Un peu gêné aux entournures après la tournure des événements après l’éditorial de la semaine dernière, votre éditorialiste de service s’interroge par moments s’il est bon de maintenir le ton léger de l’éditorial du Samedi... Car lorsqu’on évoque le football et que des attentats meurtriers s’enchaînent ensuite à Cabinda, on en arrive à se demander si la légèreté reste de mise et si nous ne pourrions pas tous passer pour, au choix, des éléments du CAPSAT, des mercenaires sud-africains ou des hooligans britanniques ayant chacun absorbé quelques litres de bière.
La bière, ça fait grossir. Et le football, ça fait maigrir, sauf si on arrête d’en faire, à en croire les images de Diego Armando. Et ce sont des non-footballeurs qui canardent des footballeurs. Conclusion évidente, même si elle est un peu simpliste : il vaut mieux pratiquer le sport que le regarder. C’est quand même meilleur pour la santé et pour les sentiments pacifistes.
Demandez au Cardinal Armand Razafindratandra : ne vaut-il pas mieux mourir sur une plage à 85 ans après avoir fait un peu de natation, que décéder dans la lumière blafarde des néons d’une chambre d’hôpital à cause des kilos en trop provoqués par des excès de THB et de poulet frites ? [1]
- Portrait présumé du général toscan Allessandro del Borro, auteur incertain.
Et il vaut mieux un léger régime alimentaire qu’un excès de régime politique. Du moins si on en juge l’évolution des tours de ventre de certaines catégories de personnes lorsqu’elles deviennent Ministres. En sus (ou à la place ?) de la déclaration obligatoire de la situation de fortune de nos dirigeants, je suggère la déclaration obligatoire de leur indice de masse corporelle. Cela pourrait entraîner d’intéressantes comparaisons avant-après, avec empêchement de continuer pour tous ceux dont l’évolution du poids les menace d’un infarctus du myocarde ou d’un décès par apnée du sommeil. Le Conseil d’État sera chargé de définir une règle spécifique pour les femmes qui tomberaient enceintes pendant leur mandat.
Mais attention, c’est comme pour les déclarations de patrimoine, il y en a qui pourraient être tentés de tricher... Et beaucoup nous diront non sans raisons que l’année 2009 leur aura appris la plus grande méfiance vis-à-vis des apparences physiques.
- David, Michelangelo Buonarroti.
Soyons clairs donc. L’idée ne consiste pas à pénaliser les gros au profit des maigres, et ce surtout lorsqu’on a actuellement une personne d’apparence fluette au pouvoir. C’est le suivi des évolutions qui semble intéressant. Donc que nos lecteurs (et surtout nos lectrices [2]), qu’ils soient grassouillets ou faméliques, assument sans complexes leur état actuel d’asperge ou de potiron, mais qu’ils n’oublient pas de pratiquer un peu d’exercice physique, sans se priver comme certains de manger correctement.
On peut regretter que personne n’ait songé à faire passer avant cette idée, en passant par exemple par un certain homme politique que l’opinion avait surnommé Bouddha et qui serait peut-être encore en vie si cette proposition avait été mise en place. Croyez-vous que j’ai une petite chance en passant par Organès ? J’ai quelques doutes...
Vos commentaires
Encore faut-il trouver de quoi manger , un moyen d’en procurer vu l’innombrable perte de travail.
Même pas besoin de faire des exercices pour perdre un peu de poids puisque non seulement , le travail pour gagner son pain , il n’y en a pas mais en plus on n’a même plus un esprit de penser à son régime puisque la dureté de la vie elle même fait l’affaire .
dans les pays économiquement développés, l’indice de masse corporelle est inversement proportionnel au niveau économique et social ; plus ils sont placés haut sur l’échelle sociale, moins ils sont gros . L’obésité est un problème de pauvre . Cela s’explique par plusieurs paramètres : niveau d’instruction et de connaissance sur les problèmes de l’obésité , coût de l’alimentation saine (les frites et autres sucreries grasses et les poulets aux hormones ne sont pas chères), pratique du sport....
A Madagascar, plus ils sont riches, plus ils sont gras !!!
Si en France, être traitée de grosse est l’insulte suprême , qui équivaut à se faire traiter de moche, aux States, ça tourne vraiment à la tyranie. Le mot d’ordre y est : « Jamais trop riche, jamais trop maigre ». C’est simple, la maigreur ( ou extrême minceur : la taille dite zéro ou XXS ) est le signe même de la réussite sociale, et un idéal de beauté qui justifie toutes les mortifications physiques (anorexie, auto-vomissement combiné au sport à outrance, drogues pour faire taire la sensation de faim...)
Un arbitre de la beauté, le couturier Karl Lagerfeld, clôt le débat en affirmant de façon péremptoire : « La polémique sur les trop minces est un faux débat. Il n’y a même pas 1% d’anorexiques... En tout cas, les femmes doivent faire un choix : être sexy (un peu ronde) ou être fashion. Les deux propositions se marient mal, la fashion sexy est vite vulgaire ». Il va même plus loin, jusqu’à accuser les non-maigres de mauvais citoyens : « Apparemment, les gens manquent de discipline et de sens civique... Tôt ou tard, ils iront aider à creuser le trou de la Sécurité sociale. la minceur extrême est là en exemple pour rappeler aux femmes de ne pas devenir trop amples... ».
Mieux vaut entendre ça que d’être sourd...
Et si on parlait d’autres choses ?
De la santé mentale de nos dirigeants par exemple...
« Tsaratsara endrika ianao izany. Matavitavy tsara na mahazo aina tsara ». Etre bien portant dans l’imagerie populaire revient à « être empaté » !
Ny mikasika ny mahia indray, dia tonga dia voatsena amin’ny teny toy izao : « Mahia loatra ianao izany. Nisy aretina nahazo anao angaha ». Na koa hoe « Hay ity izy, tena ohatry ny taolan-katsaka » !
Misy fiteny hafa koa milaza fa : « Ny omby mahia tsy lelafin’ny namany ».
Resaka kolotsaina ve izany, sa fahazarana fotsiny ihany ?
Non ! Ne changeons surtout pas de sujet. L’article pose le problème du drame malgache.
Nous avons tous été émus par la survie de la gamine de moins de deux ans retirée indemne des décombres d’un quartier pauvre de Port-au-Prince par une équipe de journaliste étrangers après le séisme en Haïti. Comment a-t-elle pu survivre trois nuits et trois jours sans boire ni manger ? À mon époux abasourdi, j’ai répondu : « Simplement parce qu’elle a l’habitude de ne pas manger. Dans le monde combien d’enfants ne mangent qu’une fois par jour ? Et comme cette petite n’a aucune notion du temps, elle a certainement pensé que la pitance tardait un peu à arriver, c’est tout. »
C’est ce qui arrive à beaucoup de nos enfants en brousse. Une vieille m’a arraché des mains un paquet de biscuits (deux petits JB à la vanille en leur papier brillant) que je tendais à une gamine de quatre ans : « Il ne faut pas créer des besoins aux enfants », m’a-t-elle gourmandée. Et elle est partie très vite empochant son butin.
Moralité : « Sady taviny no volony » reste manifestement un idéal malgache pour les plus forts qui peuvent se servir.