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Editorial

Idôlatrerie

samedi 10 octobre 2009 |  2243 visites  | Patrick A.

Obama prix Nobel de la Paix. En apprenant la nouvelle, bon nombre de personnes ont dû se demander un court instant si leurs sens n’étaient pas victimes de quelque excès de libations du vendredi soir, avant de vérifier l’heure et de conclure : trop tôt. Pour d’autres raisons, la plupart des observateurs sont aussi arrivé aux mêmes conclusions : trop et trop tôt.

La tradition du Nobel de la Paix est en effet assez bien établie. Et Obama n’entre dans aucun des trois cas de figure classiques.

Premier cas de figure, un challenger à qui le jury veut donner une lisibilité. C’est grâce à son prix que la birmane Aung San Suu Kyi et sa cause gardent une certaine visibilité internationale que la junte militaire de son pays cherche à tout prix à étouffer. C’est aussi grâce à son prix qu’un Dalaï Lama peut de temps à autres rencontrer les grands de ce monde, du moins ceux qui n’ont pas trop peur de provoquer la colère de la Chine. Alors ne vous laissez pas abuser : la photo ci-dessus date de 2005, lorsque Barack Obama n’était que sénateur. Ces temps-ci, il ne peut plus trop se permettre ce genre de rencontres, et l’organisation de la remise du prix à Oslo le 10 décembre risque d’être un brin délicate pour les responsables du protocole, car les impératifs géostratégiques feront vraisemblablement que les deux lauréats Nobel auront à se côtoyer sans se rencontrer.

Deuxième cas de figure, les dirigeants de ce monde qui ont quelques états de service à faire valoir. Mais il est conseillé d’avoir quitté les sommets pour recevoir son Prix, car le recevoir lorsqu’on est encore au pouvoir semble porter la poisse... Obama ferait bien de méditer sur l’exemple de Mikhaïl Gorbatchev, récipiendiaire en 1990, et qui de nos jours se distingue essentiellement dans la presse internationale en jouant les porteurs de valise pour la marque Louis Vuitton.

Itzhak Rabin et Yasser Arafat étaient eux aussi aux commandes lorsqu’ils ont reçu leur Nobel, et cela ne leur a pas non plus porté chance. Mais eux représentent plutôt le troisième cas de figure, les couples devant le juge de conciliation. Et de telles adjudications communes de prix peuvent, comme celle conférée à l’américain Henry Kissinger et au vietnamien Le Duc Tho en 1973, créer quelques controverses et ne pas mener à grand chose. Comme le comité Nobel a déclaré avoir « attaché une importance particulière à la vision et au travail d’Obama pour un monde sans armes nucléaires », aurait-il envisagé de donner dans le même temps une médaille, au moins en chocolat, au président iranien Ahmadinejad ?

En prenant en compte la candidature de Barack Obama alors qu’au moment des nominations, celui-ci n’était occupant de la Maison Blanche que depuis onze jours, le comité Nobel crée une quatrième catégorie, et l’on se demande si l’on a affaire au Prix Nobel de la Paix ou à celui de Littérature. Le président américain a manifesté sa volonté de ne pas trop s’enfermer sur les problèmes de son propre pays et il semble avoir une vision d’un ordre mondial basé sur l’écoute et la discussion, mais il n’a pas fait pour l’instant avancer un seul traité majeur, et l’on attend encore la véritable concrétisation en actions des sommets du G20.

Par sa décision, le comité Nobel nous remet en mémoire certains supporters ayant le don d’adouber prématurément des comètes en sauveurs de Madagascar. La louange rend rarement service, et l’actualité nous donne l’occasion de rappeler que même si l’on partage pas mal des idées d’un Barack Obama, il est nécessaire en certaines occasions de le descendre de son piédestal. Que les forumistes de tous bords qui trouvent qu’un inventaire un peu critique ne peut être inspiré que par la « haine » ou la « jalousie » en prennent un peu de la graine. Lorsque la presse exerce son devoir d’inventaire, elle ne prétend pas jouer les Saint Pierre ayant à choisir entre transformer les hommes politiques en anges ou en démons.

« Eh bien, ce n’est pas comme cela que je pensais me réveiller ce matin », a déclaré le président américain, en racontant la réaction de ses deux filles après l’annonce de la nouvelle. « Malia est entrée et a dit : ’Papa, tu as gagné le prix Nobel de la paix et c’est l’anniversaire de Bo (le chien de la famille)’. Et puis Sasha a ajouté : ’En plus, nous avons un week-end de trois jours’ ». Et le président Obama de lancer : « c’est bon d’avoir des enfants pour garder un sens de la mesure ». Laissons aussi bien les zanak’i Dada que les hérauts de la première place aux jeunes méditer sur ces paroles.

La louange disions-nous rend rarement service. Surtout parce qu’elle n’est souvent pas désintéressée. Il n’aura sans doute pas échappé à Barack Obama que la ville d’Oslo n’est pas lointaine de celle de Copenhague. Et que la remise du Nobel, le 10 décembre, aura lieu en plein sommet des Nations-Unies sur le changement climatique, qui se déroulera du 7 au 18. Le comité Nobel n’a pas forcément rendu service à la planète en s’aliénant une partie de l’opinion américaine qui pourrait être amenée à soupçonner une pression étrangère sur un débat interne aux États-Unis.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 10 octobre 2009 à 15:16 | Vitagasy (#304)

    Reaction d’Obama après l’annonce. Lui non plus n’estime pas être digne du prix. De plus ca l’handicape plus que tout dans son agenda. Mais son approche pour tirer avantage de cette situation non voulue est interessante. Sans verser dans l’idolatrie, on se demande quel prix les dirigeants malgaches pourraient un jour gagner...

    Xxxx —

    This morning, Michelle and I awoke to some surprising and humbling news. At 6 a.m., we received word that I’d been awarded the Nobel Peace Prize for 2009.

    To be honest, I do not feel that I deserve to be in the company of so many of the transformative figures who’ve been honored by this prize — men and women who’ve inspired me and inspired the entire world through their courageous pursuit of peace.

    But I also know that throughout history the Nobel Peace Prize has not just been used to honor specific achievement ; it’s also been used as a means to give momentum to a set of causes.

    That is why I’ve said that I will accept this award as a call to action, a call for all nations and all peoples to confront the common challenges of the 21st century. These challenges won’t all be met during my presidency, or even my lifetime. But I know these challenges can be met so long as it’s recognized that they will not be met by one person or one nation alone.

    This award — and the call to action that comes with it — does not belong simply to me or my administration ; it belongs to all people around the world who have fought for justice and for peace. And most of all, it belongs to you, the men and women of America, who have dared to hope and have worked so hard to make our world a little better.

    So today we humbly recommit to the important work that we’ve begun together. I’m grateful that you’ve stood with me thus far, and I’m honored to continue our vital work in the years to come.

    Thank you,

    President Barack Obama

    • 10 octobre 2009 à 20:20 | zandrygasy US (#1941) répond à Vitagasy

      I am one of those people who are inspired by Obama vision and hope, however I think awarding him the Nobel Prize because of his EFFORT, and because, they said « he created a new diplomatic environmental, to fight against nuclear weapon » .... those are just words, where is the ACTION, the RESULT, ...
      One need to remember that even the way to hell is paved with good intention ...

  • 11 octobre 2009 à 00:14 | Albatros (#234)

    Sénateur, Barak Obama rencontre le Dalai Lama, président il évite de la rencontrer pour ne pas heurter les chinois.

    Et oui !!!. C’est ça la diplomatie !!!.

    http://www.madagascar-tribune.com/Diplomatie,12827.html#forum29665

  • 11 octobre 2009 à 07:15 | niry (#210)

    Je suis aussi de ceux qui pensent que le prix lui a été attribué trop tôt et trop vite. Un vrai cadeau empoisonné. L’engouement qu’il suscite est réel et justifié mais sa marge de manoeuvre est maintenant limitée..comment l’Amérique, avec tout ce qu’elle représente, peut-elle être dissuasive avec un président aussitôt taxé de « colombe » à sa tête ? Obama a sans nul doute toute l’intelligence pour gérer ce poids, mais il aurait pu certainement s’en passer.

    Pourquoi c’est pas TGV qui l’a eu ? Avec tous les espoirs et les belles intentions qu’il prétend incarner et représenter ?

  • 11 octobre 2009 à 13:58 | le diaspora (#1311)

    s’il est possible de faire appel à un prix nobel de la paix d’ OBAMA, je pense que Madagascar en aurait fait, car ce dernier a accepté de réconnaitre un putchiste à la tête d’un Etat alors l’ EU, pendant la période de Bush avait une stabilité politique et de prospérité économique et que des réalisations de promesses présidentielles ont apparues comme les fanamboarana lalana,
    Mais à cause d’ OBAMA, Andry RADOMELINA a tout detruit, et aujourd’ hui RETOUR AU CASE DEPART pour rien, s’il y avait un prix nobel de trouble fête pour OBAMA je suis sûre qu’ il le meritait

  • 11 octobre 2009 à 16:50 | Bena (#2721)

    mba omeo an’i benja sy hery kosa ny nobel ekonomia azafady e.

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