La pose de la première pierre d’un nouvel édifice dans le Palais d’Ambohitsorohitra a laissé perplexe et dérouté plus d’un. Rehausser la fierté nationale en prônant l’architecture traditionnelle tout en modernisme certes mais s’adonner à certains rites païens pour un chef d’Etat, connu pour être vice-président de l’église FJKM, dépasse l’entendement.
Qu’a-t-on vu en effet ? Le président a procédé, si l’on peut dire à des incantations des ancêtres, tout en versant des quantités de lait et du miel. C’est comme qui dirait un « ombiasy » ou un « mpimasy » ou un « mpanandro » qui officie en aspergeant la pierre angulaire de lait et en l’oignant de miel. En tout cas, la cérémonie avait tout l’air d’une cérémonie de pose de la pierre angulaire à la traditionnelle. D’ailleurs, c’est une pratique encore courante pour la majorité des Malgaches de se soumettre à un tel rite quand ils construisent des maisons ou des tombeaux. Des chrétiens, catholiques ou protestants en font de même mais de manière discrète, ou dans l’intimité familiale le plus souvent.
Mais quand on se trouve en face d’un président qui n’a de cesse d’exalter les vertus de l’adoption de la foi chrétienne et les normes de la chrétienté, le « mpiandry », le fervent protestant et le catholique traditionnaliste sont choqués. Même celui qui vit dans la foi et la religion traditionnelle est surpris. Il est étonné. Il aurait toutefois aimé que le président utilise l’alcool ou le « toaka gasy »ou le rhum à la place du lait. Toujours est-il que les pratiquants de la religion des ancêtres ne comprennent pas. Car jusqu’à présent, le président n’a donné aucun signe à leur endroit. Plus, il ne semble faire que peu de cas des autres religions.
Doit-on alors penser que les rumeurs sur des supposées pratiques idolâtriques ou spirituelles de chefs d’Etat sont ici vérifiées ? Le président Ratsiraka en son temps a été victime de folles rumeurs de la sorte et une grande salle où il aurait l’habitude de se retirer pour se ressourcer avait été prise comme un sanctuaire diabolique.
