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Editorial

Des vertus de la perte d’illusions

mardi 24 novembre 2009 |  2208 visites  | Patrick A.

Bien que le cirque politique auquel l’on assiste actuellement soit presque divertissant (le mot «  presque  » est à prendre avec pas mal de distanciation), l’on ne perdra pas de vue que la seule justification de toute ces gesticulations du moment reste l’organisation d’élections.

Si la population malgache est jeune, elle commence à accumuler une expérience impressionnante en matière d’idylles électorales. Têtes bien pleines, gueules bien faites, mises bien étudiées, accessoires de luxe bien mis en évidence, bluettes bien chantées : on aura tout vu, tout connu, tout entendu.

On peut donc s’inquiéter à juste titre du taux de participation à ces futures élections. Plus que du nom du vainqueur, la classe politique dans son ensemble, et tous ceux qui attachent une certaine importance à la démocratie devront s’intéresser à cet indicateur qui conditionnera la légitimité de l’action politique. Même si les élections étaient organisées dans des conditions parfaites de respect des règles démocratiques, une participation populaire médiocre entamerait fortement la crédibilité des futurs dirigeants aux yeux de la population et de la communauté internationale.

Même s’ils étaient largement élus et de la meilleure manière possible, les hommes nouveaux (qui risquent fort de ressembler à des hommes anciens) ne pourront se contenter de mots et de promesses. Ils ne pourront en aucun cas espérer un soutien significatif de la communauté internationale sans radicalement s’attaquer aux maux qui minent le pays, et notamment à sa gouvernance. Ce problème là persiste, et précisons ici qu’il n’est nullement question d’évacuer la question en cherchant quelque bouc émissaire, comme tendent à le faire les politiciens malgaches en période « chaude ». Le pillage des ressources naturelles et la zizanie qui font aujourd’hui parler de Madagascar dans la presse internationale ne sont que la conséquence de la corruption et du népotisme qui empoisonnent la vie quotidienne des malgaches depuis des dizaines d’années, voire depuis deux siècles.

Aux yeux du monde occidental, le scénario de voir Madagascar devenir un failed state ou un rogue state n’est pas complètement impossible. Cette salutaire prise de conscience n’est pas pour le Malgache une aussi mauvaise nouvelle que cela. Pour la première fois depuis bien longtemps, les exigences des bailleurs de fonds pourraient être suffisamment élevées pour qu’elles coïncident avec les intérêts de la population.

Il n’est pire danger pour un pays que des bailleurs de fonds qui disent aux dirigeants : « Nous comprenons vos difficultés ». Cela amène à détourner inconsciemment les yeux de bien des pratiques, voire à tolérer longtemps le maintien de comportement prédateurs et d’habitudes de corruption ou de mauvaise gestion qui hérissent les cheveux du simple quidam.

Les bailleurs de fond n’ont en général rien vu venir à l’approche des différentes crises politiques malgaches. Depuis quelques années, à l’instar des accords de Cotonou pour l’Union Européenne, le discours officiel des bailleurs de fonds est de prendre davantage en compte la société civile, d’écouter celle-ci pour déterminer les attentes, mettre en valeur sa participation et apprécier les risques. Mais comme au sein de ces organisations internationales, l’efficacité de l’action reste essentiellement évaluée au travers du rythme des décaissements, la tentation reste forte de choisir les interlocuteurs qui disent ce que l’on souhaite entendre, et des mécanismes de prévention semblent autant à inventer en 2009 qu’en 1960.

Les dirigeants issus des futures élections n’auront peut-être pas grande légitimité, mais il y aura forcément des dirigeants, ne serait-ce que par raison de nécessité. Et la nécessité peut être transformée en légitimité par la preuve d’un travail authentique. La pression combinée de la population et de la communauté internationale ne sera pas de trop pour cela.

5 commentaires

Vos commentaires

  • 24 novembre 2009 à 08:52 | georges Rabehevitra (#3099)

    Cher Patrick,

    Je disais il y a quelque temps que les bailleurs sont toujours en train d’hésiter entre la non implication à priori, pour ne pas être accusés d’ingérence, et l’intervention obligée à postériori.

    Vous avez raison de dire qu’ils doivent dorénavant plus être vigilants et moins diplomatique quant à leurs interventions. Après tout, l’argent qu’ils donnent sont l’argent de leurs contribuables, à qui ils doivent rendre des comptes.

    Quant à nous malgaches, nous devons rester en permanence vigilants et n’hésitons pas à dénoncer toute dérive, d’où qu’elle vienne. C’est cette participation citoyenne qui est une des clés du développement de notre vie politique.

    Bon courage alors à nous tous

    • 24 novembre 2009 à 13:30 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à georges Rabehevitra

      Pour une fois,je partage quelques suggestions ou remarques de Georges Rabehevitra.

      Juste,une petite remarque « sur l’argent de leurs contribuables ».En politique étrangère,les contribuables n’ont rien à dire.ILS SUBISSENT !!

      Basile RAMAHEFARISOA

  • 24 novembre 2009 à 09:55 | Mihaino (#1437)

    Un vrai divertissement pour nos hommes politiques et nos hauts responsables qui n’amuse pas du tout LE VRAI PEUPLE MALGACHE qui continue à survivre voire VIVOTER...

    La population des 22 régions attend les ELECTIONS dans les plus brefs délais ?!

    Au lieu de gesticuler et de promettre des actions irréalistes et irréalisables, les ministres actuels devraient donner leur rapport d’activités et nous verrons bien si leur bilan est positif ou négatif...

    Notre Premier Ministre de Transition a l’embarras de choix pour constituer son GVT puisque des MALGACHES COMPETENTS et DEVOUES EXISTENT...
    Il doit se DEBARASSER de ces anciens cadres incompétents et improductifs malgré leur appartenance à une famille politique ou leur lien de parenté avec les vieux politicards célèbres A,R ou Z ....

    L’UNITE et le DEVELOPPEMENT de notre cher PAYS sont des priorités pour éviter un chaos inutile et dangereux.

    VIVEMENT LES ELECTIONS et QUE LE MEILLEUR GAGNE !!...

  • 24 novembre 2009 à 10:18 | da fily (#2745)

    Faudrait peut-être déja arriver à mettre sur pied ce fichu gouvernement.

    Les bailleurs doivent se mordre les oreilles en pensant à ce qu’on demande aux Malagasys : pensez ! constituer un gouvernement composé de 4 mouvements ! On n’a jamais vu pareille sélection, comment voulez-vous que cela puisse un jour se faire ? Ceux qui ont pondu cette soi-disant vertueuse exclusivité en sont pour leur frais, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, encore une fois.

    Je ne pense pas que le peuple puisse avoir ni la clairvoyance nécessaire, ni la philosophie acerbe en ce moment pour savoir comment retirer de la vertu de ce fatras qui s’enlise et l’entraîne avec lui.

    Entrer en comparaison avec la Guinée de Daddis Camara peut-il être vertueux aujourd’hui ?
    Même putsch et même entêtement à conduire la transition tout en tricotant les règles et a brâmer en faisant du sur-place ! La désillusion précède la résignation qui sont des préambules à de bien sombres sentiments. Si ces hommes et femmes politiques font toujours minent de ne rien voir venir, le peuple va s’en prendre à son prochain, gare aux dommages que provoquera le désespoir !

  • 24 novembre 2009 à 13:09 | meloky (#637)

    People have expressed their options from early 2009.

    The world has understood the case and the reason why drastic movement has happened to the island !!!
    Politicians of various objectives want to line up to share their so-called experiences (in ady seza) and ideals to the young famous movement leader, to undermine his stand to « save » the situations.
    Hooooooooh !!!!!!! due to the hypocritical « Fihavanana » that offers up a covered bombshelling now things become like a crystal clear.
    Those « political unions in terms of »mouvances" seem to lead the country into deep havoc, and effective massacre to their own populations ; this will really come to happen !!! while it has already happened through the impoverishing and undernourishing state of the every layer of the communities : look the city dwellers and the countryside citizens, they are terribly live under 0,1 dollars a day ! Horrible !!!!!
    They (fake politicians) think they are the most experienced and capable to turn around the situations, but AS WE NOW SEE THEM (they are inside the legal institutions) AS DOUBLE EDGED-SWORDS TO KILL US ALL.

    Really, you guys (politicians) if you do not dare to work together with the current in action members of government, better be quiet and go to bed and wait for the coming and famous transparent and fair elections that have been promised to be hold in a year time. In that time, you invite your sister, bro, and whosoever you think to have a clean and sparkling eyes to scrutinize the elections. Accept or do likewise the lesson from 2002 on whatsoever results they may be.

    BECAUSE WHAT YOU GUYS DOING AT THIS MOMENT IS FEEDING THE CITIZEN A BURNING AND LIGHTING FOOD THAT KILLES THE NATION, LET ALONE THE SITUATIONS OF « FAILED STATE » YOU SELL FROM MAPUTO TO ADDIS AND BEYOND IN NEW-YORK AND SO ON.....

    NOW WE « THE PEOPLE » KNOW THAT WHAT THE RESTS ARE DOING IS TO ACCELERATE THE SELF-DESTRUCTION OF THE NATION CALLED MADAGASCAR : IT IS A SHAME FOR ALL OF YOU claimed to be « POLITICIANS VANDENDAKA ».........

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