Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
jeudi 28 mars 2024
Antananarivo | 21h50
 

Tribune libre

L’exploitation des ressources minérales à Madagascar

mardi 21 août 2012

Madagascar est doté d’importantes ressources naturelles. Ces dernières sont sources de revenus, mais leur exploitation peut aussi engendrer des impacts environnementaux majeurs. La gestion de ces ressources constitue ainsi un enjeu majeur en matière de développement durable. Les activités minières et extractives méritent d’être bien régulées pour que le pays puisse en tirer le maximum d’avantages et pour éviter toute dérive et limiter leurs externalités négatives.

Contrairement à certains pays africains, l’existence de ces ressources rares ne crée pas des conflits importants dans la grande île. Cela s’explique particulièrement par sa situation géographique. Toutefois, la gestion des ressources naturelles est loin d’être parfaite, malgré la possibilité d’effectuer un contrôle administratif.

Les activités importantes d’exploitation sont généralement exercées par des compagnies étrangères qui doivent en contrepartie verser des taxes élevées. Le pays ne dispose pas notamment des compétences techniques et des équipements nécessaires.

Les expériences récentes semblent révéler une mauvaise gestion des ressources minières de l’île. La répartition des produits des exploitations paraît très asymétrique entre les acteurs étrangers et nationaux. Les malgaches peuvent-ils tirer davantage profit de l’exploitation des ressources minières de leur pays ?

Les malgaches, notamment les habitants proches des sites d’exploitations, supportent les impacts négatifs et les risques liés aux exploitations sans en tirer profit. Les grands groupes étrangers s’engagent parfois sur des contreparties ou des compensations, mais ils sont largement insignifiants par rapport aux gains liés à ces activités. Toutefois, ils ne respectent pas nécessairement leurs engagements : « les promesses n’engagent que ceux qui les entendent ! ». Les externalités négatives générées par les exploitations ne sont ainsi supportées malheureusement que par des populations qui n’ont pas le droit au produit.

En effectuant une analyse coûts-avantages, il est possible d’identifier quelques mesures pour améliorer la gestion des ressources naturelles. Les futurs projets d’exploitation devraient en tenir compte.

Quelques pistes de réflexions :

Fixer un nombre minimum de parts sociales, avec droit de vote, accordé à l’État pour la société exploitant les ressources minières. On peut, par exemple, inscrire dans la constitution que l’État doit détenir au moins un quart du capital social.

Favoriser une gestion optimale des ressources naturelles grâce à la décentralisation. En faisant participer les autorités locales sur les décisions. Cela permet d’améliorer la rapidité des prises de décision et de l’adéquation des actions. Il semble également important que les autorités locales obtiennent une plus grande part des revenus liés à l’exploitation des ressources locales.

Mettre en place une règle selon le principe pollueur payeur et l’appliquer. Il faut ainsi instaurer une obligation de réparation en cas de dommage.

Appliquer un principe de précaution. Fixer un délai minimal d’analyse et de concertation avant l’autorisation de toute exploitation des ressources minérales. De même, en cas de danger potentiel ou imminent, il faut arrêter immédiatement les activités d’exploitation. En outre, il convient d’interdire toute exploitation générant des effets négatifs de grande ampleur.

Pour renforcer la capacité de gestion des ressources naturelles, il semble ainsi primordial de réformer les législations et les institutions nationales. Par ailleurs, une stratégie nationale de lutte contre la corruption et de bonne gouvernance doit être mise en place pour que l’exploitation des ressources naturelles apporte des améliorations significatives des conditions de vie des populations.

Andrianasy Angelo DJISTERA
Docteur en économie
Université de Toamasina, Madagascar

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS