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Egypte / Tunisie : Six mois après, où en sont les révolutions ?

jeudi 28 juillet 2011

(MFI / 26.07.11) Il y a six mois, deux peuples de la Méditerranée déclenchaient une vague de contestation dans le monde arabe et renversaient leurs dirigeants, qualifiés de dictateurs. Aujourd’hui, les manifestants ont repris possession de la Place Tahrir au Caire et de la Casbah à Tunis. De nouveau, les affrontements se multiplient entre les forces de l’ordre et des manifestants. Et la police a repris les vieilles méthodes de répression des rassemblements. Aux yeux des contestataires, les choses ne vont pas assez vite : des élections dont les dates ne sont pas encore fixées, un remaniement ministériel sans cesse reporté.

L’issue politique est toujours incertaine dans les deux premiers pays arabes à avoir renversé leurs dictateurs. En Egypte, les manifestants ont de nouveau déployé leurs tentes, au Caire, sur la Place Tahrir. Ils exigent rapidement les réformes politiques promises par le Conseil suprême des armées, et des élections. Six mois après la chute de l’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, la violence a aussi repris ses droits dans les rues de Tunisie. Le 17 juillet, un jeune homme est mort après avoir reçu une balle perdue dans la ville symbole de Sidi Bouzid, d’où la révolution tunisienne est partie. Deux jours auparavant, à Tunis, la police avait donné l’assaut contre la mosquée de la Casbah où s’étaient réfugiés des manifestants. La capitale est le théâtre de violences de petits groupes de casseurs dont nul ne sait s’ils sont membres de l’ancien parti au pouvoir (Rassemblement constitutionnel démocratique, dissous aujourd’hui) ou s’ils appartiennent à des mouvances islamistes extrémistes.

Un des points de friction communs : l’impunité

En Tunisie comme en Égypte, un des points de friction est l’impunité de certains membres de l’ancien régime. Les manifestants de la place Tahrir, au Caire, dénoncent l’absence de poursuites contre les acteurs de la répression. Récemment, le ministre égyptien de l’Intérieur a nié l’existence de tireurs embusqués sur les toits lors de la révolte populaire, ce qui a mis hors d’eux les manifestants. « Il ment, lance Héba, une jeune opposante indépendante, revenue camper Place Tahrir. Un des assassins, qui a tué presque 40 de nos martyrs à Alexandrie, a reçu une promotion. Où est la Révolution ? Nous voulons la justice. Lorsque nous sommes venus ici le 25 janvier, nous avons dit « liberté, dignité et justice ». C’étaient ça nos slogans. »

Dans les deux pays, cette soif de justice exprimée par ces jeunes côtoie la soif de reconnaissance de certaines formations politiques. Les dates des élections ne cessent d’être repoussées, notamment parce que certaines formations politiques ne s’estiment pas prêtes face à des partis bien rôdés comme la confrérie des Frères musulmans en Égypte. L’audience du parti islamiste Ennahda, en Tunisie, est nettement inférieure à celle des Frères en Égypte. Mais Ennahda n’en finit pas de faire parler de lui, suscitant parfois l’inquiétude. Ce 18 juillet, lors de sa conférence de presse, presque tous les Tunisiens ont compris que le Premier ministre, Béji Caïd Essebssi, visait Ennahda lorsqu’il accusait « certains partis » d’entretenir les troubles pour retarder l’élection de l’Assemblée constituante en octobre. Le parti présidé par Rached Ghanouchi a vivement nié cette accusation.

Les islamistes, toujours sujets de méfiance

Interdite vingt ans durant, la formation islamiste tunisienne ne présume pas de son poids politique au Pays du jasmin. À l’en croire, Ennahda adhère parfaitement au modèle démocratique pluraliste et demande à être jugé sur ses actes et son programme politique. « Ce qui nous préoccupe le plus, c’est de peser par la qualité de nos propositions et non par le nombre, explique Nourredine Bhiri, membre du bureau politique. Dans cette étape cruciale qu’est la transition démocratique, le pays n’a pas besoin de parti fort, dominant. Il a besoin de formations avec des propositions fortes pour régler les problèmes sociaux. Les Tunisiens souffrent de la situation sécuritaire, politique, économique, sociale. »

Sur la place Tahrir, au Caire, où les contestataires ont repris quartier, les voix, chaque jour plus déterminées, dénoncent le dialogue de sourds avec le gouvernement de transition, et son remaniement toujours repoussé. Tous attendent que le Conseil suprême des armées cède sa place aux civils. « Quand les élections auront-elles lieu ? On n’en sait rien, s’indigne Héba, la jeune militante indépendante. On ne nous entend pas ! C’est exactement comme sous Moubarak. On veut que cette période de gouvernement militaire se termine ! » La période transitoire semble interminable aux manifestants qui ont précipité la chute de leurs dictatures. Les jeunes de Tunisie et d’Égypte apprennent chaque jour combien est long le chemin vers l’instauration d’une démocratie. Leur retour sur les lieux qui ont vu le déclenchement de la révolte témoigne que leur persévérance et leur vigilance aussi est sans limite.

Aabla Jounaïdi

11 commentaires

Vos commentaires

  • 28 juillet 2011 à 09:28 | mpitily (#1212)

    Et voilà le résultat ! en fait, nous n’avons rien à envier aux Tunisiens et aux Egyptiens actuellement sauf que leurs nouveaux dirigeants ont eu la reconnaissance de la CI ! Quel camouflet pour la CI !

    Si la CI avait eu la sagesse d’accepter le changement de régime à Mada et de l’accompagner vers une sortie de crise rapide tels que l’avait préconisé l’ICG (et tels que la CI avait fait aux Honduras et au Niger), notre crise serait résolue depuis belle lurette et ce, sans ces sanctions économiques aussi injustes qu’inappropriées. Maintenant on s’enlise à cause des bêtises de ZRRR certes, mais aussi à cause des erreurs de la CI. Cette dernière aura-t-elle assez d’humilité et de bon sens pour faire marche arrière ?

    Pauvres de nous ! A bas le GIC(-Madagascar), vive l’ICG !

    Mpitily

    • 28 juillet 2011 à 12:22 | HINDY (#1781) répond à mpitily

      Autrement dit mpitily préfère les situations en Egypte et Tunisie par rapport à Madagascar. CàD il n’y a pas encore assez de mort ?

    • 28 juillet 2011 à 13:30 | mpitily (#1212) répond à HINDY

      Vous me lisez trop vite ou ??? ai-je écrit que je leur envie ? pas du tout ! je déplore seulement que la CI n’ait pas à Mada agi comme elle a agi là-bas ainsi qu’aux Honduras et au Niger. Est-ce parce que les malgaches sont trop dociles ou parce qu’il n’y a pas eu assez de morts à ses yeux ?

      Avez-vous lu au moins les propositions de l’ICG ? Je n’en ai pas trouvé de meilleures à ce jour ! Même la fameuse solution malgacho-malgache tant prônée par les mpitady seza ne vaut pas mieux car donne uniquement la part belle à nos politicards.

      Mpitily

    • 28 juillet 2011 à 13:34 | leamsii (#5854) répond à mpitily

      Mpitily> Je ne suis pas d’accord, les malgaches (le peuple, les dirigeants, l’opposition, tous les malgaches y compris moi même) sont responsables du status quo qu’il y a à Mcar. Il n’est pas à la CI de nous offrir une solution sur un plateau d’argent mais c’est à nous proposer quelque chose de viable et la CI appuierait par la suite. Les tunisiens ont quitté leur village par milliers, installer des tantes au siège de l’assemblée nationale et revendiquer leur droit et ils vont recommencer tant de fois que nécessaire. Nous, malgaches, nous n’avons pas la culture de responsabilité, nous nous contentons de chercher la cause ailleurs, d’accuser les autres et se plaindre que c’est la faute à la mal chance. Faut que ca change et le rôle des médias est capital dans ce changement de mentalité. Alors, moi je pense que nous avons TOUT à ENVIER aux tunisiens et aux égyptiens.

      leamsii
      En amour comme a la guerre, tous les coups sont permis

    • 28 juillet 2011 à 13:47 | hrrys (#5836) répond à leamsii

      Je suis entièrement de la même avis que vous. La CI fait la loi dans ce monde et elle même l’exécute gouvernement et à la fois parlementaire
      du monde .C’est elle qui fait la pluie et le beau temps.Malheureusement
      Madagascar est entré dans ce foutu sous région SADC

    • 28 juillet 2011 à 14:31 | mpitily (#1212) répond à leamsii

      Je ne vous comprends pas ! est-ce la CI ou les malgaches qui bloquent la situation actuellement ? Pourquoi la CI n’avait pas imposé une transition inclusive et consensuelle et cette histoire de 4 mouvances dans les pays sus-cités ? Pourquoi la CI était-elle prompte à reconnaitre ces gouvernements insurrectionnels ou putschistes, et à débloquer des fonds pour leur permettre de s’en sortir rapidement mais pas à Mada ?

      Il y a un statu quo à Mada car la CI s’évertue à nous exiger des conditions qu’elle n’a pas exigé ailleurs.

      La seule chose que j’envie aux Tunisiens c’est la reconnaissance internationale qu’ils ont eu facilement et rapidement malgré le putsch réussi contre le président élu démocratiquement.

      Mpitily

    • 28 juillet 2011 à 20:23 | leamsii (#5854) répond à mpitily

      Président élu démocratiquement, pas si sûr. La Tunisie vient de sortir de 23 années de dictature. Et contrairement à Mcar, c’est un soulèvement populaire qui a renversé le pouvoir et non des partis politiques. Après, ces deux pays ont dû remplir une certaines conditions avant d’être reconnus par la CI, entre autre, la tenue des élections en moins d’un an, les militaires ne se sont pas mêlés de la politique. Ce que j’essaie de dire c’est que, avant que nous fassions des reproches à la CI, nous devrions commencer par respecter la règle du jeu nous même.

    • 29 juillet 2011 à 09:33 | mpitily (#1212) répond à leamsii

      Leamsii,

      nous n’allons pas refaire le débat sur les similtudes et l’antériorité de la crise malgache avec celle de la Tunisie et de l’Egypte.

      Quoi qu’on dise, même les crise tunisiennes et egyptiennes ne sont pas identiques mais similaires.

      Tout comme chez nous et chez eux, l’armée a d’abord été du côté du président élu et réprimé les manifestants jusqu’au jour où celle-ci a jugé que le président élu démocratiquement a dépassé les bornes. Le président élu a alors vite fait de déguerpir une fois que l’armée a commencé à ne plus être solidaire derrière lui, n’est-ce pas ?

      Cessez donc de mentir en disant que l’armée ne s’est pas mêlée de la politique chez eux et que les tunisiens et les egyptiens ont respecté les règles mais pas nous ! de quelles règles d’ailleurs ? des élections ? des retours du président fuyard au pays et à son poste ?

      Ce sont les zanak’i dada qui enviaient les tunisiens parce qu’ils rêvaient d’un putsch similaire (réussi et reconnu et aidé par la CI) pour botter le derrière de Rajoelina et faire revenir au pays leur dada alors que Ravalo = Ben Ali = Moubarack = président élu démocratiquement et reconnu par la CI depuis belle lurette mais renversé par un putsch.

      Mpitily.

  • 28 juillet 2011 à 13:34 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Voilà deux pays qui n’ont rien à faire avec la B.M ou/et le FMI.

    Maintenant,ils vont être dans le « panier » des assistés.

    • 28 juillet 2011 à 18:57 | Stomato (#3476) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      Voila deux pays qui savent surtout que seuls ils ne peuvent pas s’en sortir.
      Ils savent qu’ils ont besoin de :
      a) Des clients à l’international. Ils savent respecter la parole donnée et les délais promis. Ils acceptent d’êtres formés aux normes de qualité dans tous les domaines. Ils viennent se former en Europe, et attirent des Européens chez eux pour apprendre.

      b) Des touristes. Ils ont besoin des touristes qui font vivre.
      De nombreuses actions commerciales sont faites tout au long de l’année pour attirer les touristes.
      Bien entendu le voyage pour la Tunisie ou l’Égypte est très différent de celui pour Madagascar. Mais tout se passe comme si pas grand chose n’était fait à Madagascar pour attirer les touristes.

    • 28 juillet 2011 à 19:48 | DIPLOMAT (#846) répond à Stomato

      Bonjour Stomato,

      J’ai eu la chance de visiter recemment les 2 pays.
      Les Tunisiens sont trés fiers de leur revolution.
      Et ils ont raison.
      Ils ont obtenu le départ de toute l’ancienne classe politique, et n’ont accepté aucun compromis à ce propos.
      La seule chose aujourd’hui que nous pouvons constater est que le tourisme n’est pas encore au rendez vous (malgré une reprise trés timide), et que les élections avec 93 parties politiques se font dans la fébrilité .
      A noter également une hausse de la délinquance, voire de grand banditisme, certain confondant liberté et liberticide.

      Pour l’Egypte, c’est bien différent et croyez moi, ce n’est pas gagné.
      En effet, le peuple a manifesté et obtenu le départ du Président, la Général Moubarak. Mais ce départ n’a pas pour autant evincé l’armée du pouvoir . Hors il existe une rél méfiance du peuple vis à vis de cet instution. D’abord parceque l’armée reçoit 3 milliard de Dollar des USA par an, afin de garantir la paix avec l’etat hébreux, mais surtout, parceque cette armée s’est montrée absolument incapable de régler la précarité de l’economie Egyptienne.
      De plus les méthodes de torture trés répendues dans l’armée ont crée une cicatrice indélibile entrele peuple et son armée.
      Enfin, un trés grand nombre d’Egyptien travaillait autrefois en Arabie Saoudite . Ils rentrent aujourd’hui en Egypte et ont refondé le parti des frères Musulman. Un parti extrèmiste particulièrement dangereux et à l’origine d’une centaine d’attentats suicides, dont celui de Luxor de Sharm el Sheikh .
      A noter que le tourisme n’a pas du tout repris.
      La révolution laisse donc là bas un goût d’inachevé , et l’avenir des Egyptiens, avec un tourisme qui n’a pas du tout repris.
      L’avenir proche de l’Egypte demeure préocupant.

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