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Gouvernance

Le GESC plaide pour la protection des terres malgaches

lundi 5 mars 2018 | Fano Deraniaina

Dans le cadre de la célébration du vingt-cinquième anniversaire du GESC ou Groupement des Experts et Scientifiques, une table ronde a été organisée au Café de la gare à Soarano vendredi dernier autour du thème : « Renouveau de la vie nationale. Qu’est-ce ? Comment ? » Cette conférence a mis en lumière les questions existentielles de notre Nation et a forgé l’opinion de l’assistance sur la nécessité de revenir à la source c’est-à-dire la terre. Reconquérir les valeurs fondamentales malgaches à la conservation des terres ancestrales car ce sont les raisons d’être de la Nation toute entière.

Les éléments précurseurs de cette rencontre partent du constat que les malgaches finiraient par devenir des apatrides dans leurs terres si les formes de cession des terres malgaches continuent délibérément en faveur des étrangers. Cela se traduit par la diminution incontrôlée du patrimoine immobilier de l’Etat. « Si tout le monde croit que l’Université d’Antananarivo fait partie du domaine public, il faut reconnaitre qu’elle est encore titrée sous le nom de la Fondation Charles de Gaulle jusqu’à aujourd’hui. Ce qui fait que seules les infrastructures se trouvant en dessus qui appartiennent à l’Etat. Actuellement, nous sommes en train de faire des lobbying pour transférer le titre à l’Etat », dévoile le Doyen de faculté DEGS qui a participé à cette manifestation. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres justifiant le fait que les anciennes propriétés coloniales ne sont pas encore transférées à l’Etat Malagasy. D’autant plus, une grande partie du terrain de cette Université a failli être transformée en terrain de golf en 2013. L’Etat a déjà fait un pas lorsqu’il a institué les BIF ou (Birao Ifoton’ny fanananan-tany). Une initiative qui mérite d’être saluée. Par contre, le prochain passage du projet de loi sur la ZES ou Zone économique Spéciale inquiète lourdement les membres du GESC. La preuve en est que la loi sur les domaines publics interdit l’occupation des plages. Force est de constater que les rivages de la mer sont souvent occupés par des hôtels appartenant à des étrangers. Et ces occupations étrangères vont ainsi se multiplier si la ZES est votée.

A travers une étude comparative, Rakoto David Olivaniaina explique qu’ « en Chine, les étrangers ne peuvent pas acquérir des terrains pour investir, notamment pour les investissements qui demandent des terrains de grande superficie. Toutefois deux options leurs sont ouvertes : soit l’investisseur étranger prend une participation minoritaire dans une entreprise d’Etat qui exploite le terrain, soit il agit en tant que partenaire. A Madagascar en misant sur l’IDE ou investissement Direct Etranger, on invite tous les étrangers à venir s’installer au pays alors que ce procédé réduit considérablement la marge de bénéfice de l’Etat  ».

Pour le sociologue Rabarihoelina Bruno, membre du GESC, il faut revenir véritablement sur les valeurs fondamentales qui soutiennent la particularité des Malagasy. « Actuellement, on inculque aux enfants des valeurs qui ne sont pas du tout les leurs. Cela est dû au fait que nous importons des cultures étrangères qui suppriment les nôtres. Raison pour laquelle les jeunes générations actuelles n’ont plus d’esprit de créativité. Ils n’ont en tête que d’imiter les autres. Ainsi, il est très facile pour les étrangers de s’installer à Madagascar et d’investir puisque les jeunes malgaches ont tendance à ingurgiter passionnément les cultures des horizons étrangers. Et ce, sans la moindre réflexion sur les conséquences ultérieures », rapporte-t-il. Il n’est pas alors étonnant si les télévisions diffusent sans cesse des feuilletons indiens ou encore des dessins animés asiatiques. Les « Anganon’ny Ntaolo » (conte d’antan) n’y ont pas eu leur place. C’est en quelque sorte une manière pour les étrangers de se familiariser avec les malgaches. Redonner la valeur sacrée de la terre car elle est un cadeau divin d’où la nécessité impérative d’arrêter les cessions de terrain sous des formes multiples et de reconquérir ce qu’on a perdu.

7 commentaires

Vos commentaires

  • 5 mars 2018 à 09:56 | Gérard (#7761)

    ils ont raison !

    mais le sujet est bien plus vaste, quand on est l’un des états les plus pauvres du monde, il faudrait pouvoir se protéger de la convoitise des plus riches dans tous les domaines

    l’accaparement des terres, mais aussi

    l’ invasion culturelle, destructrice de toute valeur

    l’exploitation des personnes qui travaillant sous contrat local sont payées 10 fois moins qu’un expatrié moins diplômé et qualifié, dans les organismes internationaux , l’institut pasteur, les sociétés étrangères ou locales

    la jeunesse , qu’elle parte au Koweït ou soit exploitée localement par des touristes sexuels chaque jour plus nombreux

    à compléter !!

    ce n’est pas un péché d’être pauvre, mais c’est un bien grand malheur

  • 5 mars 2018 à 11:49 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    Assalaamo alaikoum

    C’est la vision des élites voire des pseudo-élites certes mais elle reste PRIMAIRE et quid de celle du peuple ?
    Devenir apatride pourquoi ? Ce terme est-il pris dans son bon sens ?

  • 5 mars 2018 à 12:00 | saricine (#2893)

    C’est important, et il faudrait continuer jusqu’au fond du problème.

    Il ne faut pas rester que sur les terres, allez aussidans d’autre domaines : education, culture, corruption

    Esperons que tout ça ne reste pas sur la table, que ça ne soit pas pris pour chantage politique en vue d’une place ou rémunération quelconque.

  • 5 mars 2018 à 12:49 | Ibalitakely (#9342)

    Tant que les Malagasy pensent à « une terre des ancêtres » plutôt qu’à « une terre des descendants » [tanindrazana no mbola mibahana fa tsy taninjanaka na tanintaranaka] les tenants du pouvoir ne penseront qu’à un tany baranahany !! & Neuilly sur Seine sera tjrs là pour acceuillir les non satisfaits de Dakar I, Dakar II & Dakar XXXVI.

    • 5 mars 2018 à 13:22 | vatomena (#8391) répond à Ibalitakely

      Nos lointains ancetres vivaient comme des reclus .Ils ne participaient en rien à la marche du monde .Ils ne changeaient rien ,ils n’exploitaient rien ,ils n’exploraient rien ,ils n’inventaient rien .La vie de chasseurs cueilleurs suffisait à leur bonheur . Ce sont ces foutus colons qui ont mis fin à cette vie végétative mais heureuse dans sa simplicité . Ils nous ont plongé dans un maelstrom de nouveautés qui nous dépassent encore aujourd’hui . Notre malheur d’aujourd’hui vient de là .Nous n’avons pas su assimiler la leçon étrangère .

  • 5 mars 2018 à 13:14 | jangobo (#8776)

    Et la plupart des terres bien placées appartiennent à des karana sous des prête-noms car ils les ont achetés en 2009 durant le coup d’état

  • 7 mars 2018 à 09:16 | Stomato (#3476)

    Dans cette avalanche de nouvelles triste, tentons un peu d’humour noir... au sujet des experts !

    On attribue au physicien danois Niels Bohr (1885-1962) cette définition de l’expert : « Un expert c’est celui qui a fait toutes les erreurs qu’il est possible de faire dans un domaine. ».

    L’expert, c’est celui qui échoue : Notons ici que cette définition n’est sans doute pas facile à entendre, dans la mesure où nous aurions des hésitations à accorder notre confiance à quelqu’un qui nous expliquerait que son projet est de rechercher méthodiquement l’échec.

    Autre définition d’Expert :
    1. Qui a acquis une grande habileté, un grand savoir-faire dans une profession,
    une discipline, grâce à une longue expérience.
    2. Qui a une grande habileté dans une activité quelconque.

    « Les experts sont des gens qui en connaissent énormément sur très peu de choses, et continuent à en apprendre de plus en plus sur de moins en moins de choses. »

    Combien d’experts faut-il pour changer une ampoule ?
    - On ne sait pas. Il n’y a pas encore eu d’étude de faisabilité...

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