A quelques encablures des Jeux Olympiques, le monde libre est consterné par le revirement total et entier des autorités chinoises de limiter l’accès à l’Internet. Elles ont pris cette décision hier alors que de nombreuses délégations commencent à affluer dans le pays. Et plus particulièrement, les médias et les journalistes. Croyant en la parole donnée par Pékin de garder les vannes de l’information ouvertes, des confrères ont réalisé des reportages sur les Jeux et aussi sur le pays. Sur le terrain, ils commencent à fouiller là où il ne le fallait pas aux yeux des officiels du pays hôte. C’est ainsi par exemple que l’on a appris hier sur une chaîne câblée française que « les Chinois ont besoin de différents types de passeports pour se rendre d’une Région à une autre et surtout pour se déplacer de la campagne à la ville ». Un pays, deux passeports. Un autre reportage évoque la naissance d’un mouvement syndical « indépendant » du parti communiste. De même, des Chinois eux- mêmes ont investi les sites Internet comme Google ou Yahoo. Pour Pékin : trop, c’est trop. Du coup, le couperet est tombé : accès limité et très contrôlé à l’Internet pour les médias étrangers et pour les Chinois eux-mêmes. Reporters sans Frontières risque aussi l’interdiction d’entrée dans le pays.
Affaire de démocratie
Tout ceci pour dire qu’en dépit d’un développement économique sans précédent, d’une croissance à deux chiffres unique dans l’histoire, la Chine reste et demeure un pays sous- développé dans son mental. Dans sa tête puisque le développement ne se fait pas sans la démocratie. On ne le dira jamais assez. Ce sont les deux rails du chemin de la modernité. L’un ne va pas sans l’autre. C’est ce qui arrive ici même. Les pouvoirs successifs ont cru à tort qu’en faisant du chiffre, en matière de croissance économique, ils arriveraient automatiquement à bon port. Eh bien, non. Le développement est avant tout une affaire de démocratie. C’est l’évidence même. Toute autre conception ne tenant pas compte de ce truisme n’est que leurre. Car ces deux là font la paire.
