qu’ils entreprennent. Quitte à s’adonner à de mauvaises pratiques telles la corruption, l’escroquerie ou le vol. Et si on réfléchit bien, on ne peut pas toujours faire des reproches contre ces personnes malsaines. L’espoir s’amenuise au fur et à mesure que la population entreprend des mouvements pour changer le cours de sa vie.

Que ce soit en 1972, 1991, 2002 ou 2009, derrière les mouvements populaires, il y avait des fauteurs de trouble qui avaient tous instauré, dans l’esprit de la population malgache, de faux espoirs pour un avenir meilleur. Et on se souvient toujours du slogan de 2002, « Marc Ravalomanana, le messie ». Et tout le monde a eu un espoir, en pensant que la chance avait tourné pour Madagascar. Et si cela était vrai, toutes les familles malgaches auraient dû, en ce moment, circuler dans une 4L (promesse faite par Marc Ravalomanana). Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Une raison utilisée par l’opposition pour renverser le dernier président de la troisième République. Actuellement, la population malgache est encore en train de vivre son cauchemar. Et elle ne pense pas qu’une loterie de 400 millions d’ariary puisse sauver sa vie.