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Editorial

Invitation

mardi 9 février 2010 |  2133 visites  | Patrick A.

Dans les pays où les jurés au sein d’un tribunal sont issus du public, le serment qu’ils doivent prêter est loin d’être anodin. En France par exemple, il sont sommés de répondre « je le jure » à la longue série d’obligations suivante : « Vous jurez et promettez d’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges qui seront portées contre X..., de ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui l’accuse, ni ceux de la victime ; de ne communiquer avec personne jusqu’après votre déclaration ; de n’écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection ; de vous rappeler que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de vous décider d’après les charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions ».

À Madagascar, les Cours criminelles comportent quatre assesseurs tirés au sort parmi les citoyens âgés de 25 ans ou plus, sachant lire et écrire et jouissant de leurs droits civiques et politiques. Malheureusement, le rôle des assesseurs apparaît souvent effacé par rapport à celui du professionnel qu’est le Président de la Cour.

Il n’empêche que ceux qui auraient à juger un jour d’une affaire comme celle du 7 février 2009 porteraient une lourde responsabilité sur leurs épaules. Et j’invite tout un chacun à relire attentivement le serment ci-dessus pour estimer en son âme et conscience s’il pourrait être à la hauteur de cette responsabilité, et s’il assumera pleinement ses responsabilités de citoyen ou s’il préfèrera moins courageusement se faire porter pâle.

On n’est pas aujourd’hui en manque de Saint-Just prompts à diaboliser leurs adversaires, mais ce sera une toute autre trempe de personnalités qu’il faudra trouver pour assumer dignement ce rôle d’assesseur. Sur le 7 février, beaucoup a été dit, mais même un an après, on manque encore d’informations clés et d’investigations réellement contradictoires permettant de prendre le recul nécessaire. Qui peut prétendre qu’en son sein, ne s’est pourtant pas cristallisée une opinion quasi-définitive sur ces faits tellement médiatisés ? Il faudra cependant l’oublier si l’on souhaite remplir correctement ce rôle.

Questionnements intimes

Au nom du principe de la présomption d’innocence, je ne suis pas a priori enclin à penser que Marc Ravalomanana ait une responsabilité personnelle dans cette tragédie, mais je ne peux complètement l’exclure. Inversement, je suis enclin à penser qu’Andry Rajoelina et Monja Roindefo ne peuvent être entièrement dédouanés de cette affaire, mais conclure à un scénario prémédité à l’avance me semble aujourd’hui bien hâtif. Mon intime conviction, bien fragile à cette heure, est que de part et d’autre, nous avions des personnages prisonniers : à la fois de leur image et de la foule de leurs partisans. Quant à répondre comment, confronté à des circonstances semblables, on aurait pu personnellement réagir, cela reste pour l’instant très présomptueux.

Vis-à-vis des acteurs directs confrontés sur le terrain ce jour là, la même prudence devrait être de mise. J’ai pour l’heure tendance à trouver certains beaucoup trop prompts à disculper les soldats de la garde présidentielle en évoquant des mots comme légitime défense : ils me semblent faire l’impasse sur le principe de proportionnalité qui définit juridiquement la notion de légitime défense. Qu’il y ait eu des morts en de telles circonstances n’est pas réellement pour surprendre. Qu’il y en ait eu 31 est une toute autre affaire. Mais ces soldats étaient-ils libres de leur consentement ? Et inversement, peut-on disculper les manifestants ?

Personne ne m’a jamais invité à être juré de Cour criminelle. Mais si cela arrive un jour, il me faudra bien prononcer, en pensant à ce que j’ai de plus cher au monde, ces mots terribles : « je le jure ».

13 commentaires

Vos commentaires

  • 9 février 2010 à 08:15 | diego (#531)

    Bonjour,

    NISY NANGALAMPIHINANA HIANAREO, ma mère nous avait avertis, mes frères et moi.

    - pas moi, pas moi, TSY ZA, on était en coeur.....

    - à l’arrivé de mon père, rien n’etait encore resolu, alors mon père nous avait dit, vous trois, vous êtes tous punie : plus de foot pendant 3 mois.

    J’en avais toujours voulu à mes parents et plus tard, j’ai posé la question à mon père pourquoi nous punir alors qu’il y a bien eu quelqu’un NANGALAMPIHINANA et je sais que ce n’était pas moi. La réponse : il m’a répondu,...« parce que je savais que vous le savez celui qui a fait le coup »...!!! Personne n’avait denoncé et oui....et on ne pouvait pas accuser les voisins !!!!

    • 9 février 2010 à 08:56 | Noue (#2427) répond à diego

      - Il n’empêche que ceux qui auraient à juger un jour d’une affaire comme celle du 7 février 2009 porteraient une lourde responsabilité sur leurs épaules. Et j’invite tout un chacun à relire attentivement le serment ci-dessus pour estimer en son âme et conscience s’il pourrait être à la hauteur de cette responsabilité, et s’il assumera pleinement ses responsabilités de citoyen ou s’il préfèrera moins courageusement se faire porter pâle.

      Hélas , je crois que c’est peine perdu d’avance !!! Qui pourrait être à la hauteur de cette responsabilité ? ny ao @ fitsarana ve mba misy azo antoka ?

      Ireny aza , ahoana moa ny nilazan-zareo azy ? nous ne sommes pas compétents pour prendre des décisions ? Impiry efa niseho ireo ?

    • 9 février 2010 à 09:09 | Noue (#2427) répond à Noue

      - « je le jure »

      Pour l’intérêt supérieur de la nation que je ne ferai rien ensuite mais que comme bon me semble puisque je suis le président ve ? dia avy eo voatsara hoe « sans qualité » ?

    • 9 février 2010 à 21:10 | rabri (#2507) répond à Noue

      Je porte à la connaissance du public LA MENACE CI-DESSOUS, que je prends au sérieux. Dès demain matin, je fais des démarches auprès de la CNIL ( Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés)

      Création d’un Comité juridique
      9 février 18:17, par Rakotoasitera Fidy
      Pauvre rabri
      Peut etre qu’il faudrait dire aux forumistes qui est vraiment ce rabri ??
      C’est à dire , son nom , son prénom , et d’autres coordonnées
      Chiche rabri ????

  • 9 février 2010 à 08:57 | da fily (#2745)

    Bonjour, soyons honnêtes : disculper qui que ce soit n’est pas le propos, cela voudrait dire qu’il n’y a pas de responsables.

    Les soldats de la garde étaient en état de siège quand la foule est arrivée sur les lieux. Je pointe du doigt la hierarchie qui n’a pas eu de réaction immédiate de dissuasion. On peut s’émouvoir de voir des forces de sureté taper dans la foule en rang serrés, mais celà a pour but de briser la cohésion de la meute. Les premiers du rang en sont pour leur frais, et les suivants vont, soit stopper net, soit reculer pour éviter le coup de matraque. Cette option a pour but d’éparpiller le bloc, donc le fragiliser, et ensuite d’essayer de rétablir un semblant d’ordre. Tout cela sans armes à feu ni armes blanches. L’utilisation d’armes à feu est une option faisant suite à un constat d’échec, flagrant dans ce cas. Là est la responsabilité du côté de la garde présidentielle.

    Maintenant regardons en face : une foule remontée à bloc, forte de son ascendant sur les forces de l’ordre, pillages et incendies précédents perpétrés avec la bénédiction des leaders du moment, auguraient pour les plus déterminés, autant de butin ou ce qu’il serait toujours bon à prendre. Pour ceux qui connaissent un tant soit peu les manifs, il y a toujours le larron qui n’attend qua l’occasion. L’anarchie totale était en ligne de mire pour la plupart, il fallait envahir le palais pour parachever l’insurrection. Les leaders s’accaparant les commandes et la plèbe s’occupant du reste ( pillages, larcins...).

    La suite vous connaissez. Débordement non maîtrisé à temps d’un côté, d’où la réponse disproportionnée, et larguage irresponsable ( quoique des sommations verbales aient été donné) d’une masse prenant son rêve du jour pour une réalité.

  • 9 février 2010 à 09:53 | maso (#2264)

    Il faut aussi tenir compte de la finalité des événements.
    Si il n’y a pas prise de pouvoir antidémocratique, c’est à dire juste des pressions, défis etc., alors les victimes sont des martyres et le pouvoir est de toutes les façons coupable, quelques soit l’issu de l’enquête.
    Mais si il y a coup d’état alors les victimes sont des hommes sacrifiés par leurs chefs pour accéder au pouvoir par la violence.
    Et là c’est à ces chefs d’assumer leurs CHOIX.

  • 9 février 2010 à 10:05 | PLUS QU’HIER ET MOINS QUE DEMAIN (#1532)

    Tirer à balle réelle dans le dos des enfants,des femmes et des jeunes(des journalistes) en fuite, c’est de la lachêté et du crime contre l’humanité.Défendre de tels crimes c’est faire l’avocat du diable.Dans cette tragédie, il n’y pas de légitime défense ni circonstance atténuante : c’est un massacre délibéré.L’acculturation des hommes au pouvoir était telle qu’ils confondent fiction et réalité. Même en tant de geurre on ne tire sur les ennemis désarmés. L’horreur était à son comble.Ils ont oubliés la sagesse malgache« BASY ATIFITRA HAVANA KA TSY MAINTSY ARANGARANGA » « ALEO ENJEHIN’NY OMBY MASIAKA TOY IZAY ENJEHINA NY ERITRERITRA » « IZAY TSY MIADY OLOMBODO FA IZAY TO FO MPAMOSAVY » « NY MALAGASY TSY MIADY AMAMPATY ».INONA NO MAHA-MALAGASY ANAO RAHA IREO FAHENDRENA IREO AZA TSY LALAINAO ? Quelle honte à vouloir toujours justifier l’injustifiable !

    • 9 février 2010 à 11:54 | Rasoa (#1122) répond à PLUS QU'HIER ET MOINS QUE DEMAIN

      PLUS QU’HIER ET MOINS QUE DEMAIN,

      Un CRIME reste un CRIME et,

      Personne ne défend les actes criminels et PERSONNE NON PLUS, à ce que je sache - ne parle de légitime défense puisqu’à ce jour, aucun enquête n’a été ouvert ??? !!!! Donc, aucun INCULPé (présumé coupable) n’a été écouté en disant qu’il a agi en légitime défense !!!!

      C’est pour cela que je CRIE HAUT ET FORT que :

      Rajoelina aurait fait mieux d’expliquer à ses ânes (ou moutons) à QI inoperationnel les risques et périls qu’il courraient en s’attaquant à un Palais d’Etat !

      Et comment ça « TIRER DANS LE DOS » ?

      D’après les films, ils ont reçu (presque tous) les balles au devant - comme le journaliste - il tournait le dos aux gardes présidentiels tout en filmant les moutons qui avancaient vers le Palais et la balle lui était entrée par la bouche - donc, son TUEUR était en face de lui - dans la foule parmis les moutons sinon il serait du côté de l’Hotel du Louvre... mais pas du tout parmis les gardes su Palais !!!

      Et sachez que,

      IL N’Y A PAS QUE VIVA TELEVISION OU TVM qui a pris des FILMS !!!

    • 10 février 2010 à 05:09 | Ranjoky (#410) répond à PLUS QU'HIER ET MOINS QUE DEMAIN

      La Communauté Internationale ne se penche pas à cette affaire-là, ca m’étonne vraiment ! Pourquoi La CI n’envoie pas des experts pour identifier quels genres de balle ont tué ses hommes, femmes et enfants sans armes ! Et si ce sont des balles de l’Armée malgache ou de la SADC, pourquoi elle ne la sanctionne pas ?
      C’est évident que aucun des dirigents malgaches pense à la vie du peuple malgache (Andry, Zafy, Ravalo et Ratsiraka). Ils ne pensent qu’à leur trône ! C’est inimaginable que la CI essaie de son mieux remettre ces hommes là au pouvoir avec la masque de la - toujours - démocratie ! La CI veut que tous ces tueurs travaillent ensemble (cohabitation)...Pour quoi et pourquoi ?

    • 10 février 2010 à 14:56 | Rabery (#3463) répond à PLUS QU'HIER ET MOINS QUE DEMAIN

      Où est le film de la caméra de Ando de la RTA ? Pourquoi sa famille a refoulé les responsables des tgv venus présenter leurs « condoléances » le lendemain ? NY MARINA TSY MBA MATY FA FISAKA IHANY KA MBOLA HISEHO RY PQHEMQD

  • 9 février 2010 à 14:27 | Annie Remh (#3572)

    Bonjour,

    Le système judiciaire bien de chez nous préconise que « est innocent celui qui n’a pas été jugé coupable par une cour de justice ». Cette présomption d’innocence est la base essentielle de notre justice pénale (même si elle est inquisitrice). Donc, il faudrait « modérer » tous ces propos accusateurs qui rendent un « verdict » avant même que les investigations et autres enquêtes à charge et à décharge aient pu avoir lieu.

    Il faut voir et analyser « objectivement » ce qui s’est passé le 26 janvier 2009 d’abord (puisqu’il y avait aussi mort d’hommes ce jour), puis ce qui s’est passé ensuite le 7 février 2009 (beaucoup de morts) et enfin, ce qui qui s’est passé après le 17 mars 2009 (encore des morts). Il y avait et il y a toujours actuellement des « versions » contradictoires, et des « thèses », ou plutôt des « positions » plus qu’opposées.

    Les circonstances factuelles montrent bien, pour tous ceux qui ont pu assister à ces événements, des réalités tragiques. Les dispositions légales doivent aussi être étudiées et interprétées selon les faits réels. Mais il ne faudrait pas « se substituer de facto » aux juges.

    Il est bien de chez nous de « condamner » à l’emporte pièce, sans réflexion aucune, sans investigation pralable. Il est bien de chez nous d’assener des « jugements » sans en connaître les tenants et les aboutissants. Il est bien de chez nous de se comporter en un « potentat doté de toutes les vérités » quand nos intérêts personnels l’emportent sur le bons sens et la sagesse. Il est bien de chez nous d’utiliser des « qualificatifs » ou des « phrases péremptoires » pour couper court à toute discussion, ou pour figer une situation.

    Les auteurs de ces événements doivent être jugés, puis sanctionnés en application des lois en vigueur. Malheureusement, il est bien de chez nous de désigner d’avance des « coupables », soit pour se soulager la conscience, soit pour cacher la vérité.

    Malheureusement, de tels « comportements irresponsables » ne laissent jamais apparaître la vérité que l’on essaie par tous les moyens d’étouffer.

    Condamnera-t-on jamais le ou les « vrais » responsables ? Il est permis d’en douter, compte tenu de la mentalité prévalente et de nos « fombafomba ratsy fanao hatrizay ».

    Et si ces « vrais responsables » se permettent aussi de dire : « Responsables, peut-être, mais sûrement pas coupables » ? On imagine déjà le tollé, mais en pareille circonstance, c’est de ... bonne guerre ! Ou plutôt, c’était un coup d’Etat et que celà suffit à justifier « tout » ?

    • 9 février 2010 à 15:18 | da fily (#2745) répond à Annie Remh

      J’allais le dire, Annie. Des morts il y en a eu bien plus que ce 7/02/09.

      Pas de stèle pour les autres, considérer comme « oubliable » par nos hâtifs en pleurs ?

      Toute la « vérité » est dans ce que vous venez d’écrire, hélas...

  • 9 février 2010 à 18:08 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Patrick

    N’allons pas trop vite , personne ne parle de jugement ... et puis Patrick
    évitons de trop intellectualiser cette ’affaire’

    Il y a cette proposition de mettre en place un comité juridique

    Attendons d’abord les réactions de monsieur Maharante

    Et puis , Patrick , je peux vous affirmer qu’il éxiste des malagasy compétents
    et integres capables de s’atteler à cette tache et d’aller jusqu’au bout

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