Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
mardi 14 mai 2024
Antananarivo | 22h52
 

Editorial

« Fananana iombonana »

mercredi 14 octobre 2009 |  3415 visites  | Patrick A.

Même si Madagascar ne verra sans doute jamais un de ses résidents devenir Prix Nobel d’Économie [1], le pays n’est plus depuis Lundi complètement absent des recherches couronnées [2] par la prestigieuse institution suédoise. En effet, on relève dans le curriculum vitae d’Elinor Ostrom, première femme lauréate du Prix Nobel d’Économie, qu’elle est l’un des auteurs d’un ouvrage commandé par la Fondation MacArthur intitulé « Les recherches et formations du réseau des instituts et ressources forestiers internationaux (International Forestry Resources and Institutions) à Madagascar et dans l’Est de l’Himalaya ».

Et l’on retrouve le nom d’Elinor Ostrom dans les bibliographies de bon nombre de travaux de recherches effectués sur Madagascar. Car selon Martine Antona, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, Elinor Ostrom « a été la première à mettre l’accent sur la gestion de ressources communes qui n’appartiennent à personne et qui doivent être gérées collectivement, comme l’eau, les forêts, les stocks d’élevages ou les poissons ».

Selon le comité Nobel, Elinor Ostrom a été récompensée pour avoir « remis en cause l’idée classique selon laquelle la propriété commune est mal gérée et doit être prise en main par les autorités publiques ou le marché ». Autrement dit, pour avoir souligné qu’il y a d’autres voies que le libéralisme de marché ou la collectivisation étatique, et que dans certaines circonstances, ces voies alternatives peuvent être plus efficaces. Voilà des recherches qui devraient inspirer ceux qui vantent les vertus du fokonolona traditionnel ou s’interrogent sur les réussites de projets comme Wikipédia ou les logiciels libres. Et pourquoi pas (on peut toujours rêver) les acteurs politiques malgaches.

Les clés de la réussite

Elinor Ostrom a fondé l’International Association for the Study of the Commons, une association qui recense les expériences réussies de gestion des ressources par « l’auto-organisation ». Si la théorie dominante dit que laisser les individus se partager un bien en commun conduit inévitablement à une surexploitation de ce bien et un gaspillage, Ostrom démontre que la plupart des gens, quand ils sont confrontés à la rareté de ressources, sont capables de coopérer et d’agir pour le bien commun.

En se fondant sur de nombreuses études sur la gestion par des groupes d’usagers des ressources en poissons, des forêts ou des lacs, Elinor Ostrom a montré que des collectivités d’usagers pouvaient gérer de manière économiquement optimale des biens communs, à travers la création d’institutions adéquates. La principale clé de la réussite est la règle : « Je ne respecte les lois que si tous les respectent ». Une fois le système en place, il se produit un cercle vertueux. Pour que chacun soit rassuré sur le suivi des lois par les autres, il faut que chacun connaisse les agissements des uns et des autres, ce qui conduit au choix de règles faciles à appliquer et à un système d’auto-contrôle peu coûteux : ceux qui surveillent le respect des règles sont ceux qui les subissent ou des personnes qui sont sous l’autorité de ceux-ci, et le système s’attache à la transparence des informations.

En corollaire, un système de résolution des conflits doit être facilement accessible. Cependant, en règle générale, l’individu peut faire une entorse au règlement sans subir de sanction grave. Et tout membre du groupe à qui s’applique les règles peut contribuer à modifier ces règles, qui sont fixées sans immixtion d’autorités externes. En fait, le système semble faire tout ce qu’il peut pour ne pas provoquer l’éclatement de la communauté (ce que produirait une punition sévère).

Je laissais croire en début d’article que les Nobel sont fort éloignés de Madagascar. Mais à coup sûr, ce prix Nobel est d’actualité, y compris sous certaines latitudes où l’on aura beaucoup parlé en 2009 du marimaritra iraisana.

Et par ailleurs, il existe une autre exception connue à l’éloignement de Madagascar des prix suédois. Claude Simon, prix Nobel de littérature en 1985, est né à Antananarivo en 1913. Mais son père ayant péri lors de la première guerre mondiale, il est douteux qu’il ait beaucoup connu le pays qu’il évoque cependant indirectement dans un seul ouvrage, l’Acacia, en y parlant de « fouillis de fougères arborescentes, de feuillages géants vernis, charnus, rainurés, pendant en grappes, s’éparpillant, festonnés, gauffrés, striés, déchiquetés aériens, s’entremêlant, se bousculant, entourant d’un cadre exubérant une muraille de roche, une cascade ».

Vous avez dit bois de rose ?

Notes

[1Sur la moisson 2009 des Prix Nobel, seuls la littérature et un tiers du prix de chimie ont échappé aux USA, même si plusieurs lauréats américains sont nés à l’étranger ou ont une double nationalité.

[2au sens propre comme au sens figuré : ce sont 10 millions de couronnes suédoises, soit plus d’un million d’euros, que les lauréats de chaque prix se partagent.

13 commentaires

Vos commentaires

  • 14 octobre 2009 à 06:21 | havana (#623)

    Pour espérer voir un jour le premier Malgache couronné par le Prix Nobel, je pense qu’il faudrait en créer une nouvelle catégorie : le Prix Nobel du « Putschisme et de la Démagogie » ; là-dessus je suis sûr que les Malgaches rafleront la mise et défieront largement toutes concurrences. On a un très bon réprésentant qui saura bien défendre les honneurs du pays. Et il aura comme objet de recherche justifiant ce prix : « De l’importance des savoirs en matière de DJ pour sortir un pays de la misère »...

  • 14 octobre 2009 à 06:26 | georges Rabehevitra (#3099)

    Cher Patrick,

    Juste une petite précision : l’autre co-lauréat est Oliver Williamson.

    Ceci étant la corélation est évidente entre la manière dont se passe les choses dans notre pays et les études de ces 2 prix Nobel. Ce qui a été recompensé c’est qu’ils ont étudié depuis très longtemps le processus de prise de décision, qui devrait être différent de celui du ’’marché’’.

    Dans les problèmes politiques actuels de notre pays, tous les protagonistes parlent de ’’négociation’’, au sens ’’marché’’ du terme. Dans le sens marché, négocier c’est essayer d’avoir des prix plus bas quand on est acheteur et des prix plus haut quand on est vendeur.

    Or, une crise politique n’est pas un ’’marché’’ ou un gateau à partager. Au contraire, c’est exatement comme la théorie de ces 2 prix Nobel.

    Nous avons un bien commun qui est la Patrie, comment négocier entre nous pour que celle-ci stabilise ses institutions et ait un avenir moins cahotique ?

    Bon je divague car je ne suis pas sûr qu’il y ait un seul politique qui ait raisonné de cette manière. Il n’y qu’à voir les attitudes des proRavalo et de Monja Roindefo.

    Merci Patrick

    • 14 octobre 2009 à 08:14 | ASSISE (#1505) répond à georges Rabehevitra

      *** « Andry Rajoelina avait déjà offert à Monja Roindefo un poste « meilleur » que celui qu’il occupe, avait indiqué Andry Rajoelina dans son intervention radio-télévisée du vendredi 9 octobre. » ***

      De par ce raisonnement, vous pensez qu’il est seulement question de parler de pro-Ra8, Monja ?

      Il est actuellement difficile de discerner qui des pro-« ceci cela » roule pour l’intérêt supérieur de la nation, par contre il est très facile de voir qu’ils roulent pratiquement tous pour leur prestige, orgueil et surtout pour le pouvoir tout court pour accéder à tout ce qui est « meilleur », ne parlons pas d’ambition, car nous en avons une en nous tous mais des fois elle est mal placée.

      Ne parlons pas non plus de « l’intérêt supérieur de la poche ».

    • 14 octobre 2009 à 11:05 | Bena (#2721) répond à georges Rabehevitra

      c’est facile de condamner les pro-r8 et monja. mais il faut se mettre dans leur peau et vivre ce qu’ils ressentent actuellement (et que tout malgache normal doit ressentir). il y a des principes de base qui guide toute décision, et que l’on s’est engagé à respecter. il y a les paroles données. certes ce consensus peut résoudre tout, mais un consensus qui engendre d’autre crise est-il raisonnable ?

      en fait, tout cela me dépasse, je préfère ne plus y penser et dire bye bye aux médiateurs internationaux et ... à très bientôt chez nous ou ailleurs car vous avez semé de mauvaises graines.

    • 14 octobre 2009 à 12:58 | havana (#623) répond à ASSISE

      Rabehevitra a dit : « Il n’y a qu’à voir l’attitude des pro-Ra8 et de Monja ». Soit. Et que pense-t-il, M. Rabehevitra, de l’attitude de TGV ? Il n’y a rien à dire peut-être ?

      Je le dis : ce type mérite le Nobel du putschisme et de la démagogie !

  • 14 octobre 2009 à 09:16 | L_Ranaivo (#3361)

    excellente mise en parallèle, chapeau !!!
    pour abonder dans le même sens, par opposition au percept d’ostrom sur les biens collectifs, se trouve la tragédie des communs de Hardin : « l’accès libre à une ressource forte mène inévitablement à la surexploitation ... Chaque individu ayant un intérêt personnel à utiliser la ressource commune de façon à maximiser son usage individuel, tout en distribuant entre chaque utilisateur les coûts d’exploitation » Samy misintona izay mety aminy dia ny daholobe no manefa ...
    Eo indrindra isika zao hoy ny fitenena

  • 14 octobre 2009 à 09:37 | Be Naivo (#712)

    Madagascar n’est pas si éloigné que ça des Nobel car en 2007 le prix Nobel de la paix a été attribué conjointement à Al Gore et au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

    Parmi les membres du GIEC se trouvait l’expert scientifique malgache Richard Ramaroson. En ce sens ce dernier peut être considéré comme co-lauréat de ce prix Nobel.

  • 14 octobre 2009 à 09:49 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    OBAMA était présenté « PRIX NOBEL DE LA PAIX » pendant qu’il était « candidat » à la Maison Blanche.....Peut-être pour renflouer sa caisse de « campagne électorale »

    • 14 octobre 2009 à 10:28 | elena (#3066) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      OBAMA (le bâtard africain comme dirait un certain B.....cher à nos forums) prix Nobel de la paix, c’est seulement une consécration pour ce qu’il est et ce qu’il représente et non pour ce qu’il va faire et qu’il n’a pas accompli mais c’est quand même une sacrée reconnaissance !!

      Le mérite t-il ? En tout cas, cela se rajoute à son charisme.

      Mais le système de nobélisation est un peu dévoyé.

      Ceci dit dans la catégorie « tout fout le camp » : à quoi ça sert de trimer,de s’engager, de passer des années d’études et de recherches quand des cancres peuvent avoir le pouvoir(et les sous qui vont avec !)

      J’en veux pour preuve l’ascension d’un Jean Sarkozy (le fils de son père) futur président du CA de l’EPAD à Paris, budget 115 millions d’euros. Son CV : 23 ans, Bac+2 de droit fait en 4ans,en politique depuis 2 ans. S’il ne s’appelait pas Sarko,je doute qu’avec un CV pareil,il aurait eu ce poste.

      Alors à côté,notre cancre national !!

      Voilà qu’elle est la gestion de la France !c’est ce qui nous attend puisqu’ on assiste à un retour en force de la France à Madagascar,geopolitique oblige.

    • 14 octobre 2009 à 10:53 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à elena

      elena !!!

      Jean SARKOZY n’est pas seulement le fils de Monsieur le Président de la République Française Nicolas SARKOZY ,il est aussi le « CLAN » des corses de la « DYNASTIE » de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale « P....TI ».

      La valeur n’attend pas le nombre des années.Pour ne pas vous decevoir,elena,ce jeune « HOMME » ira très,très loin,même sans l’aide de son père.IL EST NE DANS LA POLITIQUE avec les avantages et les inconvénients.C’est un milieu que je connais parfaitement !!!!

      Basile RAMAHEFARISOA

      Basile R.2(22)ramahefarisoa

    • 14 octobre 2009 à 11:25 | elena (#3066) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      Ah oui, effectivement s’il a en plus le clan des corses derrière lui !

      Entendu sur RFI,Jean Sarkozy s’est défendu en disant qu’il ne s’agissait pas d’expérience mais de légitimité politique et il l’avait cette légitimité.
      Ca me fait penser aux mots de quelqu’un d’autre !toujours national bien sûr.

      C’est un sujet très polémique en ce moment en France,alors je laisserai ce débat aux français,en tout cas,je suis curieuse de savoir dans la France de Sarkozy comment finit ce genre de débat sur le « népotisme »(que l’intéressé soit compétent ou pas)

    • 14 octobre 2009 à 11:43 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à elena

      elena !!

      Malheureusement,la FRANCE est entrain de « PERDRE » son âme petit à petit.Il faut tenir compte « des » minorités et « ON »OUBLIE LA MAJORITE DES VRAIS FRANCAIS

    • 14 octobre 2009 à 16:03 | nicoud (#1446) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      toujours aussi médisant et intolérant , ce Basile ; en plus il a du mal à reconnaître les gands hommes , ceux qui ont vraiment la carrure d’un homme d’état ; c’est vrai que Monsieur Basile ne connaît que l’acte militaire le plus odieux : le putsh .Dormez bien sur vous deux oreilles , que tous les ventres affamés des malgaches privés d’emploi à cause de votre putshiste ne vous culapabilisent trop !!!!

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS